Chapitre 9 : Equipe de choc

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- On va où ? soupira pour la énième fois Erza, la joue appuyée contre la vitre, regardant les voitures défiler, ennuyée.

- C'est une surprise, rétorqua Anna, les mains sur le volant et les yeux rivés sur la route.

- J'ai plus quinze ans je vous signale, j'ai passé l'âge des surprises, râla la rousse, agacée par le mutisme des deux idiots qui l'avaient tirée du sommeil pour la traîner dans une voiture à trois heures du matin.

A la rigueur, qu'ils la réveillent, y'avait pas de problème. Mais qu'ils la kidnappent, c'était autre chose ! En plus, elle avait même pas pris de petit déjeuner, et elle crevait de faim. Anna et Acnologia avaient intérêt à ce que ce soit important, ou en rapport avec l'affaire enlèvement, parce que sinon, gradés militaires ou pas, elle allait leur foutre son poing dans la gueule !

Devant, les concernés ne prêtaient pas attention au regard meurtrier d'Erza qui leur était adressé. Il aurait pourtant fait fuir un chien enragé.

Anna chantonnait un air dans une langue rugueuse étrange et Acnologia tapotait en rythme sur ses cuisses, tous deux un grand sourire sadique aux lèvres, lançant de temps à autre un regard satisfait à la rousse, en ébullition, qui menaçait de les étrangler d'un instant à l'autre.

Les lampadaires allumés défilaient, leur lumière aveuglant parfois Erza. La jeune femme riva sur ses aînés des yeux noirs, et serra dans sa main droite la poignée de portière pour s'empêcher de leur coller une droite. La jeune femme se força à respirer, sans penser au potentiel double meurtre qu'elle risquait de commettre dans peu de temps.

La patience, ça avait jamais été son point fort. Elle ne savait pas attendre. Elle voulait tout savoir, tout faire. Et surtout, elle détestait être laissée dans l'ignorance. Alors savoir qu'Anna et Acnologia jouaient avec elle, sur la corde sensible, ne faisait que la rendre plus impatiente encore. Et plus agacée, aussi.

Elle pianota lourdement sur le plastique de la portière tout en crispant son autre main sur sa ceinture de sécurité pour s'empêcher de la crisper sur le cou d'Acnologia et de pianoter sur le joli visage d'Anna.

Puis elle se dit qu'elle avait peut être des pensées trop violentes, avant de décider qu'elle s'en foutait parce que son envie de meurtre était trop forte. Il fallait préciser, quand même, qu'elle n'avait pas eu beaucoup de repos ces derniers jours, que Jellal l'inquiétait avec ses cauchemars incessants, que la super ambiance de merde du Manoir commençait à peine à s'améliorer après un mois de déprime pure et qu'ils n'avaient toujours pas de nouvelles des otages ou de Tartaros. Elle aurait donc apprécié qu'on la ménage un tant soit peu, ne serait ce que pour lui éviter la crise de nerfs qu'elle se sentait à deux doigts de faire.

Mais elle ne tint pas bien longtemps dans ce pseudo-calme d'apparence, et finit par exploser sans grande surprise :

- Bon, vous allez me dire où vous me conduisez bordel de merde ?! 

Un magnifique hurlement, témoin d'une belle puissance vocale (en toute modestie), retentit dans le petit habitacle. Acnologia eut la délicatesse de grimacer en portant une main à ses oreilles, mais Anna continua à conduire en sifflotant, totalement indifférente. Du reste, ni l'un ni l'autre ne daignèrent répondre, se contentant d'échanger un regard amusé accompagné d'un sourire amusé.

Erza n'aimait pas qu'on la laisse dans l'ignorance, certes. Elle n'avait aucune patience, d'accord. Mais si quelque chose la mettait hors d'elle, c'était bien qu'on se foute de sa gueule.

Ni une ni deux, la ceinture de sécurité vola, et une jeune femme au dangereux sourire passa sa tête entre le siège passager et le siège conducteur. Elle posa durement ses mains sur les côtés des dossiers et tourna lentement sa tête vers les deux crétins qui lui servaient de supérieurs.

Bodyguards  [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant