*******EMMA*******
La danse terminée, Henri se détache rapidement alors que Lizzie essaie de le retenir pour enchainer. Il se retourne vivement en lui saisissant le bras avant de lui dire quelque chose à l'oreille et de la planter en plein milieu. Elle le suit du regard une expression indéchiffrable sur le visage, avant de porter son attention sur moi. Je vois très bien ses lèvres pincées et ses yeux furibonds à mon attention. Je soutiens son regard jusqu'à ce que je sois rejointe par Henri, le visage tendu. Je suis dévorée par la curiosité mais je me refuse à lui demander quoi que ce soit. Il me dira les choses s'il le veut et s'il y a quelque chose à dire... mais ça j'en suis persuadée maintenant. Ces deux-là ont non seulement un passé commun, mais un secret aussi et plutôt lourd le secret.
Il s'assied mais reste silencieux. Je le regarde à la dérobé, ne sachant pas trop quoi faire pour soulager la tension que je sens en lui. Sa mâchoire reste contractée, instinctivement je lui passe la main sur la joue. Il ferme brièvement les yeux, expire bruyamment avant de me regarder et de me sourire. Il niche son visage dans la paume de ma main les yeux plissés en une fine ligne laissant à peine voir le bleu intense de ses yeux.
- Ça va ?
- Mieux... merci Emma.
Je lui souris et au moment où je m'apprête à lui proposer de venir danser, mon cavalier Mr Caulfield pointe le bout de son nez. Sur le coup je regrette d'avoir accepté et me demande si je peux refuser.
Henri se redresse, le salue et m'encourage du regard. Loin de me rassurer, je m'interroge. Il trouve de quoi à redire quand il s'agit de Stuart mais là il ne dit rien. Je me tance devant mon constat à vouloir imaginer qu'il souhaite rester seul.
- Madame ? me dit-il en me tendant son avant-bras, m'invitant ainsi à le suivre sur la piste de danse.
Nous dansons depuis une minute quand il dit :
- J'adorerais que mon fils trouve une femme comme vous !
Je reste interdite ne sachant pas trop quoi répondre à cela... une femme comme vous ? Qu'entend-il par-là ? Devant mon air interrogateur, il s'avance un peu comme s'il voulait me confier un secret.
- Oh pardonnez-moi. Je ne voulais pas me montrer impoli. En fait je suis pour le métissage. Bon il est trop tard pour moi, mais avoir des petits enfants métis serait un tel bonheur pour moi.
- Mais votre fils est-il dans le même état d'esprit que vous ?
- Je ne sais pas trop, pour l'instant il ne nous a jamais présenté de femme... il est jeune et s'amuse, mais je vous assure que je ne manque pas une occasion de le lui dire.
Nous rions ensemble et continuons de danser en silence. Cette petite discussion a eu le mérite de me détendre... un peu. J'ai à peine pensé à Henri et à ce qu'il est en train de vivre. A la fin de la danse, mon cavalier éphémère souligne la chance d'Henri de m'avoir à lui. Je lui souris sans rien rajouter pendant qu'il me ramène à notre petit salon où le reste de la famille est installée.
Le père d'Henri tend une main à mon cavalier alors que l'autre vient se poser sur son épaule dans une attitude de franche camaraderie. Ils ont l'air de bien se connaitre
- Dis-moi qu'il n'a plus personne d'inscrit sur ton carnet de bal.
La voix presque suppliante d'Henri me tire un sourire, même si je ne sais pas ce qu'il tente d'exprimer. Désir de ne plus être dérangé, qu'on soit juste tous les deux ? Fatigue à cause de la tension accumulée ? Peut-être même l'envie de rentrer pour échapper à son passé ? Je préfère garder la première option et réponds toute guillerette.
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Destins croisés : It's always been us T2
Roman d'amourIl est temps de poursuivre les aventures d'Emma et Henri ne croyez-vous pas ? Nous les avions laissé à Cornwall le soir du réveillon de la Saint Sylvestre 2014, sur le vœu d'Henri : "Bonne année Emma et j'espère qu'elle nous apportera beaucoup". En...