34.

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Comme je l'espérais, Alice était venue seule me rejoindre au côté de la bibliothécaire. Je ne raconterais rien de plus que le nécessaire à cette dernière, cependant mon amie à le droit de savoir.

« Promets-moi de faire attention à toi et de ne pas trop tarder à rentrer chez toi ? Me supplie presque Madame Bijoux.

_Je vous le promets. Je vous remercie d'avoir été là. Je crois que je regarde trop de film et que je dois être sur les nerfs avec les sélections et les cours, j'ajoute dans le but de l'emmener sur une fausse piste. »

Une fois dans le couloir, je ne me sens pas tranquille. Et si le monstre était caché quelque part derrière une porte ou un casier. Après tout il est bien venu me surprendre dans l'endroit le plus improbable de la ville... Je recommence à me figer en frissonnant.

« Alice, j'ai peur, je lui confie avant de continuer. Il était là, il m'a retrouvé...et il veut... il veut...

_Je ne comprends pas tout ma belle, dit-elle avec compassion en posant sa main sur mon épaule, et qui était là ?

_Un de ceux qui m'a agressé il y a cinq ans, il était là, juste devant moi... et il voulait finir ce qu'il avait...

_ Regardes-moi Willie, me coupe-t-elle afin de ne pas me faire souffrir davantage. »

Je lève péniblement les yeux vers elle. J'ai honte de devoir impliquer mon amie dans une histoire aussi sordide.

« C'est ma faute Alice ! Je hurle. Je n'aurais pas dû fréquenter les rugbymen, ni devenir capitaine, je dois devenir invisible...

_Stop ! Crie-t-elle un ton au-dessus afin de se faire une place parmi mes sanglots. Tu es une battante, et tu n'as plus 13 ans Willie ! Aujourd'hui, tu peux te défendre, tu peux faire payer à cette ordure ce qu'il t'a fait et l'empêcher de faire ça à d'autres petites filles. Tu dois porter plainte, m'ordonne-t-elle.

_Je l'ai déjà fait, mais ça n'a servi à rien. Je ne veux plus avoir à faire avec eux, je rétorque bousculée par le ton brusque de mon amie.

_Bon écoutes, on va rentrer chez toi ensemble, tu vas parler de ce qu'il s'est passé aujourd'hui à tes parents et on trouvera une solution pour t'aider. Je suis ton amie Willie, pas la méchante sorcière qui te fait la morale, me dit-elle avec un petit sourire. »

Je lui souris en retour et lui attrape la main.

« Non, allons au match, ton « chéri d'amour » va être vraiment trop triste si tu n'es pas là pour l'encourager, je plaisante en mimant des guillemets. Et puis ça me changera les idées.

_Je n'insiste pas, par contre je te colle partout, m'ordonne-t-elle avec le doigt levé. Toilettes, gradin, ... »

Elle continue d'énumérerla longue liste des endroits où je suis susceptible d'aller ce soir pendant queje repars dans mes pensées. Il faut que je me détende et Alice à raison sur unpoint en particulier, je n'ai plus 13 ans et je suis capable de me défendre. Jen'ai pas fait 5 ans de thérapie pour finalement revivre ce moment abominable dema vie.

Moi, le rugby et les autres...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant