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Sur la table de la cuisine sont disposés de nombreux mets tous plus appétissants les uns que les autres. Le dimanche chez les Lacourt, le petit déj c'est sacré ! J'ai le cerveau embrumé et la tête d'un zombie et il n'y a rien de tel qu'un bon repas pour effacer ces mauvaises ondes. Toutefois, avant de pouvoir en profiter, il va falloir que je brave le sermon de mes parents. Papa est en train de regarder ma mère sortir deux gaufres bien dorées du gaufrier. Plus de 30 ans d'amour et il la regarde avec autant de passion que dans leurs premières années.

« Bonjour, je prononce à voix basse espérant que rien ne se passe.

_Bonjour ma grande, me répondent mes parents à l'unisson. »

Je m'assois et me sert une pleine assiette.

« Willie, on tenait à s'excuser pour notre comportement d'hier matin. Tu nous as menti, c'est vrai, mais tu es rentrée saine et sauve et nous aurions due nous en contenter. On n'a pas le droit de te pousser à vivre ta jeunesse et en même temps de te punir dès que tu oses franchir une ligne. »

Mon père a dit ça avec une telle honnêteté que j'en suis prise au dépourvue. Après tout ce n'est pas eux qui font des bêtises, mais bien moi. Je suis celle qui, il y a encore deux semaines, se faisait un plaisir à répondre aux profs. Celle qui passait plus de temps dans le bureau de Madame Renom qu'en salle de classe. Celle qui au lieu d'essayer de se créer une vie sociale, préférait se rendre invisible aux yeux de tous. Celle qui préfère mentir à ses amis au lieu de leur expliquer ses souffrances... La liste peut devenir très longue et pourtant je me fais un devoir de me l'énumérer dans ma tête. C'est une prise de conscience.

« Si tu en as envie, tu peux aller jouer aujourd'hui et tes frères peuvent t'accompagner, continue Maman. Tu as des choses à régler et ce n'est pas en t'enfermant dans ta chambre que tu réussiras à avancer.

_C'est Julien qui vous a dit ça ?! Je m'écris un peu plus fort que je ne l'aurais voulu.

_Non, ce n'est pas lui Willie, c'est ton coach. »

Mon coach ?! Mais qu'est-ce que Luc vient encore faire là-dedans.

« Bref, je n'ai pas changé d'avis, je ne veux plus jouer pour le moment, je réponds plus calmement. Est-ce qu'on peut parler d'autre chose maintenant que le sujet est clos ? Comment c'est passé ta semaine papa ? »

Après un long regard échangé avec ma mère, il accepte de changer de sujet et de me raconter sa semaine. Clément nous a rejoints avec sa tête d'ours en pleine hibernation et sa bonne humeur matinale. Il s'est assis à côté de moi après s'être servi une assiette de géant.

Alors que je suis en train de bouquiner sur mon livre en attendant de partir voir mes amies jouer, on toque à ma chambre.

« C'est Maman, dit-elle en entrant dans ma pièce, j'ai du linge propre à toi. On ne sera pas là de la journée mais n'hésites pas à appeler si tu as besoin. Je t'aime ma chérie. »

Elle m'embrasse le front et sort laissant derrière elle ma pile de vêtement. Mon cœur se serre quand j'aperçois parmi mes affaires le sweat de Thomas. Je m'en saisis violemment, décidé à ne pas me laisser aller à cause de ce garçon. Je me dirige vers la chambre de mon grand frère et toque en même temps que j'entre.

« Désolé de te déranger, je ferme les yeux et je compte jusqu'à trois. (C'est un peu mon code au cas où il serait avec une fille) Un ... deux ... Trois ! Ju ?! »

Mon frère n'est pas dans sa chambre et rien ne laisse penser qu'il a dormi là. Je suis presque déçue de ne pas le trouver, je voulais lui donner le gilet afin qu'il le rende à Arthur.

« Clem, j'appelle, tu ne saurais pas où est passé Julien ?

_Qu'est-ce qu'il y a ? me répond-il en sortant la tête de la salle de bain.

_Tu ne sais pas où est passé notre cher frère ?

_Nope. Pas vu depuis hier soir. »

Je ne suis pas spécialement inquiète vu les nombreuses fugues de mon ainé, néanmoins je reste suspicieuse. Il est parti après mes révélations et je n'aimerais vraiment pas que les deux sujets soient liés. Tant pis, je me débrouillerai avec Romain et Alice pour faire passer le vêtement sans trop me mouiller.

« On part dans 30 min la mariée ! Je préviens Clément en criant. Le bus ne nous attendra pas. »

Moi, le rugby et les autres...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant