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« Mesdames, messieurs, je vous présente Wilhelmina Lacourt, notre seconde ligne la plus expérimentée mais aussi notre Capitaine d'équipe depuis peu, annonce Luc avec enthousiasme.

_C'est un réel plaisir de te rencontrer, nous avons tant entendu parler de toi, m'explique un homme en se levant pour me serrer la main. Je me présente Christian Duchemin, voici Éléonore Cortez, Samuel McDouglas et Henry Bellefleur. Nous appartenons au comité de sélection de la région mais ça tu dois déjà le savoir. »

Je crois que si quelqu'un avait un miroir sous le coude, je lui demanderai bien pour voir ma tête. Entre surprise, euphorie et agacement voir rage envers mon staff. Je viens de me faire piéger comme un amateur et je n'y ai vu que du feu ! C'est peut-être une réaction d'enfant pourri gâtée mais je n'apprécie pas du tout le tour qu'on vient de me jouer. Comble de l'ironie, je suis quand même flattée qu'ils aient fait tout ça pour moi. Je décide de ne pas entrer dans leur jeu, j'ai passé l'âge d'être prise pour une idiote.

« Enchantée, je dis à voix basse. Je suis juste venue chercher les maillots, je ne vous dérange pas longtemps. »

Mon staff semble embarrassé par ma franchise et c'est Richard qui rattrape la situation.

« Viens avec moi, dit-il en se levant pour m'accompagner dans la pièce d'à côté. Je sais déjà que tu dois être contrariée par notre guet-apens, ce n'est donc pas la peine de me le faire remarquer. On n'en attendait pas mieux de toi et d'ailleurs, je ne vais même pas te laisser parler du tout. Tu as 18 ans, tu es intelligente et sportivement tu es douée. Je ne peux pas te laisser gâcher ton avenir à cause de ta fierté mal placée. Tu vas aller dans cette salle et leur dire pourquoi tu serais un élément important dans la sélection. Ensuite, tu iras mettre tes crampons et leur démontreras par la pratique que ce ne sont pas que des paroles en l'air. Jeune fille, il est temps que tu sortes de ta coquille ! »

Il retourne dans la salle, me laissant seule dans mon malaise et ma surprise. J'ai honte, je crois que c'est une des plus grosses claques que je ne me suis jamais prise dans la figure. Il n'a pas tort, je suis têtue et présentement ça me dessert. Mes entraîneurs ont fait tout ça pour moi, parce qu'ils croient en moi et c'est tout. Ils m'aident à prendre confiance en moi, à m'améliorer chaque jour un peu plus dans ma vie et dans mon sport. La moindre des choses, c'est que je leur rende l'appareil. Petit bémol néanmoins, je ne sais pas quoi raconter aux sélectionneurs et sans préparation, je suis du genre à perdre mes moyens... Peut-être que si je les laisse m'interroger ça sera plus simple. Je pose ma main sur la poignée et me décide à aller affronter mes démons. Je baisse les yeux incapables de soutenir leur jugement et m'assois sur la chaise en face d'eux.

« Wilhelmina, peux-tu nous expliquer comment tu vois ton rôle dans une équipe ? Me demande la femme.

_Je...euh..., je bégaye avant de souffler un grand coup et de reprendre (Vas-y Willie tu peux le faire !). En tant que 2ème ligne, c'est la défense avant tout. Je préfère ne toucher aucun ballon et me dire que j'ai réussi tous mes plaquages. En phase offensive, je dois être présente dans tous les rucks ou mon binôme n'est pas. Beaucoup de communication et toujours au soutien. »

J'ai dit ça avec une telle hargne que je m'en étonne moi-même. C'est sorti des tripes comme on dit dans le jargon !

« Et en tant que capitaine ? M'interroge le grand black, Samuel McDouglas je crois.

_Etre présente pour mes copines dans les moments compliqués comme dans les bons moments. Savoir leur dire ce qui ne va pas même si ça fait mal.

_Peux-tu nous donner un exemple ?

_Vous savez elle n'a eu qu'un seul match en tant que Capitaine, je ne sais pas...

_C'est bon coach, je vais essayer quand même, je rassure Luc en le remerciant d'un regard. Au dernier entraînement, les filles se sont un peu rebellées les unes contre les autres par frustration du manque de réussite de nos combinaisons. J'ai été obligée de les remettre à leur place, si je puis dire, afin qu'elles restent concentrées. Ça n'a pas trop mal fonctionné même si j'avoue que je n'y ai pris aucun plaisir... Et à contrario, au dernier match on a gagné et j'étais fière d'elles.

_*What's your English level? M'interpelle Monsieur McDouglas dans un anglais parfait.

_**I am rather comfortable in this language. I often speak with my family because my father is an international salesman. Please, don't judge a book by its cover. »

Et là tu te dis « merci Papounet d'être un très bon prof » ! Je souris à ma propre réflexion avant de reprendre mon sérieux.

« Je crois que c'est bon pour nous, tu peux rejoindre tes coéquipières, m'annonce Monsieur Duchemin. Bon match !

_Euh. Merci, je réponds gênée. »


*« Quel est votre niveau d'anglais ? »

**« Je suis plutôt à l'aise dans cette langue. Je parle souvent avec ma famille car mon père est commercial à l'international. Merci « ne pas vous se fier aux apparences » (littéralement). »

Moi, le rugby et les autres...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant