24. Fin d'un règne

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Pendant ce temps à Primavera 

Un commis du prince dévale les escaliers avec le téléphone à la main. Il se rend dans le bureau du prince qui travaille avec ses ministres. Il frappe à la porte. Le prince l'autorise à entrer. Le commis s'excuse de le déranger et lui explique que c'est l'hôpital, la reine est au plus mal. Le prince se lève quitte son bureau et se précipite de répondre au téléphone. Il décide de mettre fin à la réunion pour rejoindre sa mère.

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Le prince Gustavo Meruda :

Je m'inquiète pour ma mère. Je me rends à son chevet, d'après les médecins sont état s'est dégradé en peu de temps pendant la nuit. Elle n'en a plus pour longtemps. Elle me réclame près d'elle. Pour le pays c'est une catastrophe de perdre sa reine, mais moi, je perds ma mère. 

Je monte rapidement les escaliers et j'entre dans sa chambre. Mon coeur ne bat plus. Elle est si pâle, si fragile. Elle n'a plus rien à voir avec la femme du pays, forte, précise dans ses gestes, parfaite souveraine. Je m'approche de son lit, mes jambes tremblent. Je n'ai pas envie de la perdre. Je suis proche de pleurer. Elle m'entend, ouvre péniblement ses yeux très cernés et fatigués. J'ai mal au coeur de la voir ainsi. Ma mère, je l'ai toujours idolâtrée. Elle me tend sa main. Je la capture avec la mienne. Elle est glacée, ma respiration se fige. Mon coeur se déchire. Je retiens mes larmes, je veux lui laisser l'image d'un fils dont elle peut être très fière. Nous n'avons pas toujours été d'accord sur tout, notamment sur Eva. 

Elle me sourit timidement, et son visage s'illumine immédiatement. Mon coeur se réchauffe, c'est ainsi que je me souviendrais d'elle. C'est cette image que je veux graver mon cerveau quand j'aurais besoin d'elle. Elle me fait signe de m'asseoir près d'elle et de rapprocher mon visage. Elle ne parle pas très fort et péniblement. Ses paroles sont entrecoupées de reprise de respiration. Je suis troublé d'être si proche d'elle, je n'ai jamais été autorisé à le faire auparavant.

Elle me dit :

"- Gustavo, mon fils. Je suis fière de toi, de l'homme que tu es devenu, de la famille que tu as construite. Ma petite fille a toujours été une source de bonheur pour moi. A ce sujet, j'aimerais que tu sois plus clément avec elle. Ta fille a choisi de fuir notre royaume, toute la pression de vivre ici était trop pesante pour elle. Elle est différente, elle est libre dans son coeur et dans sa tête. Tout ce que j'étais mais que l'on m'a empêché d'être, parce que mon père était buté et puis ce n'était pas la même époque. Ta fille est un rayon de soleil. Elle illumine les endroits partout où elle va. Elle a un charisme et une grâce innée. Elle sera adoré par les habitants de notre pays. Elle a quelque chose de spécial. Tu ne le sais peut-être pas, mais elle est amoureuse de quelqu'un qu'elle a rencontré récemment. Ne t'emballe pas, et écoute-moi, il n'est pas prince. Mais, elle l'aime de tout son coeur. Elle est malheureuse et brisée loin de lui. J'ai moi-même vécue cette situation et j'ai toute ma vie regretté de ne pas avoir pris la bonne décision et de ne pas l'avoir choisi lui, plutôt que le prince que mon père m'avait désigné d'office. Alors, et je t'en conjure, ne te comporte pas ainsi avec ta fille. "

Elle reprend son souffle quelques secondes. Je suis étonné de ce que ma mère m'apprend sur sa propre vie, et je réalise la dureté de sa vie, toujours parfaite en tant que reine et tellement malheureuse en tant que femme. Je n'avais pas pensé à cela. Je croyais ma mère heureuse et accomplie. Je viens de me prendre une énorme claque. Elle poursuit :

"- Je te le demande comme les derniers souhaits d'une femme mourante. Laisse ta fille se marier avec l'homme qu'elle aime, elle n'en sera qu'une meilleure reine. Si elle est heureuse dans sa vie de femme, elle apportera de bonnes choses pour notre pays et notre royaume. Je ne souhaite pas que ma petite fille vive la même déception que moi."

Elle se repose encore. Elle me regarde les larmes aux yeux. J'ai mal dans mon coeur. J'ai également les larmes aux yeux. Elle attend que je lui promette. C'est difficile pour moi de changer tout le protocole de penser autrement que tout ce que l'on m'a enseigné pendant toutes ces années, mais je le dois bien à ma mère. Alors je lui promet :

"- Je ferais selon vos volontés, mère !"

Elle sourit et son visage s'illumine à nouveau. Elle pleure, j'essuie ses larmes avec le bout de mes doigts. Je crois que du plus loin que je puisse me souvenir, c'est la première fois, que je touche le visage de ma mère. Je suis ému. Je la serre dans mes bras, je sens son souffle dans mon cou, son dernier souffle, je me dis tristement. Je suis proche d'elle, elle me laisse, ses mains faibles entourent ma taille. Je reste ainsi quelques minutes à pleurer et à savourer ce contact sentimentale avec ma mère. 

" Tu peux m'appeler, maman ! J'aurais dû te laisser m'appeler maman quand tu étais enfant. Je t'aime mon fils, énormément, et je souhaite que tu sois un père exemplaire pour notre future reine. Elle est tellement adorable et délicieuse, je te félicite, mon fils, tu as mis au monde une magnifique créature qui, j'en suis sûre, va bouleverser notre pays. Je t'aime de tout mon coeur mon fils, je t'ai toujours aimé, mais je ne te l'ai pas beaucoup montré."

Elle est de plus en plus faible, et parler n'arrange rien. Je la serre encore dans mes bras, elle ferme ses yeux, son visage s'apaise. Ses bras ne me serrent plus, et je ne l'entends plus respirer dans mon cou. Je me redresse et je constate avec désespoir et tristesse, que ma mère est morte dans mes bras. Je m'écroule sur son corps en pleurant. Je ne voulais pas la perdre, j'avais encore tellement de choses à lui dire. Je sonne pour appeler une infirmière. On me sort de la chambre, je marche l'âme en peine. Je ne sais plus où je suis, je suis juste un corps vide, anéanti qui avance par habitude. Ma mère est morte. Je ne réalise pas. Je m'adosse au mur du couloir, mes jambes ne me portent plus. Je me laisse glisser le long du mur, ma mère est morte.......

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Encore un triste chapitre. Bonne lecture.



Coup de coeur surprenant // CHANYEOLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant