22.

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Quand je sors des vestiaires pour me rendre tranquillement vers les salles de cours, Thomas et certains de ses coéquipiers semblent m'attendre. Je repense soud ainement à ma tenue beaucoup plus moulante que d'habitude et mes joues s'enflamment tandis que je baisse les yeux ne sachant plus quoi faire.

« On se retrouve devant la salle, à toute les mecs, annonce Thomas aux autres comme s'il voulait m'aider, conscient de mon mal être.

_Ça marche, a toute, et Willie ne nous le déprime pas cette fois-ci ! »

Le déprimer, moi ? On dit que les filles c'est compliqué mais celui qui a dit ça ne devait pas connaître le langage des « mâles » ! Au moins ça aura eu le mérite de me faire oublier mon embarras.

« Je te déprime ? Je demande à mon ami. Je ne veux pas être un boulet pour toi, tu peux vivre ta vie sans te préoccuper de moi...

_Will, on a déjà eu cette conversation et je n'ai pas changé d'avis, m'arrête-t-il. N'écoute pas ces idiots, ils ont rien compris à la vie, alors que nous si. »

Il se rapproche de moi et se baisse légèrement pour me déposer un bisou sur la joue. La sensation que me procure ce geste me met dans un état de désir et de malaise en même temps. Il me regarde attendant sûrement une réaction mais rien n'y fait si ce n'est les deux énormes plaques rouges que je dois encore avoir sur le visage. Je me recule d'un peu afin de souffler malheureusement pour moi, Thomas n'a pas l'air de vouloir abandonner et décide d'en refaire un pour se rapprocher.

« Thomas, s'il te plait, je le stoppe avec mon bras. On a philo et je ne dois pas arriver en retard.

_Euh...excuses-moi, je ne voulais...

_C'est bon ne t'inquiètes pas j'ai déjà oublié ! Je m'empresse de finir sa phrase. On y va ? »

Il jette un coup d'œil en direction de ma main et moi je fais mine de ne rien voir. Je n'ose pas lui faire remarquer que me forcer la main n'est absolument pas une bonne idée. Malgré le fait que l'idée qu'il puisse réellement s'intéresser à moi me procure une chaleur immense, je me sens de plus en plus oppressée. Je m'entends bien avec Thomas et je ne veux pas gâcher ce lien que l'on a quand on est tous les deux. Je suis face à un dilemme... Nous ne disons pas un mot sur le trajet de la salle de cours et ce n'est pas ce genre de silence agréable dont tous les livres parlent. Plutôt le genre de silence où tu aimerais bien que ta meilleure amie surgisse de nulle part ou alors qu'un prof t'interpelle dans les couloirs ou même ne serait-ce que la réception d'un sms pour te donner un peu de contenance ! Et encore, ce n'est rien comparé à ce qui m'attend quand j'arrive devant la porte de philosophie. Certes, tous mes camarades sont encore dans le couloir mais c'est bien le regard assassin de Charlotte qui me saisit en premier.

« Oh mes regardez-moi ça, « la princesse » a finalement autre chose que des sacs poubelles à se mettre sur le dos, ricane-t-elle méchamment. Tu es au courant que l'on voit tes tétons pointer ? »

Je sens les larmes prêtes à couler, et j'ai la gorge trop serrée pour pouvoir user de ma répartie. Je dois sortir d'ici ou mon cerveau va explose ! Je sens à côté de moi que Thomas s'est tendu et qu'il est sur le point de prendre ma défense. Pourtant, je ne souhaite pas qu'il le fasse, c'est en parti à cause de lui si je suis dans cette position et si Charlotte me hait.

« Et toi tu es au courant qu'on voit ta langue de vipère sortir chaque jour un peu plus de ta bouche, je lui balance non sans m'y être repris à deux fois pour avoir le courage de répondre. C'est que ta vie est trop ennuyeuse pour que tu passes le plus clair de ton temps à cracher ton venin sur moi ?! Alors maintenant, à moins que tu ne veuilles que je t'explose ton autre profil, je serai toi je m'arrêterai tout de suite !

_Je sais très bien que tu ne le feras pas, dit-elle en reprenant du poil de la bête, ma mère a parlé avec la Proviseur et apparemment tu es à deux doigts de te retrouver avec ces « cas soc » de Victor Hugo ! Perso, j'ai hâte que ça arrive !

_Je n'ai aucune envie de te faire cette faveur, je lui réponds sur un ton plus calme, et puis la prochaine fois qu'un mec te met un vent, n'essayes pas de te persuader du contraire parce que le résultat est le même. »

Sur ces dernières paroles, je lui coupe devant et vais m'assoir au troisième rang, ma nouvelle place attitrée. Pendant le cours, la prof passe son temps à regarder dans ma direction et à contourner mon bureau de deux ou trois mètres. A croire qu'elle a peur que je lui saute dessus comme une enragée, c'est vraiment n'importe quoi. Je profite des deux longues heures avec elle pour rédiger le fameux devoir que je lui avais promis avant qu'elle ne me vire. Lorsque la cloche sonne, je suis moi-même étonnée que ça se soit passé aussi vite.

« Madame, je sais que je ne me suis pas bien comportée hier, je m'excuse devant son bureau.

_C'est bien beau de venir à chaque fin de cours pour te confesser Will mais peut-être va-t-il falloir que tu grandisses un peu ! Me fustige-t-elle. J'ai bien vu que tu n'as encore pas écouté mon cours aujourd'hui.

_Bonne journée. »

Je pose le devoir sur le coin de son bureau et sors sans attendre une quelconque réplique désagréable. J'avoue avoir eu mon quota pour la journée...

Moi, le rugby et les autres...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant