Destins croisés : It's always been us T2

Chap 38 : Vendredi 17 avril 2015

*******EMMA*******

Nous étions chez Olly pour le souper. Ils étaient très contents de voir Brock qu'ils n'avaient pas vu depuis de longues années enfin sauf ma tante Ruth et mononcle Marcus qui étaient venus pour les funérailles de nos parents. Brock faisait connaissance avec Ellie, cette dernière est à cheval sur ses cuisses et il la fait sauter lui arrachant des éclats de rire. Il a réussi à l'amadouer sans aucune difficulté. C'est une enfant facile à vivre et très sociable sans compter que mon grand frère a un don avec les enfants. Nous sommes assis dans le salon, Audric aux pieds de sa mère, un punch à la main et l'autre main caressant par intermittence le mollet de matante Ruth et moi au sol aussi, entre Brock et Olly. Matthieu est sur un pouf bas, de la confection de sa compagne et mon mononcle est assis à côté de sa tendre épouse. Le temps de cette pensée, mon esprit vagabonda vers Henri.

Lors de la conversation téléphonique, évoquant ce souper, Audric avait suggéré ou demandé à Brock qu'Henri soit des nôtres. A ce moment précis je n'avais pas du tout envisagé qu'il le soit mais j'avoue que sa présence ce soir m'aurait peut-être fait plaisir et en même temps je craignais les discussions qu'il y aurait pu y avoir autour de moi. De nous.
Brock avait raison, Henri par ses initiatives avait prouvé qu'il tenait sincèrement à moi. J'étais en colère contre lui parce que je ne voulais pas me marier ainsi, il m'avait volé la possibilité de vivre le mariage de conte de fées que je voulais, dont je rêvais toute petite. Je sais que pour certaines cela ne revêt aucune importance mais pour moi si, parce que je suis une éternelle romantique et que je l'assume totalement. 
J'étais en colère aussi contre mon géniteur pour ce qu'il avait fait à ma mère biologique et ce qu'il me faisait vivre par extension. J'ai tellement de colère en moi que ça bouillonne parfois et ça sort de la plus mauvaise des façons : Contre Henri.

La présence de Brock est la meilleure chose qui soit en ce moment. Ce dont j'ai besoin pour me sortir de cet état. Nous prions beaucoup pour refouler cette colère, pour que je guérisse et continue d'avancer. Pour que je me libère et m'ouvre totalement à Henri, comme il me mérite. Pour nous ! Mais si je ne gère pas ce problème avant, je finirai par lui faire du mal. Nous faire du mal et c'est bien la dernière chose que je souhaite. Je n'avais plus aucun doute sur mes sentiments pour lui et ceux qu'il nourrissait à mon égard. J'avais besoin d'aller mieux pour lui offrir le meilleur. J'avais besoin d'accepter ce que mon géniteur avait fait. Il la connaissait pourtant et il n'avait pas hésité à infliger cette terrible souffrance à cette jeune fille en la violant. Il avait été le pire des monstres.

J'apprenais avec Brock à travers nos moments de culte à repousser l'idée que la nature même de cet homme ait pu m'être transmise. J'ai cette lumière en moi que procure la parole et je me dois de la laisser briller pour éclairer les ténèbres qui menacent de m'envahir. Je dois trouver la paix et chaque jour je fais un pas vers cette paix. Oui j'excluais encore Henri de ce processus mais je libérais tout de même la colère que je dirigeais injustement vers lui. Je n'étais pas prête pour lui parce que je ne veux pas, plus le blesser comme j'ai pu faire, par mes mots et mes faits. Il mérite mieux. Le plus dur était à venir. Je dois pardonner à mon géniteur un geste impardonnable. C'est dur mais Brock m'y aide chaque jour avec la patience d'un ange. La prière a du pouvoir, celui de me libérer entièrement et définitivement et mon grand frère est celui qui me connecte à nouveau. Une constante dans ma vie. Ma famille jamais faible, toujours forte. Quand ça ira mieux, parce que ça ira forcément mieux, je prendrai le temps de m'excuser auprès de lui, de lui demander pardon. Et je prendrai surtout le temps de vivre notre amour. A cette pensée je suis prise de vertige, comme un débordement de trop-plein, un trop-plein d'amour.

Je lève les yeux vers Brock qui tient toujours Ellie sur ses genoux, pour m'ancrer au moment présent. Il a arrêté de la faire sauter sur ses genoux. Elle le regarde, pas impressionnée un seul instant par ce grand blond qui avait succombé à son charme. Elle bâille à s'en décrocher la mâchoire et papillonne des yeux, se les frottant régulièrement mais refuse de céder au sommeil, luttant pour rester là où elle est. Olly fini tout de même par la prendre pour la porter dans son lit. Elle proteste un peu pour la forme mais le sommeil a vite raison d'elle. Un dernier sourire à son grand cousin et sa tête bascule sur l'épaule de sa mère qui prend la direction de sa chambre sous le regard attendri de Brock.