Moi, le rugby et les autres...

40.

« Il faut que j'aille chercher Alice ! Je m'exclame en coupant court à notre échange. A plus tard. »

Je titube mais ne lui laisse aucune chance pour me rattraper. Je suis essoufflée et troublée par ce qui vient de se passer. Je prie pour que personne ne nous ait remarqués parce que ça n'aurait pas dû arriver. Je ne voulais pas que ça arrive...

« Hey ma copine de promenade chez la Proviseure ! M'interpelle Jordan, l'athlète. Il paraît que c'est à toi que l'on doit la victoire des mecs ?

_Euh oui il paraît, je lui concède succinctement. Tu n'aurais pas vu Alice, c'est mon amie, rousse, petite et un peu potelé ?

_Je crois que je l'ai vu près des toilettes.

_Merci Jordan, je te revaudrai ça, je lui promets consciente que je ne mérite pas forcément sa gentillesse. »

Après avoir tourné pendant une demi-heure, je finis par perdre espoir. L'alcool commence à retomber et la fatigue aussi mais je ne peux pas partir sans savoir si Alice rentre avec moi ou non étant donné que je suis sensée dormir chez elle. J'aperçois Jeff en train de chercher quelqu'un du regard et je mettrais ma main à couper que c'est moi la personne en question ! Je me baisse brutalement et cherche un coin où je peux passer inaperçu. Certes nous nous sommes embrassés et ça avait l'air de compter pour lui. Cependant, je ne suis peut-être pas une grosse fêtarde mais je connais sa réputation avec les filles et elle n'est pas très glorieuse. Je sens mon portable vibrer dans ma poche et je me rappelle que je l'avais sur moi depuis le début. Qu'est-ce que l'alcool et les garçons peuvent me rendre complétement débile ! J'ai clairement perdu mon temps pour rien. C'est un appel d'Alice.

« Allo ? Je te cherchais justement, je lui indique avant même de l'écouter.

_Wil... Je ne t'entends pas bien, je suis sur la terrasse et c'est en train de dégénérer ! Elle hurle dans le combiné.

_Je suis à l'intérieur, ne t'inquiètes pas, je suis à l'abri.

_Non, viens vite dehors, je crois que ça te concerne ! »

Elle me raccroche au nez ne me laissant pas le temps de répondre. En effet, la salle principale est en train de se vider et un boucan se fait entendre à l'extérieur.

« Une baston ! Une baston ! crient les jeunes autour de deux boxeurs. »

Il y a du monde et je n'arrive pas à voir le visage des deux garçons. Et pourtant, je n'aurai pas eu ce mauvais pressentiment si Alice ne m'avait pas dit que ça ne me concernait pas... J'arrive à me glisser entre les personnes et fini par arriver au premier rang. Le public ricane et se fait des paris sur qui va gagner et qui va perdre. Je ne peux pas intervenir, sinon tout le monde va comprendre et je vais devoir sortir de mon anonymat. Ils s'infligent des coups d'une rare violence et le sang coule. Je me résigne à faire demi-tour quand la voix de Jeffrey m'interpelle.

« Tiens la belle, tu tombes bien ! Dis-lui toi que l'on s'est embrassé, il ne veut pas me croire ! »

Je n'arrive pas à parler, le visage ensanglanté de mon ami et la peine que je vois dans ses yeux me donne aussitôt la nausée. Sans compter sur la honte que je ressens par l'annonce publique de Jeff concernant mon intimité.

« Thomas, ce n'est pas ce que tu crois. »

Je m'approche de lui pour lui attraper la main mais il change d'attitude et adopte une posture agressive.

« Tu as raison Wilhelmina, ce n'est pas ce que je crois, tu as bien caché ton jeu. Tu ne vaux pas mieux que toutes ses filles et je te remercie de m'avoir ouvert les yeux.

_Thomas, s'il te plaîtattends ! Je crie quand il me dépasse pour partir me laissant seule avecma honte au milieu de tous ces gens. »