Destins croisés : It's always been us T2

Chap 21.2 : Samedi 14 mars 2015

*******HENRI*******

Nous sommes toujours allongés. Emma a l'air perdue dans ses pensées. J'espère qu'elle n'est pas en train de se demander ce qu'elle fait là. Sa place ici, maintenant, est toute légitime et je veux qu'elle le sache, qu'il n'y a aucun doute là-dessus.

- Emma, je suis heureux que tu sois là avec moi, je ne voudrais pas qu'il en soit autrement.

- Je suis heureuse d'être là moi aussi je te rassure. Et moi non plus je ne voudrais pas être ailleurs. Je suis désolée de t'avoir poussé à parler de ça, je...

- Ne le sois pas surtout. Je veux que tu saches que tu peux tout me demander. Je ne veux avoir aucun secret pour toi. Jamais. Sens-toi toujours libre de me poser toutes les questions que tu veux et cela quel que soit le sujet. Transparence Emma. D'accord ?

- Transparence Henri, oui !

Elle se hisse sur un coude et viens déposer un léger baiser sur ma bouche avant de reprendre sa position initiale, les yeux fixés au plafond. Je me tourne vers elle et l'observe. Son profil est angélique il m'émeut, en fait tout m'émeut dans ce petit bout de femme. Elle est forte et fragile à la fois, incroyablement perspicace dans son métier et tout aussi naïve pour ce qui est des choses de la vie. Emma est l'innocence même, rien à voir avec la perfidie dont peut faire preuve Lizzie.

- Et toi Emma, mise à part la mort de tes parents, qu'est ce qui te fait souffrir ?

- Toute la souffrance qui en a résulté, les mauvais choix que cela m'a poussé à faire mais qui finalement, Dieu merci n'ont pas eu de conséquences trop fâcheuses.

- Les mauvais choix ?

- Oui, quitter Cornwall

- Oh !

- Non, attends, je ne regrette rien maintenant parce que les choses ne sont plus ce qu'elles étaient à l'époque et je suis heureuse maintenant de l'avoir fait... ça m'a permis de te rencontrer et ça, ça je ne pourrais jamais le regretter. En fait je pensais, j'ai pensé pendant un moment que c'était un mauvais choix. Il est clair maintenant que ça n'était pas le cas.

Sa voix douce perd en tonalité à mesure qu'elle parle pour finir en quasi chuchotement. Je ferme les yeux pour savourer ce qu'elle vient de dire... c'est bête n'est-ce pas ? Je me tourne vers elle, elle me sourit, les yeux pleins de tendresse, j'aime ce regard qu'Emma porte sur moi, il me donne l'impression d'être une personne merveilleuse.

- Emma tu finiras par oublier, du moins par moins y penser et surtout en souffrir moins...

- Je ne pourrais jamais oublier Henri. Je ne pourrais jamais me faire à l'idée, accepter que mes parents ne connaissent jamais l'homme dont je tomberai amoureuse, qu'ils ne verront pas grandir Noham et Sarah-Lee, qu'ils ne connaitront même pas mes enfants... Si un jour je porte la vie en moi, ma mère ne sera pas là pour me rassurer de mes peurs irrationnelles qui seront le résultat de ma grossesse, elle ne pourra pas me tenir la main dans mes moments de doutes, me dire que je serais une bonne mère. Je crois que toutes les femmes ont besoin de vivre leur grossesse avec leur mère, du moins la majorité, mais je n'aurai pas cette chance. Tu sais, encore aujourd'hui il m'arrive de pleurer en pensant à ce que je ne partagerai plus jamais avec eux. Et en plus je porte les stigmates de cet accident dans ma chair... je les vois chaque jour, je ne peux pas l'oublier... même si je le voulais, je le pourrais difficilement... C'est un rappel constant de ce jour funeste pour ma famille.

- Comment ça ?

Je pourrais en rester là de cette conversation sachant la douleur que ça fait remonter, mais je crois que ça lui fera du bien de se confier, d'en parler à une personne qui n'est pas de sa famille. Emma n'a pas beaucoup d'amis, au détour d'une conversation, elle m'avait dit avoir fait le vide autour d'elle en quittant le Canada et je sais qu'à Genève elle ne fréquente que sa famille. Il lui arrive de sortir avec les membres de son club d'escrime mais pas si souvent que ça. Son boulot est prenant et elle ne compte pas ses heures.