Noir.
Il faisait noir. Totalement. Un noir sombre, angoissant. Une obscurité complète, qui le prenait aux tripes, distillait en lui une terreur sans nom. Plus rien n'était visible, noyé dans un univers sombre, ou la nuit régnait, maîtresse impitoyable.
La peur l'oppressa, cruelle. Elle lui compressa la poitrine, fit battre son coeur à un rythme effréné. Dans un réflexe inutile, il scruta une fois encore les ténèbres, dans l'espoir de trouver une lumière. Rien, et toujours cette obscurité affolante.
La chambre immense lui parut à la fois épouvantablement petite et effroyablement grande. Il ne se sentait pas en sécurité, comme si un danger rôdait, tout près de lui, le frôlant, se délectant de sa frayeur.
Ses mains tremblantes cherchèrent avec espoir l'interrupteur. Il ne le trouva pas, perdu dans les ténèbres de la nuit. Paniqué, il réprima un cri pour ramener immédiatement ses paumes contre lui, mû par une crainte étrange qui lui disait qu'il ne devait pas s'aventurer loin de son lit sous peine de se faire dévorer par quelque chose de terriblement effrayant.
Son souffle se perdit, sa poitrine se soulevait trop vite, son coeur battait à un rythme affolant, l'adrénaline coulait dans ses veines. Il voulait hurler, supplier. Il n'en eut pas la force et sentit bientôt un goût amer envahir sa bouche alors que ses entrailles se tordaient et qu'un froid insidieux se répandait en lui.
De nouveau cette sensation au fond de sa gorge. Ce goût amer qui le ramena vingt ans en arrière, quand il était petit et qu'il allait pleurer.
Il souhaita se reprendre, vaincre sa peur, rejeter cette angoisse sourde qui le tiraillait, cette terreur irrationnelle qui lui broyait le ventre, cette frayeur indicible qui s'emparait de son être tout entier.
Pourtant, les larmes coulèrent sur ses joues. Froides et chaudes à la fois. Elles le pétrifièrent bien plus que sa peur, et il les sentit rouler le long de sa gorge. Les draps se froissèrent quand il tenta une nouvelle fois de trouver la lumière, désespérément. Un courant d'air caressa le dos de sa main et il gémit de terreur en la serrant contre lui, ses yeux continuant inlassablement de pleurer.
Il agrippa les couvertures, les rapprochant de son corps pour essayer d'éloigner la terreur qui l'habitait. Il ferma les yeux, crut entendre un bruit, les rouvrit en sanglotant.
Ses yeux scrutèrent avec angoisse l'obscurité. Il craignait que quelque chose ne surgisse d'un instant à l'autre pour s'emparer de lui.
Les monstres qui se cachaient sous le lit de chaque enfant n'étaient chez lui jamais partis. Ils étaient là, rôdant dans le noir. Guettant la moindre occasion de s'en prendre à lui.
De nouveau cette peur qui fit tomber sur son coeur une chape de plomb. Ses membres s'engourdirent alors que le flot de ses larmes était encore loin de se tarir.
Il se roula en boule sous les couvertures en pleurant comme un gamin terrorisé. Il n'était plus courageux, il n'était plus moqueur, il n'était plus souriant. Mais ce n'était plus un enfant.
Qu'importe, il avait peur. C'était un adulte. Un adulte terrorisé.
L'obscurité l'enveloppa, ses larmes coulèrent, son corps se recroquevilla, ses poings se serrèrent. Un appel au secours se coinça dans sa gorge. Il n'avait pas les armes pour affronter sa peur, tout juste la force de pleurer.
La couverture se rabattit sur lui, fragile obstacle contre ses démons.
Sting hurla.
▫️▫️▫️▫️▫️
Et Rogue l'entendit.
Au beau milieu de la nuit, alors que les ténèbres étaient plus épaisses et le sommeil plus profond, il discerna ce cri de terreur pur. Il su immédiatement par qui il était poussé, et n'eut pas de mal à deviner pourquoi.
Les couvertures volèrent, en quelques secondes il fut debout. Yukino se réveilla avec un gémissement plaintif mais il alluma la lumière sans états d'âmes.
Il n'en avait plus rien à faire de ce manoir. Il se fichait que tout le monde soit réveillé. Ca lui importait peu qu'ils passent une mauvaise nuit.
Il avait entendu le cri.
Yukino ne comprit pas. Elle ne put qu'observer. Elle vit Rogue sauter du lit, sourcils froncés, traits crispés, inquiet au possible. Elle le regarda s'emparer de son gilet et sortir en coup de vent de la pièce, la porte claquant fortement derrière lui, sans l'avoir regardée. Elle resta là, indécise, à moitié endormie. Elle ne comprit pas.
Rogue ne perdit pas de temps. Pas la moindre seconde. Une angoisse sourde montait en lui. De l'inquiétude, aussi. Une inquiétude terrible, qui lui serrait le coeur et fronçait ses sourcils.
Ses pieds nus résonnèrent contre le sol de pierre puis s'enfoncèrent dans l'épais tapis dont il n'apprécia pas la douceur, au rythme de sa course effrénée. Il faillit heurter un mur, casser deux vases et ouvrit par erreur la porte de la chambre d'Anna et d'Acnologia, qui par bonheur n'y étaient pas. Il prit des tournants serrés, dérapant sur le sol, s'écorchant les pieds, ne sachant quel chemin emprunter.
Il se perdit dans le labyrinthe de couloirs qu'était le manoir. Tout à sa panique, il avait tourné à droite en sortant de la chambre et emprunté le mauvais corridor. Ses pensées focalisées sur Sting, probablement terrifié, lui firent serrer les dents.
Il ne se soucia pas de la lumière allumée en bas.
Il fit demi-tour, dérapa de nouveau, couru plus vite encore. Les yeux vissés sur les pancartes ornant les portes de chambres, il longea au pas de course celles de ses camarades pour trouver avec un soupir de soulagement et un poids en moins sur la poitrine celle gravée de la mention « Minerva et Sting Eucliffe ».
Brusquement, voire violemment, il l'ouvrit, laissant entrer le maximum de lumière.
Sting sentit la présence de Rogue plus qu'il ne la vit. Des rayons de lumière perçant l'abri de ses draps, ses couvertures qui volèrent. Deux bras qui l'entourèrent avec force, le berçant comme l'aurait fait une mère. Comme le faisait un frère.
Une main qui essuya patiemment ses larmes en allumant la lumière. Un gilet posé sur ses épaules, des paroles rassurantes. De nouveau une étreinte réconfortante.
Sting ne savait, ne voyait plus grand chose. Il était amorphe, dans un monde flou. Sous le choc de la frayeur ressentie.
Mais il savait une chose avec certitude.
Il était en sécurité.
NDA : Hey, salut ! Je viens à peine de rentrer d'Ecosse et j'aime le décalage horaire XD Un petit chapitre pour fêter ça ? X)
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Bodyguards [Tome 2]
FanfictionArbaless, ses plages lumineuses, sa mer d'un bleu pur, ses montagnes enneigées aux sommets immaculés et ses gangs mafieux... Voilà à quoi se résument les vacances des recrues de l'Agence Dragneel et de leurs gardes du corps. L'association criminell...