Destins croisés : It's always been us T2

Chap 34 : Jeudi 09 avril 2015

Média : Emma à 18 mois

******EMMA******

Oh mon Dieu, j'ai la tête qui va exploser. Je n'arrive même pas à ouvrir les yeux. Je devrais être habituée maintenant. C'est comme ça depuis quelques jours. Mais je ressens quand même une différence. J'ai forcé plus que d'habitude sur l'alcool. A moins que ça ne soit un revers de l'accumulation, mon corps qui dit stop ?

J'essaie de me souvenir, de me concentrer mais la tâche est pénible et douloureuse. Où suis-je déjà ? Las Vegas c'est vrai. Me souvenir du lieu me fait tout de suite penser au pourquoi. La bille me monte mais j'arrive à juguler les spasmes de mon estomac pour ne pas dégoupiller dans les draps. Je respire lentement par le nez et souffle longuement mais ce faisant je sens les relents d'alcool de mon haleine chargée. Je me sens vaseuse aussi, l'impression d'être comme dans des sables mouvants, m'enfonçant à chaque tentative de m'extirper du bourbier dans lequel je suis. Non plutôt un lit d'eau et contrairement à ce que pensent certains ce n'est vraiment pas agréable. C'est plutôt une sensation, dérangeante et vraiment très désagréable oui.

Au bout de quelques minutes, je suis suffisamment dans la réalité, du moins l'espace géographique de mon corps, pour ouvrir les yeux sans que mon crâne ne soit transpercé par la lumière et que je ne vomisse mes tripes. Les rideaux sont tirés cette fois, c'est bien la première fois que j'y pense depuis que je suis dans cette chambre. C'est en général au petit matin que je les ferme avant de poursuivre ma nuit. Autant je les garde fermés en journée, la nuit j'aime bien admirer les lumières du Strip avant de sombrer corps et âme.

Je sens qu'il y a quelque chose qui veut s'imposer à moi sans que j'arrive à l'identifier. Quelque chose dont je devrais me souvenir mais à chaque fois que mon esprit l'effleure, ça s'en va. Et pourtant ça semble important, mais plus j'essaie de me focaliser dessus et moins j'y vois clair. Comme un rêve qu'on sait avoir fait mais dont on ne peut plus se rappeler, même si je sens que là, ce n'est pas un rêve et que cela revêt même un caractère important. Ça reviendra quand je serais moins embrumée.

J'ai la bouche pâteuse, il faudrait que je me la rince avant de pouvoir prendre un café. Un double. Non un triple serait bien mieux indiqué dans mon cas. Le réveil affiche 10h30. J'essaie de me lever et l'impression désagréable que mon cerveau se balade en liberté dans ma tête me fait presque tourner de l'œil.

Je suis seule dans mon lit, j'ai pourtant eu l'impression dans la nuit d'avoir eu des bras autour de moi : J'ai rêvé de lui... Des bribes de la veille me viennent comme des flashs. Henri ! Oui il était ici hier soir et ce n'était pas un rêve. Etaient-ce ses bras que j'avais senti m'étreindre cette nuit ? Mais où est-il maintenant ? Il ne m'aurait jamais laissée toute seule. Un sentiment de sécurité s'impose à moi en même temps que mes souvenirs affluent... La sécurité de ses bras, ses mots. Oui sa seule présence me sécurise, comme je ne l'ai pas été depuis très longtemps. Mon esprit galope comme la marée montante pour essayer de combler les vides. Merde... je ne lui ai pas demandé ça hein ? Je n'ai pas demandé à Henri de me faire l'amour ? Un long gémissement emplit la chambre que je finis par identifier comme étant mien. L'avons-nous fait ? Je ne m'en souviens pas. Comment puis-je ne pas me souvenir d'une chose pareille ? Un terrible sentiment de culpabilité monte en moi, je n'ai pas pu faire ça, renier ainsi tout ce que je suis et même si c'était avec Henri... surtout si c'était avec Henri !

Oh mon Dieu qu'ai-je fait ?

Je me prends la tête entre les mains et serre mon crâne comme si ça pouvait en faire sortir la douleur et faire monter les souvenirs plus rapidement.
La porte de la chambre s'ouvre doucement et je vois apparaître Henri.

- Bonjour Emma, Je me disais bien que j'avais entendu bouger. Tu as bien dormi ?

- Non pas vraiment... enfin si, je crois. Mais c'est le réveil qui est douloureux.