Moi, le rugby et les autres...

61.

Je sonne chez ma meilleure amie qui m'ouvre quasiment au même moment. Elle ne m'attendait pas bien sûr... elle me prend dans ses bras et me fait un gros câlin.

« Alice, on doit parler. »

Son expression prend un ton grave que je ne lui connais pas. Je pose mon sac à dos dans l'entrée et me dirige vers sa cuisine en lui attrapant la main au passage pour qu'elle me suive.

« C'est à propos du bal de ce soir, je...

_Alléluia ! Je désespérais de réussir à te convaincre d'y aller ! Me coupe-t-elle avec une énergie de matin de Noël. Je savais que j'avais bien fait d'aller chercher ta robe ce matin.

_Tu as quoi ?!

_Je suis passée à la boutique de Sabine ce matin. Elle devait me faire un raccord au niveau de ma ceinture et j'ai revu la magnifique robe que tu avais essayée. J'ai hésité longuement et finalement, elle m'a proposé de la prendre et que dans le pire des cas je lui ramène la semaine pro. Je ne pouvais pas faire comme si je n'avais aucun envie que tu viennes. Je n'attends que ça ! »

Est-ce que toutes les amies sont comme ça, parce que là ça devient un peu flippant, non ?! J'essaye de nouveau de m'expliquer mais elle me recoupe la parole.

« Et...

_Le truc, c'est que normalement c'est notre dernière année de lycée à Max et moi et vu que tu es carrément notre amie, on ne comprenait pas que tu ne fasses pas l'effort qu'on aurait fait pour toi.

_Mais Alice, tu sais que je...

_Tu as peut-être pas eu une adolescence facile mais aujourd'hui tu es entouré de gens qui peuvent te protéger. Et puis si tu veux mon avis, et de toute façon je te le donne quand même, ton passé n'a rien à voir là-dedans. Tu as juste les chocottes ! Dit-elle avec une provocation enfantine.

_Je peux parler maintenant ?! Je demande faussement agacée. De un, tu aurais peut-être pu me dire tout ça il y a quelques jours où quelques semaines, je t'aurai écouté. De deux, je n'ai jamais dit que mon passé était la raison de mon absence au bal. Et de trois, heureusement que j'ai la meilleure « meilleure amie » de la planète parce que sinon je ne me rendrais jamais compte que je suis une vraie boulette. »

Ses petits yeux verts se sont ouverts si grands que j'ai cru qu'ils allaient sortir de leurs orbites. J'ose alors une assurance qui ne m'est pas tellement familière.

« Ne me dis pas que j'ai réussi à t'en boucher un coin ?! Je pouffe ne pouvant me retenir de rire plus longtemps. »

Mon hilarité se propage chez mon amie qui est pliée en deux sur le sol. Après bien cinq minutes d'euphorie, se sont nos abdos qui nous forcent à nous arrêter. Je m'approche d'elle et la serre fort dans mes bras.

« Et si on allait se préparer ? Elle me dit un sourire entendu sur les lèvres. Tu me diras ce qui t'as fait changer d'avis en même temps.

_Yes! Go go go! »