Moi, le rugby et les autres...

51.

Ses yeux se fixent dans les miens, entraînant tout un tas de frisson dans mon corps. Son visage qui est restait tuméfié pendant quelques jours après son altercation avec Jeff est soucieux. Je crois que le temps s'est arrêté. J'essaye de lire dans son regard dans quel état d'esprit il est actuellement et j'y vois... non est-ce possible ?! J'y vois de la culpabilité et de l'affection... Il soutient notre contact visuel puis ouvre la bouche pour s'exprimer. Tout ça sans me lâcher ni prendre de recul. Il est hors de question que je me laisse amadouer, surtout que : Premièrement, il m'a plus ou moins traité de s**** et de deuxièmement, je ne sais pas ce qu'il va me dire maintenant. Manquerait plus qu'il recommence !

« Tu sais, je le devance d'une voix dur, j'ai très bien compris ce que tu m'as dit vendredi soir. Malgré la haute estime que tu dois avoir de moi, je suis tout sauf bête ! Maintenant, si ça ne te dérange pas, je ne suis pas maso non plus et je souhaiterai pouvoir terminée cette journée sans me faire insulter.

_Willie, attends ! Il s'accroche un peu plus à mon bras meurtri en adoucissant sa voix.

_Tu me fais mal Thomas, je lui dis en grimaçant.

_Je sais que si je te lâche tu vas partir sans m'écouter, accordes moi cinq minutes. »

Je réfléchis à la situation. J'ai envie de lui laisser le temps de s'exprimer pourtant je ne le fais pas. Je tire une nouvelle fois sur mon bras afin qu'il abandonne. Les larmes me montent aux yeux, c'est comme si j'allais à l'encontre de ce qui me ferait du bien. Il finit par lâcher sa prise. Ce n'est pas pour autant qu'il s'en arrête là, bien au contraire, il change même d'attitude. Il attrape son tee-shirt et l'enlève me laissant admirer la vue de son torse musclé. Il est maboul ou bien ?! C'est quoi cette technique, je suis outrée qu'il me croie aussi « naïve » que ça... La colère présente dans mes veines s'intensifie et je m'apprête à répliquer sauf que cette fois-ci, c'est lui qui me coupe l'herbe sous le pied.

« Je sais que tu es en colère après moi Willie ! S'exclame-t-il avec frustration et agacement. Je sais que j'ai m****é, ok ?! Je n'en peux plus de cette situation, de ton absence dans ma vie et de ton indifférence. On va faire un truc, remets tes bandages et viens te défouler contre des choses réelles plutôt que contre ce machin ! »

Il se désigne en parlant en parlant de « choses réelles ».

« Quelque chose te bloque, et je ne te laisserai pas tout porter sur tes épaules. J'ai ma part de responsabilité alors frappes-moi un bon coup ! Continue-t-il en me provoquant du regard. »

Il m'agace de plus en plus, je sens l'énergie revenir dans chaque cellule de mon corps. Ah oui, il veut vraiment que je le tape ?! Il ne s'imagine pas à quel point je veux lui faire mal, très mal !

« Arrêtes avec ta pitié à deux balles et arrêtes de penser que ma vie dépend de la tienne ! Je hurle en me rapprochant de lui. »

Mais non Will, tu as pris la mouche là...oh et puis tant pis, il mérite la raclée que je vais lui mettre ! Je fais un pas de plus et le pousse en arrière. Il tangue à peine, bien ancré sur ses appuis.

« C'est tout ce que tu as dans les tripes ?! Il ricane avec ironie. En fait tu es faible c'est ça ? Tu préfères te cacher dans tes livres ?!

_Tais-toi ! »

Je lui balance un uppercut dans le menton ! La violence du coup est telle que je sens mes os de doigts craquer. L'adrénaline m'empêche de ressentir la douleur et je me prépare un crochet mais il me stoppe le poing en posant sa main dessus.

« Quoi ?! Tu es déjà vaincu ? Et moi qui pensais que tu étais un mec !? Je l'imite en accentuant bien mes syllabes pour le blesser.

_Allez W-I-L-H-E-L-M-I-N-A tu m'as à peine effleuré, dit-il presque calmement en relâchant la pression sur ma main avant de se renfrogner (à croire qu'il cherche vraiment des raisons pour que je continue à m'acharner sur lui). Ça ne t'a pas déranger qu'un de mes meilleurs amis t'embrasse, hein ?! Et que l'on se batte à cause de toi ?!

_JE – T'AI – DIT - DE – TE - TAIRE ! Je rugis consciente que je ne supporte pas qu'il m'emmène sur ce sujet en particulier. »

Je lui donne deux droites dans le ventre puis le rejette en arrière une nouvelle fois.

« Et pourquoi je me tairais Will ?! C'est pourtant ce qui s'est passé ! Tu m'as fait passer pour un mec trompé devant tout le monde ! M'explique-t-il avec une voix froide.

_Et toi tu m'as traité de fille facile !

_Ce n'est pas ce que tu es ? Une « fille facile » ?! Il dit avec avidité ne cherchant que le conflit tout en mimant des guillemets. »

S'en est trop, mon cœur se brise une nouvelle fois. Je saute sur lui telle une furie. Je n'ai plus de force, mes larmes se mettent à couler toutes seules. Je martèle son ventre de micro frappes encore et encore.

« Je te déteste tu entends, je te déteste ! Je n'ai pas embrassé Jeff, IL m'a embrassé et je ne voulais pas ce qui est arrivé ! Tu ne m'as même pas écouté, tu m'as humilié alors que je te faisais confiance ! Je te dét... »

Il ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase. Il m'attrape les poignets de ses mains agiles et plante son regard dans le mien. Ses yeux sont brillants, humides même et empli de désir. Il pince ses lèvres délicatement et baisse la tête un peu plus. Quand sa bouche entre finalement en collision avec la mienne, c'est comme une explosion nucléaire. Tout mon corps est secoué de décharge électrique et mon ventre bourdonne. Je suis enivrée par son odeur, par son goût de cannelle sucré à laquelle se mélange le musc de son parfum probablement. La tension sur mes lèvres se fait de plus en plus pressante et je les entrouvre de façon à ce que nos langues se mêlent dans une danse sensuelle et aguichante. Il lâche mes poignets et pose ses mains sur mes joues d'une irrésistible manière. C'est comme si plus rien ne pouvait nous arrêter, plus rien, pas même le temps qui passe.