Moi, le rugby et les autres...

67.

Voilà bien cinq minutes que j'erre dans les couloirs vides du lycée et une idée me traverse l'esprit. Et si j'allais taper un peu dans mon punching-ball... ? Qu'est-ce que tu veux taper dans quoi que ce soit dans cette tenue, Willie voyons ! Je me sermonne aussitôt. Le vrombissement de mon téléphone dans la pochette argentée qu'Alice m'a prêté pour l'occasion me fait revenir à la réalité.

Tom : Tu es où ?! :/

Moi : Je vous rejoins dans la salle, je faisais un tour. A tout de suite ;)

Je m'empresse de me ressaisir avant de retrouver mes amis. La soirée n'est commencée que depuis une demi-heure et je suis déjà au plus mal. Mon endurance face à ce type d'événement me déçoit presque ! LOL En revenant sur mes pas je croise Jordan qui est en train de discuter avec des agents de la sécurité. Il me remarque alors que j'arrive à leur niveau.

« Hey Willie ! Alors paresseuse, tu as fini par te motiver à venir ! Si tu acceptes le compliment sache que tu es très belle, me complimente-t-il avec simplicité.

_Merci, je dis en rougissant. Il faut dire que ton discours de tout à l'heure m'a un petit peu fait réagir !

_Un petit peu seulement ?! Il me taquine en me faisant un clin d'œil. Pour info, tu n'as pas le droit de te promener dans les couloirs, les agents sont là pour choper les réfractaires. On va dire que tu ne savais pas, il continue en faisant un sourire conciliant à l'agent.

_Oups ! Promis je retournais à la salle de toute façon.

_J'y allais aussi, je t'accompagne ? Me demande-t-il en proposant son bras. »

Je lui souris en guise de « oui » et nous nous dirigeons vers la salle.

« Tu es assise à quelle table ? Il m'interroge, sûrement pour m'y emmener.

_Avec les rugbymen.

_Je n'avais donc pas rêvé tout à l'heure tu... Commence-t-il en s'arrêtant net.

_Qu'est-ce... »

Je m'arrête net à mon tour lorsque je suis le regard de mon ami. Sa copine est en train d'embrasser quelqu'un. Et quand je dis « embrasser », imaginez bien que c'est un doux euphémisme ! Sachant que le dit copain de la copine se trouve à mes côtés à l'heure qu'il est, on peut en déduire que la personne qui répond au baiser langoureux de la copine n'est pas vraiment « au bon endroit ». Je peux voir le visage de Jordan se décomposer seconde après seconde.

« Elo ? Il murmure dans un souffle que moi seule peut entendre.

_Jordan, elle ne te mérite pas, je lui dis en posant une main réconfortante sur son épaule. »

La vérité affichée ainsi devant lui, il ne peut plus faire comme s'il s'agissait de simple rumeur... Je ne trouve rien de mieux que de le tirer vers la table où je me suis assise au début de la soirée. J'aperçois enfin Thomas et une bouffée d'air me revigore après ces derniers événements. Voir comment il me dévore littéralement des yeux et comment il a l'air sincèrement soulagé de me retrouver, me brûle de l'intérieur. J'oublie même que je suis au bras d'un autre garçon. Il s'approche hâtivement de nous en contournant la table.

« Merci Willie, me souffle Jordan en m'embrassant sur la joue.

_Pourquoi donc ? Je lui demande en retour étonnée.

_Pour avoir été là au bon moment. »

Il s'en va et Thomas arrive au même moment. Il m'attrape par la taille et rapproche son visage du mien. Ses yeux pétillent de malice mais je peux y lire une pointe d'anxiété. Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'il y a qu'il essaye déjà de sceller nos lèvres. J'ai follement envie de ce baiser, mais la gêne de pouvoir être observée par tous me fait prendre instinctivement mes distances.

« Tom, qu'est-ce qui se passe ? Je lui demande en restant à quelques centimètres afin que la conversation reste entre nous.

_Rien, rien, dit-il avec un sourire forcé. Tu me manquais c'est tout.

_Thomas, je ne répéterai pas la question trois fois. Je vois bien que quelque chose te tracasse, j'insiste en chuchotant. »

Il me couve du regard puis fini par céder.

« Tu te rappelles quand je t'ai parlé de jalousie, et bien peut-être que c'est un peu le cas. »

Je déteste la possibilité qu'il pense que je puisse aller voir ailleurs. Après, je l'avoue, je ressens un petit quelque chose qui me rend fière... Je sais pas comment le traduire, mais peu importe la raison, il ne veut pas que je l'abandonne pour un autre. Je prends les devants et parcours les derniers centimètres entre nous afin de lui déposer un baiser sur le bout des lèvres. Je me recule en rougissant et attends de voir sa réaction.