Chapitre 15 : Nom maudit

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Il était tôt, et pourtant Levy avait déjà un livre sur les genoux. Pas pour le plaisir, cependant. Il fallait dire que même pour elle se taper le registre des naissances d'Arbaless n'avait rien de très palpitant. Heureusement, Gadjeel y mettait aussi un peu de bonne volonté et jouait le rôle du scribe, notant scrupuleusement tout ce qu'elle lui disait.

Pourquoi en était elle rendue là, à éplucher un ouvrage aussi barbant, et surtout qu'est ce que tout ça avait à voir avec Tartaros ? Et bien pas grand chose. Leurs recherches portaient plus sur le criminel Gienma, sur une demande des forces de l'ordre, que sur l'enlèvement de leurs amis. Il fallait dire que cette affaire là n'avançait pas. On ne trouvait plus d'indices, et ils n'avaient aucun moyen en leur possession permettant de localiser la base de l'organisation criminelle responsable de tous leurs tracas.

Mais sur l'heure ils ne pouvaient rien y faire, et un très mauvais pressentiment assaillait Levy. Elle ne l'avait dit à personne, pas même Gadjeel, et les informations lui avaient été transmises dans le plus grand secret. Son garde du corps était bien sûr au courant de ce qu'il fallait faire, mais seulement grossièrement. Elle n'avait pas voulu entrer dans les détails et lui donner plus de précisions.

Parce que ça lui faisait peur. Ce qu'elle pouvait découvrir si son intuition était bonne, ça la terrifiait. Mais en même temps, peut être que ça permettrait de faire avancer l'enquête sur l'enlèvement... 

Toute à ses pensées noires, Levy ne se rendit pas compte qu'elle avait arrêté de tourner les pages, ni qu'elle fixait un point sans le voir. Elle ne s'aperçut pas qu'elle était complètement crispée dans son fauteuil sous le regard inquiet de Gadjeel.

Ce dernier, voyant qu'elle ne réagissait pas à sa voix, secoua sa main devant son visage. N'obtenant aucun résultat, il haussa le ton, et elle sembla enfin se dégeler, le regardant d'un air un peu perdu.

Gadjeel se passa une main dans les cheveux, ce qui lui tira une grimace quand il tomba sur un noeud, et finit par lui lancer, plantant ses singuliers iris rouges dans les grands yeux doux de sa protégée :

- Bon, tu vas finir par cracher le morceau ou il faut que j'aille chercher moi même ?

- C-comment ça ? s'étonna la jeune femme, en faisant tomber son livre.

Nouveau soupir. Le jeune homme prit le temps de ramasser l'ouvrage et de l'épousseter avant de rétorquer, plutôt doucement conscient qu'elle était sans doute fatiguée et que la brusquer n'était pas la meilleure chose à faire :

- Levy... Je suis pas totalement idiot, j'ai compris qu'il y avait un truc louche. 

Elle baissa la tête, ses cheveux bleus n'étant pas assez longs pour cacher entièrement son visage, et ses mains se serrèrent. Elle hésitait. Pas qu'elle pensât Gadjeel trop idiot pour ne pas saisir l'importance capitale de l'information, ou quelque chose du même genre, mais savoir ça était synonyme de danger, et elle ne voulait pas l'exposer, quand bien même il était son garde du corps. Il lui était cher, et le savoir en danger était bien la dernière chose qu'elle souhaitait. Elle aussi voulait le protéger, à sa manière.

Pourtant, elle ne put se résoudre à lui cacher une telle information. 

- Et bien... Tu sais que nous devons chercher tous les possibles liens de Gienma, familiaux notamment, pour aider les forces d'Arbaless... commença la petite écrivaine en relevant la tête, soudain déterminée.

- Oui ? l'encouragea Gadjeel, buvant ses paroles.

- Et bien, pour que nous puissions effectuer nos recherches ils m'ont donné toutes les informations qu'ils possédaient sur lui. Dont son nom de famille... 

Levy se tut brusquement. Elle avait encore du mal à le réaliser entièrement, alors le dire ainsi à voix haute... C'était dur. Son garde du corps, patiemment assis en tailleur près d'elle, un sandwich en main, attendait qu'elle finisse. La jeune femme prit son courage à deux mains, inspira un bon coup, et lâcha la bombe à voix basse :

- Orlando. Il s'appelle Gienma Orlando.

Gadjeel resta un moment figé, interdit, peinant à assimiler ce qu'il venait d'entendre. Levy le fixait, inquiète, et horriblement anxieuse. Enfin, il tenta avec un semblant de sourire :

- C'est peut être juste une coïncidence... ? Il y a plein de personnes avec le même nom de famille, tu sais.

Mais Levy secoua la tête, les lèvres pincées, le regard empli d'une tristesse et d'un doute infini. Elle ôta le registre des naissances des mains de son partenaire et feuilleta l'ouvrage lentement, comme pour retarder au maximum la page sur laquelle elle allait tomber. Gadjeel patienta, tendu au possible, refusant de croire ce que la jeune femme insinuait. Ce n'était pas possible ! Et puis, quand bien même ç'aurait été vrai, Yukino voire Sting auraient été au courant... Aucun des deux n'avaient réagi lorsque la nouvelle de la libération de Gienma était tombée. Ce n'était pas possible... 

Et pourtant, Levy, ayant enfin trouvé la page qu'elle cherchait, brandit le livre ouvert presque malgré elle, les poings serrés.

Gadjeel déchiffra automatiquement les lignes s'étalant sous ses yeux. Il dû s'y reprendre à trois fois pour enfin comprendre.

Gienma Orlando était bel et bien le père de Minerva.

- Mais comment... Pourquoi est ce que... bafouilla t-il, troublé, n'arrivant plus à aligner correctement ses pensées pour en tirer une phrase correcte.

Le livre tomba à terre, lâché par Levy n'ayant soudainement plus la force de le tenir dans ses mains. Une larme roula sur sa joue, et elle osa enfin dire ce qui la tiraillait depuis un petit moment déjà :

- Et si... Et si Minerva n'avait pas été enlevée ? Si elle avait juste suivi son père ? Ou si c'était elle qui avait kidnappé Grey et Juvia... Pour lui ?

Cette effrayante théorie lui trottait dans la tête. Aucune piste n'était négligeable, et même si elle se haïssait à penser ce genre de choses, on avait aucune preuve que ça ne se soit pas passé ainsi. Elle refusait de croire que ça pouvait être véridique, mais tout au fond de sa tête sa conscience lui hurlait de ne rien laisser de côté. 

Elle doutait de son amie, et pour ça elle se détestait.

Gadjeel, comprenant son cheminement de pensées, soupira une nouvelle fois. Il dégagea ce maudit registre de naissances et essuya doucement les larmes de Levy du bout de son manteau. Cependant, d'autres affluèrent et les poings de la jeune femme ne se desserrèrent pas.

Il l'attira à lui délicatement, et se contenta de la rassurer du mieux qu'il le pouvait.

Qu'était il en mesure de faire d'autre ?

NDA : Et on retourne à la bibliothèque où l'ambiance n'est pas hyper joyeuse

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NDA : Et on retourne à la bibliothèque où l'ambiance n'est pas hyper joyeuse. Mais ce lien ne sera t-il pas utile pour l'enquête... ?


Bodyguards  [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant