Chap 2 : Mercredi 14 Janvier 2015

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******EMMA******

Un peu plus d'une semaine que je suis rentrée de Cornwall. Je n'ai revu Henri que deux fois dont une au bureau. Je ne sais pas si c'est de son fait ou du mien, mais on dirait qu'on fait tous les deux marche-arrière ou plutôt qu'on temporise. Le contact n'est pas rompu pour autant. Nous échangeons par message, des banalités, des bonjours, bonne nuit et bon appétit... Le pire c'est que je ne lui en veux même pas.

Après ma conversation avec Nick, j'avais beaucoup réfléchi. Encore me direz-vous ? Mais soyons honnêtes ! Peut-on m'en vouloir de faire attention ? De me prémunir contre la souffrance ? Je ne connais pas le futur et je ne sais pas vers quoi ou qui je me dirige. Le Seigneur n'a pas voulu qu'on connaisse notre avenir et je crois qu'il sait pourquoi. Imaginer qu'une voyante vous dise que vous allez dans la semaine, rencontrer votre conjoint. Vous risquez de vous attacher au premier que vous allez rencontrer sans réfléchir.

Nous sommes des êtres dotés d'intelligence – bon, pour la plupart – mais nous serions bien capables de ne plus en faire usage juste parce que quelqu'un nous a fait une prédiction. Je ne dis pas que la prédiction serait fausse, mais rien ne nous dit que le premier que nous rencontrerions serait le bon. Ce conjoint pourrait bien ne venir qu'à dernière heure du dernier jour. Cela n'enlève pas le fait qu'elle, la prédiction, soit juste. En focalisant sur le premier on perd non seulement du temps, mais on va au-devant de souffrances inutiles. Alors Henri est peut-être mon futur mais j'ai juste besoin d'un peu de temps pour avoir plus de certitude avant de me lancer. Ce qui me freine le plus c'est les différences entre nous. Enfin la différence entre nous.

Et puis cela ne fait qu'à peine 15 jours, qu'on s'envisage l'un l'autre. Qui oserait dire le contraire ? Il a peut-être mené la même réflexion de son côté d'où son éloignement. Qui sait !

Je me suis donc replongée dans le boulot sans fermer la porte. Je suis depuis ce matin à Lucerne chez un client. La journée s'achève et j'ai hâte de rentrer à l'hôtel. Je rêve d'un délicieux et long bain tiède, avant de me glisser sous les draps avec un bon bouquin.

- Vous voulez que je vous dépose à votre Hôtel ?

Yannis Williams, le DRH de la société où je suis se tient tout sourire devant moi. Un beau métis avec les yeux bleus. Ils ne sont pas aussi bleus que ceux d'Henri. Son bleu est plus doux, plus pâle. Celui d'Henri est plus tempétueux, orageux, tumultueux, sombre mais tellement perçant. MonsieurRegardAcier comme je le surnommais au début.

- C'est gentil mais je vais prendre un taxi.

- Votre hôtel est sur ma route. Ça serait cruel de me priver de votre compagnie Mlle Scott-Hallyway.

Bon ce n'est qu'un trajet en voiture jusqu'à mon hôtel où j'ai d'ailleurs laissé ma voiture de location, trouvant plus pratique de prendre un taxi ce matin. Ce n'est pas la fin du monde ma foi. Il est très agréable en plus, je m'entends plutôt bien avec lui. Bientôt un an qu'ils sont nos clients, je travaille régulièrement avec lui. C'est mon premier client d'ailleurs, le premier dossier que l'on m'a confié quand je suis arrivée au cabinet.

- D'accord, si c'est sur votre route, j'accepte avec plaisir.

- Vous n'avez pas dîné, je serais heureux de vous inviter. Je sais que ce n'est pas toujours agréable de manger seul quand on est en déplacement. Nous pourrons prendre une table à votre hôtel, le restaurant à très bonne presse.

- Mr Williams...

- ...Yannis, appelez moi Yannis, nous allons dîner ensemble ce soir alors je crois qu'on peut utiliser nos prénoms, demain nous redeviendrons professionnels si vous le souhaitez. Et ce n'est qu'un simple dîner entre collègues.

Destins croisés : It's always been us T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant