Chapitre 43 : Résignation

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Grey se redressa doucement, pour ne pas réveiller son garde du corps, qui pour une fois avait réussi à trouver le sommeil sans trop de peine. Il ne savait pas quelle heure il était, à vrai dire le temps devenait pour lui une notion plus qu'abstraite, mais puisque les néons de leur cellule brillaient encore, projetant une lumière blafarde sur les murs, il en déduisit que la nuit ne tombait pas encore, dehors. Un bâillement lui décrocha la mâchoire. Ces derniers temps, il avait l'impression que sa vie ne se résumait plus qu'à une longue sieste, parfois entrecoupée de rares moments de lucidité, qui lui servaient à manger, se laver quand leurs geôliers consentaient à leur laisser un peu d'intimité, et surtout, s'inquiéter.

Il devenait fou, il en était persuadé, enfermé entre ces quatre murs. Parfois, il se demandait si c'était normal de paniquer autant, de penser à des milliers de théories jour et nuit. Et si il s'était écoulé plus que quelques semaines ? Et si Minerva, dont ils ne parvenaient pas à avoir de nouvelles, avait été tuée ? Et si ils étaient enfermés dans cette pièce depuis si longtemps que tous avaient oublié jusqu'à leur existence ?

Grey ne pouvait empêcher son esprit survolté d'élaborer des hypothèses plus farfelues les unes que les autres sur tout et n'importe quoi. Parfois, c'était tellement idiot que ça le faisait sourire. La partie rationnelle de son cerveau, ou Juvia quand elle ne se sentait pas trop mal, l'arrêtait la plupart du temps avant que ça ne s'envole trop loin. Mais un petit morceau de lui, tout au fond, doutait quand même, encore et toujours. Ce "et si ?" perpétuel l'ancrait dans une instabilité permanente, et la plupart du temps il préférait ne pas formuler ne serait ce qu'une pensée à propos de ça. Seulement, parfois, des périodes de doute et d'angoisse extrême lui tombaient dessus, d'un coup, si violemment, qu'il n'arrivait même pas à se débattre. 

Commençaient alors les heures d'insomnies, de questionnements existentiels incessants, d'inquiétude et de paranoïa. A toute heure du jour ou de la nuit, il se trouvait soudain assaillit de tonnes de pensées si effroyables qu'elles glissaient dans tout son corps un mal être pernicieux, indicible, qui ne le quittait qu'après de nombreuses séances curatives passées à contempler le sourire lumineux de Juvia.

C'était fou ce que cette fille pouvait l'apaiser. Et le tracasser plus que de raison, aussi, paradoxalement. Juvia, bien qu'en meilleurs état que quelques jours plus tôt -la fièvre semblait tomber progressivement, et elle respirait mieux- continuait de le tenir éveillé. 

Dire qu'il craignait pour sa santé était un euphémisme. Il était littéralement obsédé par la simple idée qu'elle ne se sente pas bien, et surtout ne comprenait pas vraiment comment une simple chose pouvait être responsable de tant d'heures de tourments. Juvia représentait, dans cet univers un peu étrange mais auquel il s'était habitué, composé de mafieux, de crises et de périodes apaisées, tout ce en quoi il pouvait encore se raccrocher.

L'espoir que quelqu'un viendrait les chercher se fondait sur du vent, rien de concret. Un rêve futile. L'espoir d'enfin comprendre pourquoi on les avait ainsi kidnappés, de manière si barbare, n'était guère mieux. A vrai dire, il désespérait encore plus de comprendre la raison de cette prise d'otage que de voir débarquer Anna et sa clique. Tempester, de nombreuses fois interrogé, avait dû finir par en avoir marre, ou prendre en pitié sa tête fatiguée et ses joues creuses, car au bout du compte il s'était résigné à leur dire que ce n'était ni pour l'argent ni pour un possible règlements de comptes.

" Vous étiez juste avec la mauvaise personne, au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est ce qu'on appelle la poisse. "

 Aucune rançon n'était demandée à quiconque. Aucun espoir de sortie. 

Juste une attente éternelle, à se demander ce qu'il allait advenir de leurs pauvres âmes perdues et oubliées du monde extérieur. La Terre ne s'arrêtait pas de tourner, et Grey savait mieux que quiconque à quel point la célébrité était éphémère ; on aurait tôt fait de le remplacer par quelqu'un d'autre sous le feu des projecteurs. Il resterait peut être cette aura de mystère planant autour de ce soir d'été où il avait brusquement été enlevé, un numéro spécial dans un magazine culturel où l'on exhumerait à l'occasion de vieux rapports de police, des photos d'archives, et où on conclurait tristement qu'aucun corps n'avait jamais été retrouvé, et que cet enlèvement se solderait pour toujours dans les livres par un grand point d'interrogation.

Il s'était résigné, presque, à ce destin. Ce n'était pas comme si la vie lui offrait une autre voie. Maintenant, ses occupations consistaient à refaire le monde à coup d'hypothèses, s'inquiéter de la santé de sa compagne et de l'heure du prochain repas, ou se perdre quelques minutes dans les yeux si bleus de Juvia pour oublier leur triste situation. D'ailleurs, Tartaros ne s'y était pas trompé. Seila, sans doute habituée à voir cette lueur d'espoir s'éteindre dans les yeux des otages qu'elle gardait -Grey n'était pas dupe au point de penser qu'ils étaient les premiers, leur avait même ôté les menottes depuis quelques temps. Elle savait qu'ils n'essaieraient plus de se rebeller.

La rébellion, il y avait un moment qu'ils n'y pensaient plus. Depuis que Minerva leur avait été ôtée suite à cette tentative désastreuse d'évasion. Une ardeur si facile à briser... Le temps s'en chargeait mieux que les coups.

Pourtant, alors qu'il se recouchait auprès de son garde du corps et qu'elle lui caressait tendrement la joue en faisant des cercles avec le pouce, pour l'apaiser, il sut que ses questions ne resteraient pas sans réponse. Avec les bruits de pas dans le couloir arriva l'espoir, sentiment alors considéré comme mort.

Sans savoir vraiment comment ils savaient que quelque chose d'extraordinaire se déroulait -la façon de marcher, peut être, qui n'avait rien à voir avec les bruits habituels-, ils se redressèrent en même temps, animés par une dernière lueur de volonté de s'en sortir. Les doigts de Grey vinrent trouver ceux de Juvia, qu'il entremêla aux siens à la recherche d'un peu de réconfort, tendu à l'extrême, le souffle coupé.

Leur respiration suspendue attendait l'impensable pour reprendre.

La porte, finalement, s'ouvrit sur un Cobra accroupit, poignard en main, fier de ses talents de cambrioleur, puisqu'il venait de crocheter la serrure sans réelles difficultés.

- Salut les gars, on passait dans le coin alors on s'est dit qu'on allait faire un tour par ici. C'est mignon chez vous, très joli système de sécurité !

NDA : ENFIIIIIIIIIIIN ! Vous pouvez hurler de joie et enfin effectuer votre danse de la victoire avec soin chorégraphiée en prévision de ce jour historique puisque nous y sommes chers amis LA FIN DE CE LIVRE EST PROCHE ~ Désolée pour les fautes qu...

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NDA : ENFIIIIIIIIIIIN ! Vous pouvez hurler de joie et enfin effectuer votre danse de la victoire avec soin chorégraphiée en prévision de ce jour historique puisque nous y sommes chers amis LA FIN DE CE LIVRE EST PROCHE ~ Désolée pour les fautes qui traînent, je ne me suis relue que vite fait X)


Bodyguards  [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant