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Nous arrivons au stade avec 2h d'avance car je ne voulais pas non plus que les filles pensent que je les avais lâchés au point de ne pas être avec elle à l'avant-match. C'est un des moments les plus importants de la journée et un de ceux que je préfère.

« Je vais aller dans le club house regarder un film ou une émission, m'informe mon petit frère. Je te laisse avec tes copines et ne t'inquiètes pas je ne suis pas loin si besoin.

_Ok, à toute à l'heure, je dis en l'embrassant sur le front. »

Avant de me rendre dans les vestiaires où je pense trouver les copines, j'envoie un message à Julien.

Moi : Tu es où, tu as découché petit cachotier... ? Au stade avec Clem tu vas venir ? Bizs

Je range mon téléphone et commence mon chemin. J'adore cet endroit. Quand j'ai commencé le rugby, j'avais l'impression qu'ici plus rien ne pouvait m'arriver. C'est comme si je laissé la frêle jeune fille de 13 ans à la porte et que la guerrière se révélait. Probablement que j'aurai pu trouver cette sensation dans la boxe ou dans un autre sport de combat mais mes origines ont choisis pour moi. J'emprunte le grand couloir blanc couvert d'innombrables tâches de sang et de terre que les joueurs ont laissé sur leur passage pendant de très très nombreuses années. Ça sent l'herbe séché comme à la campagne. Des photos des équipes, anciennes et actuelles, viennent compléter le décor rustique de l'endroit. Je m'arrête face à l'une d'elle, ma préférée sûrement. On y voit de jeunes garçons d'une quinzaine d'années environ se tenant les épaules et regardant leur capitaine levant le trophée. Comme à chaque fois, je suis émue par l'innocence de son regard face à la victoire et à l'amour que lui porte son équipe. Un des garçons en particulier l'enserre avec puissance. Et sur le côté, en second plan, je suis là dans ma jupette rose bonbon et mon nœud dans les cheveux. Je sourie béatement, avec une fleur dans les mains. En y repensant, je me remets à sourire et je rejoue la scène dans mon esprit.

Mon frère, Arthur et son équipe viennent de gagner le championnat de sa catégorie. Il est heureux comme jamais il ne l'a été car c'est un tremplin exceptionnel vers le professionnalisme. Un autre garçon, environ mon âge et au physique déjà saillant, s'approche de moi et me tend une fleur.

« C'est pour la sœur du capitaine, il me dit gentiment avant de repartir. »

Comment pourrais-je un jour oublier ses yeux, les mêmes que son frère sur la photo mais en beaucoup plus expressifs. Ce sourire tendre et la franchise de son geste si inoffensif. Et oui, vous l'aurez très bien compris, c'était ma première vraie rencontre avec Thomas. La sonnerie de mon téléphone interrompt mes pensées. Le numéro du coach s'affiche.

« Allo ?

_Will, heureusement que tu réponds ! S'exclame Luc manifestement soulagé. J'ai croisé ton petit frère et j'aurais besoin que tu me rendes un service, est-ce que tu peux aller chercher les maillots dans l'annexe ?

_Euh...je bégaye, bien sûr, je vous les apporte au plus vite.

_Merci, on t'attend. »

Quel drôle de coup de téléphone, si anodin et pourtant si suspicieux en même temps. On va faire un truc, et si j'arrêtais de me prendre la tête pour des choses aussi insignifiante !?

Le local annexe est situé à 10 minutes de l'autre côté du terrain principal. Je me dépêche donc d'y aller pour ne pas faire trop attendre les filles qui ont besoin de concentration à cette heure-ci. Il y a beaucoup d'agitation mais rien de surprenant, notre équipe possède une renommée régionale et beaucoup de sponsors locaux en profitent. C'est une fois à l'intérieur du bâtiment que je me fige. Autour d'une table de réunion sont installés mes deux entraîneurs et leurs assistants ainsi que notre président, notre dirigeant et d'autres personnes que je ne connais pas. Mais qu'est-il donc encore en train de m'arriver...

Moi, le rugby et les autres...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant