Moi, le rugby et les autres...

9.

Sur le chemin, je laisse mes pensées vagabonder ici et là au rythme des tubes de Mika et Ed Sheeran. J'ai besoin de ma dose de Pop et de folie. Les remarques désobligeantes et, malgré tout, réalistes de mes camarades m'ont un peu trop touchée. Lorsque je rentre dans la salle du café, je suis en pleins « Emily » et j'ai totalement oublié que des gens pouvaient être vivants autour de moi. Je tourne la tête en direction du petit salon et là c'est le choc ! Qu'est-ce que Thomas et Romain font au club lecture ?! Mais ce n'est pas possible, ils vont nous coller tout le temps maintenant ?!

« Willie !! Crie mon amie à mon intention. Je suis trop contente que tu aies pu venir !

_Tu m'expliques ce qu'ils font ici ces deux-là ? Je demande en pointant du doigt discrètement les deux rugbymen. C'était trop compliqué de me prévenir ?!

_Du calme ma belle, c'est Romain qui voulait venir pour passer du temps avec moi et Thomas n'avait à priori rien de « mieux » à faire, m'explique-t-elle en liant geste à la parole. Tu peux faire un petit effort pour moi, s'il te plaît ?

_Tu ne m'avais pas dit que toi et Romain c'était à ce point sérieux. Et moi qui croyais que tu venais aux entraînements pour Thomas, j'étais grave à côté de la plaque ! Je bougonne contrariée par son silence.

_Ne m'en veux pas, c'est juste que je ne savais pas si ça pouvait être réaliste alors je préférais le garder pour moi. Mais maintenant qu'il m'a invité au bal, je me sens soulagée.

_Bon très bien, j'opine satisfaite de sa réponse, alors je reste. »

Je vais m'assoir sur un canapé à l'opposé des garçons et fait comme si je ne les avais pas vus. Evidemment, Thomas se lève et vient à ma rencontre.

« Ne te sens pas obligée de venir me saluer, j'ai l'habitude de passer inaperçu et ça me va très bien, je l'attaque directe.

_Ça te dérange de venir dehors deux secondes ? Me demande-t-il sérieusement. Il faut qu'on discute.

_Euh... je bredouille, prise au dépourvu par son étonnante sévérité. Oui j'arrive. »

Je le suis jusqu'aux tables en terrasse et nous nous asseyons. Son regard me transperce comme s'il cherchait quelque chose à tel point que j'ai l'impression d'être nue devant lui. Finalement, il brise le silence.

« Bon maintenant qu'on est que tous les deux, tu m'expliques ce que je t'ai fait pour que tu me parles sans arrêt comme à un chien ?! »

Je suis bien incapable d'ouvrir la bouche tellement ses mots m'ont fouettée violement le visage. Je baisse les yeux gênée et tire sur le sweat trop grand de mon frère pour essayer de me faire disparaitre dedans. Que faire quand le mec que vous admirez le plus, pense que vous le détestez ? Et surtout que faire quand vous ne voulez pas que ce garçon sache qu'en fait vous ne le détestez pas... ?

« Tu as perdu ta langue ou c'est que j'ai réussi à te faire taire, dit-il un léger sourire au lèvre. »

Je veux fuir car c'est inévitable que je m'embourbe si je reste assise en face de lui pendant qu'il me sermonne. C'est mon camarade, mon coach et je ne veux surtout pas avoir ce genre de conversation avec lui. Je me lève mais il m'attrape le poignet au passage. Dans le mouvement, il se lève également et vient se placer juste devant moi. Seuls quelques minuscules centimètres nous séparent.

« Will, tu ne vas pas te dérober, c'est bien trop simple, m'explique-t-il calmement. Nous ne partirons pas d'ici tant que tu n'auras pas répondu à ma question. Je pense que tu fais ça pour de mauvaises réponses et ça m'ennuie.

_Tu peux penser ce que tu veux, je n'ai pas de compte à te rendre Thomas, je réponds froidement espérant ainsi qu'il abandonne.

_Un peu quand même. Si tu m'ignorais encore ! Mais ce n'est même pas le cas et il faut toujours que tu répondes en étant sur la défensive, continue-t-il. Admettons que tu ne m'apprécies pas, est-ce qu'au moins tu pourrais être cordial avec moi ? On va être amené à se côtoyer d'avantage si ces deux-là sortent ensemble et je trouve ça nul qu'on ne puisse pas avoir une conversation sans que tu t'énerves.

_Je n'ai juste pas l'habitude de parler avec vous.

_Nous qui ? Les rugbymen ?! Tu pratiques ce sport depuis cinq ans, je ne pense pas que ce soit nous le problème.

_Non, vous, les gens populaires ! Je lâche. C'est facile pour toi tu te fonds n'importe où, mais des gens comme moi sont exclus volontairement et la seule chose que je demande c'est qu'on me laisse tranquille dans ma « non-popularité. Tu comprends mieux ?! »

Il a l'air choqué par mes propos, comme si je venais de lui apprendre que la terre était ronde. Enfin techniquement elle ne l'est pas tout à fait mais je vais vous épargner ce chapitre. Son expression se détend et son corps prend une pose moins agressive.

« Je veux rentrer Thomas, on n'aurait même pas dû avoir cette conversation, je conclus en le décalant « gentiment ». »

Je rentre dans le café où je vais me prendre un thé Earl Grey et me rassoir dans mon fauteuil. De tout l'après-midi, je n'aurai plus un seul regard pour Thomas.

***

Hello!

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Au plaisir de vous lire,

Mcie