Chap 22.2 : Dimanche 15 mars 2015

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******* EMMA*******

Le salon de thé* où a réservé Mary est dans le quartier de South Kensington, sur Kensington Church Street et contrairement à ce qu'indique le nom, le quartier ne se trouve pas dans le sud, mais en plein milieu du Grand Londres.
Un petit salon de thé très cosy dans le pur style british. L'endroit n'est pas très grand mais extrêmement chaleureux. Je m'y sens tout de suite à mon aise et le note mentalement dans ma tête pour y revenir avec Henri.

Sur les conseils de Mary, je prends la formule « Afternoon tea ». Un thé à la rose sauvage, servi dans une magnifique théière en porcelaine avec les tasses assorties. Deux parts de gâteaux, une reine Élisabeth pour Mary, un cheese-cake pour moi. Des scones, avec une coupelle de confiture de fraise, une autre de beurre ainsi que des sandwichs au pain de mie accompagnent notre thé et sont présentés sur un plateau à deux étages en porcelaine lui aussi. Du lait, de la crème et même du sucre complètent notre table.

L'air de piano qui est diffusé berce les conversations ayant lieu à chaque table – aucune d'elle n'est libre d'ailleurs – et les Anglais toujours très discrets ne rendent pas le lieu incommodant de brouhaha.

Notre discussion tourne autour de nos vies respectives. C'est vrai que c'est la première fois qu'on se retrouve seules, juste toutes les deux. Je lui dis combien je suis heureuse de les connaitre et que je trouve sa petite famille adorable. Un large sourire, de fierté à n'en pas douter, fend son visage. Oui elle est fière et il y a de quoi.

Elle m'apprend qu'elle n'a jamais travaillé et que même si cela pouvait donner d'elle une image de femme entretenue et niaise, elle n'avait aucun problème avec cela, car elle savait qui elle était.
C'est à l'université qu'elle a rencontré Stuart, ils se sont tout de suite entendu – et plu, même si ça n'était conscient – et de savoir qu'il était écossais, lui aussi la remplissait d'aise. Mary fantasmait sur les Highlanders ! Je restais coite d'étonnement et souris largement la voyant rougir de ses propres aveux.

— Ben quoi ? Il n'y a pas que toi qui les trouves beaux. Je suis une incorrigible romantique moi aussi Emma et puis avoue ! Ils sont sexy nos hommes quand ils portent le kilt !

Toujours un peu gênée de reconnaitre ma légitimité d'être avec Henri, devant d'autres – même Mary – je souris simplement et porte ma tasse à mes lèvres, pour ne pas être obligée de répondre à la question. Heureusement pour moi, la sœur d'Henri n'a pas son talent pour voir quand je rougis. Par contre elle ne rate pas le sourire que j'essaie de dissimuler derrière ma tasse. Cela suffit à répondre pour moi de toute façon. Oui ils sont beaux nos hommes en kilt. Très beaux même !

— Stuart a toujours voulu d'une femme qui élèverait ses enfants. Bon dit comme ça, on pourrait le qualifier de vieux jeu. Mais je t'assure que le jour où nous avions discuté de cela, dans un café près du campus, je n'ai pas été offusquée, loin de là. Pourtant ce n'est pas du tout ce que j'avais envisagé de ma vie. Tu sais Emma, j'ai un master en administration des affaires de l'université de New York...

— Ah non, je ne savais pas. Et c'est à New York que tu as étudié en plus.

— Oui pendant trois ans. J'ai rencontré Stu au début de la première année. Et il m'a tenu ce discours, que certains pourraient qualifier de rétrograde – elle mime les guillemets – courant de la deuxième année. Pour moi cela n'était qu'une simple discussion entre amis, comme toutes les précédentes, mais pour lui c'était déjà les jalons d'une relation qu'il posait. Il voulait avoir des enfants et il n'était pas question que ces derniers soient élevés exclusivement par une nounou comme ce fut le cas pour lui. Il voyait rarement ses parents. Son père comme le nôtre souvent en déplacement, et sa mère très mondaine, passait d'une réunion à un gala laissant sa sœur et lui sous la responsabilité de leur nounou. Nous avions nous aussi une nounou, que tu connais me sourit-elle, mais mère était présente et notre père, quand nous étions petits, se faisait un devoir de rentrer pour nous embrasser. Bref cette conversation avec Stu n'était qu'une conversation somme toute banale pour moi. Oh je le trouvais beau, très beau même. Grand, athlétique, il avait vraiment tout pour plaire. Mais je ne pensais pas une seule seconde qu'il pouvait être pour moi et il ne s'était pas déclaré de toute façon.

Destins croisés : It's always been us T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant