Mal.
Elle avait mal. La douleur se faisait si lancinante, si impitoyable, si présente, que son esprit devenait incapable de penser à autre chose. Rien d'autre ne comptait vraiment, pas même les rares coups que se risquait parfois à lui donner son tortionnaire quand elle l'agaçait à un point trop élevé avec son mutisme. Même lui avait remarqué son état, et il voulait la garder en vie alors pour le moment il se bornait à essayer de la faire craquer sans user de force brute.
Après tout, comment aurait il pu se douter que son esprit avait déjà atteint ses limites depuis longtemps, et que toutes les atrocités qu'il lui susurrait au creux de l'oreille ne lui faisaient plus ni chaud ni froid ?
D'ailleurs, elle ne ressentait plus grand chose. A part son corps qui lui semblait hurler son agonie, jusqu'à la plus minuscule de ses cellules, et cette étincelle d'espoir qui ne voulait pas s'éteindre, lui disant que tout serait bientôt fini, Minerva avait presque l'impression d'être devenue totalement insensible. Ou trop, justement, elle ne savait plus vraiment.
Plaquée de force contre ce mur froid et désagréable aux briques rugueuses, maintenue fermement par des sangles de cuir et des chaînes d'acier, elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait pu bouger un peu. Ses muscles engourdis se rappelaient douloureusement à elle, et ses bras la tiraillaient atrocement. Elle aurait tout donné pour pouvoir faire quelques pas dans la pièce, même si elle doutait que ses jambes puissent la soutenir, inactives depuis trop longtemps. Ce n'était pas tant ses blessures, au final peu nombreuses et somme toute bénignes -Gienma ne souhaitait pas sa mort, pour elle ne savait quelle raison, mais elle savait déjà que quel que soit le motif de sa survie, elle n'allait pas l'apprécier.
Ses lèvres sèches, rendues gercées par le manque d'eau, n'avaient pas laissé filtrer une seule information. Son fichu géniteur s'était il donc imaginé qu'elle lâcherait tout sous l'effet de la simple douleur ? Il l'avait torturée toute son enfance durant, elle l'en remerciait presque puisque ça avait eu le mérite de la rendre moins sensible, et surtout incroyablement bornée.
Elle prenait plaisir à voir les yeux si noirs de Gienma se remplir de haine, et ce visage tant haït se tordre à chacune de ses provocations. Elle adorait voir sa main se stopper à quelques centimètres de son visages, quand il se rappelait que la frapper n'amènerait rien si ce n'était son décès puisque personne ne la soignait. Heureusement, si elle devait mourir de quelque chose, ce ne serait sûrement pas à cause du fouet de son tortionnaire. Il en fallait bien plus pour ouvrir une blessure mortelle, son père s'était retenu. Non, elle ne mourrait pas de sa main directe, mais sûrement de déshydratation.
C'était ce qui commençait à lui peser le plus. Le manque d'eau, et de nourriture. Elle avait eu le droit à quelques repas, et à de quoi se désaltérer, mais jamais jusqu'à satiété. Minerva rêvait d'un steak, quand elle n'était pas trop occupée à résister face au regard angoissant de son géniteur.
La jeune femme releva un peu la tête, tentant de remettre ses cheveux noirs en place pour ne pas qu'ils lui barrent la vue. Emmêlés et sales, ils lui pendaient devant le visage de manière lamentable, et sans ses mains pour les replacer, la brune devait percevoir le monde à travers un rideau de mèches en batailles la plupart du temps.
Enfin, pas qu'il y ait grand chose à voir non plus, mais elle aimait bien garder un oeil sur Gienma, surtout quand il se penchait sur cette table couverte de paperasse, lui exposant son dos. Si elle avait possédé une quelconque arme... Rien qu'une simple fourchette, elle n'aurait pas manqué l'occasion. Quand elle trouverait une faille -puisqu'un jour viendrait forcément où Tartaros ferait une erreur- elle s'en donnerait à coeur joie.
Minerva braqua sur lui ses yeux verts, espérant que même de dos il puisse sentir la puissance de son ressentiment envers lui, espérant qu'il en frissonne, qu'il en ait peur. Il ne savait pas à quel point elle le haïssait, ni à quel point ces sentiments toxiques la rongeaient de l'intérieur. A quel point elle avait envie de relâcher toute sa rage, et de lui faire payer enfin pour ses actes ignobles.
Ce salaud avait tué sa mère, et terrifié la petite fille qu'elle était alors. Il l'avait utilisée, formée, et entraînée dans ses sales manigances. Le jour où elle avait eu le courage de déposer son témoignage, de porter plainte, permettant ainsi de trouver les preuves qui manquaient afin de le condamner, elle s'était senti pousser des ailes. Minerva, ce jour là, pensait qu'il ne pourrait plus jamais entrer de nouveau dans sa vie.
Elle avait retenu la leçon, à présent. Les seuls qui ne sont plus à même de troubler une existence, ce sont les morts.
Elle le tuerait, de ses propres mains si il le fallait. Elle ne le laisserait plus jamais jouer avec elle, détruire son monde et la paix durement acquise. Elle refusait de lui céder la victoire, de lui donner la satisfaction d'avoir réveillé des traumatismes. Elle n'était plus la gamine effrayée qu'elle avait été.
Et pourtant, il la terrifiait toujours, d'une peur qui la figeait, l'empêchant presque de penser.
Minerva était terrorisée par cet homme qui se disait son père. Il était allé jusqu'à l'enlever, juste pour la forcer à lâcher les noms de ceux qui l'avaient aidée à le jeter en prison, dans l'optique de se venger, et de la reprendre sous sa tutelle, comme avant.
Gienma, insensible à tous les tourments de sa fille qu'il n'aurait pu deviner puisque silencieux, continuait de trier des papiers que la jeune femme ne parvenait pas à lire. Il le faisait souvent, s'arrêter en plein milieu d'une de ces séances de torture psychologique dont il avait le secret, pour se mettre brusquement à lire avec attention ces bouts de feuille. Minerva se demandait ce que ça pouvait bien être, pour qu'il y accorde tant d'attention. Pour qu'il renonce au plaisir de la torturer, en tout cas, elle devinait le contenu important.
Mais ni l'un ni l'autre n'eut vraiment le loisir de continuer son activité des plus enrichissantes, puisque des bruits de pas ne tardèrent pas à résonner dans le couloir, bien vite suivis du mouvement de la poignée de la cellule qui tourna sans un bruit. La porte claqua contre le mur alors qu'un coup de pied bien sentit l'envoyait voler avec énergie, et que le propriétaire de la chaussure marron qu'ils apercevaient gueulait -une voix qui faillit déclencher une crise cardiaque chez Minerva :
- Je te jure mec, si celle là c'est pas la bonne je retourne la voir et je la... commençait un certain blond un peu trop caractériel, avant de se stopper en plein milieu de sa phrase, peinant à croire ce qu'il voyait.
Minerva, elle, laissait son regard errer sur lui en se demandant si le rêve n'était pas un peu trop beau. Blessé, mais bien vivant, ses yeux toujours aussi bleus étaient soulignés de cernes incroyables et le sang qui coulait sur sa tempe avait tâché ses cheveux. Son torse nu présentait quelques contusions et entailles, ainsi que plusieurs plaies. Il était totalement débraillé, plein de sang et de poussière, les cheveux sales, et sur son visage s'étalait un sourire qui lui donnait un air des plus idiots.
Pourtant, elle ne fit même pas attention aux deux autres silhouettes qui se profilaient derrière lui, tant il lui paraissait irradier. Elle n'aurait jamais cru, de toute sa vie, pouvoir un jour être à deux doigts de pleurer en voyant Sting Eucliffe.
- Je suis là, Mademoiselle, finit il par lui lancer, alors qu'elle percevait à peine, en fond, Rogue se jeter sur Gienma.
- T'es en retard, idiot, réussit elle à répondre avant que les larmes ne déferlent.
NDA : T^T
ENFIIIIIIIIIIIIIIN ! LE MOMENT EST VENU ! BON SANG LE STINERVA M'A MANQUE A UN POINT DIFFICILEMENT IMAGINABLE ! Je suis heureuse, il m'en faut peu :3
Pour faire redescendre le taux de béatitude et de joie élevé que ce chapitre a dû éveiller, ma partie un peu sadique ne peut s'empêcher de vous annoncer qu'il va falloir attendre une semaine pour la suite... Désolée XD
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Bodyguards [Tome 2]
FanfictionArbaless, ses plages lumineuses, sa mer d'un bleu pur, ses montagnes enneigées aux sommets immaculés et ses gangs mafieux... Voilà à quoi se résument les vacances des recrues de l'Agence Dragneel et de leurs gardes du corps. L'association criminell...