Destins croisés : It's always been us T2

Chap 13.1 : Dimanche 22 février 2015

*******HENRI*******

Il est 7h du matin quand je descends prendre un café. Le petit-déjeuner sera tardif, en fait il n'y aura pas de petit-déjeuner au profit d'un brunch, mais je suis certain que mon grand-père est déjà en bas. C'est en habitant avec eux en Écosse que j'ai pris cette habitude matinale. Ce que je vivais à l'époque m'ôtait le sommeil, me tenant éveillé une bonne partie de la nuit. Une épée de Damoclès sur la tête, est le meilleur excitant qui soit, mais pas vraiment le genre d'excitation qu'on voudrait. Du coup aux premières lueurs de l'aube, le sommeil si chèrement acquis m'échappait pour ne plus revenir.

Je ne distinguais pas vraiment les bruits, les murs étant bien trop épais, mais je ressentais l'atmosphère paisible et sereine. Je restais là, allongé dans une semi-pénombre, qu'occasionnaient les lourds rideaux occultant, à ressasser et me demander comment j'en étais arrivé là.

Un jour, grand-père Wallace est venu toquer à ma porte pour m'inviter à le rejoindre pour le premier café. Nous avons vite pris pour coutume, lui et moi, de le boire en attendant que grand-mère se lève à « une heure plus raisonnable » comme elle aimait à le dire. Nous parlions beaucoup de ma situation et ses mots rassurants et pleins de sagesse finissaient par faire fuir mes démons pour le reste de la journée... jusqu'à la nuit suivante.

Cette fois encore la nuit avait été courte. Nous étions certes rentrés tard, mais ce sont mes pensées, toutes tournées vers ma cavalière qui me maintenaient en éveil. Elle avait, sans le savoir, fait fuir les monstres de la nuit, mais je n'avais pas pour autant pu trouver le sommeil. Lors de notre baiser, mon corps avait réagi aussitôt à son gémissement provoquant un début d'érection et c'est avec regret que j'avais dû me détacher d'elle, je ne voulais surtout pas qu'elle s'en rende compte. Une fois dans ma chambre, de la savoir juste à côté sans pouvoir la posséder m'avait rendu dingue. C'est finalement sur l'image de Mary, lui accrochant mon tartan sur l'épaule et le sourire qui illuminait son beau visage que j'avais trouvé le sommeil.

Mais depuis quand embrasser une femme provoque une érection chez moi ? Je n'ai jamais agi comme cela avant. Quand une femme me plait je lui fais savoir et je couche avec si elle est consentante. Je ne recule pas. Je ne fuis pas. Mais je sais que je ne peux pas avec Emma. J'ai envie d'elle chaque jour un peu plus, arriverais-je à résister ? Je sais que la voie que je prends n'est pas simple et le chemin risque d'être douloureux... Puis-je la désirer et l'attendre ou devrais-je me satisfaire avec une autre en attendant qu'elle soit prête ?

« Purée Henri tu divagues complètement, si tu fais ça, tu la perds à coup sûr »

Elle le vivrait comme une trahison et à tout bien y réfléchir ça serait la même chose pour moi si les rôles étaient inversés. Notre relation est peu conventionnelle, atypique par bien des aspects, mais ça en fait peut-être tout son charme, du moins son originalité. Rien n'est semblable aux précédentes et j'aime ça. Cela confère une aura toute particulière à ce qui nous unit. Jusqu'où irons-nous comme ça, dans l'originalité ? Je souris à ce constat. L'avenir seul nous le dira.

Je retrouve mon grand-père, dans la cuisine, un café fumant devant lui ainsi que le journal. Comme je l'avais prédit.

- Bonjour Fiston. Je ne pensais pas que tu serais aussi matinal. Vous êtes rentrés tard non ?

- Oui, mais tu sais que je ne traîne plus au lit...

- Tant que tu n'as pas quelque chose qui t'y retient...

Je ne relève pas. Sur le coup je me pose la question de savoir si mon grand-père connait toutes les implications de ma relation avec Emma. Le fait qu'elle soit abstinente par exemple. Il est vrai que nous n'avons pas pris le temps de parler lui et moi, mais je le connais suffisamment pour savoir qu'il a déjà compris bien des choses, même celles que je tais.