Lysa - 17 -

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Entre l'ambiance merdique à la maison depuis mon enfance et ma vie de couple avec Sam qui fut un retentissant échec, Ethan a été, je pense, le seul rayon de soleil qui est venu éclairer mes jours sombres.

Dans ma vie imaginaire où je me souhaitais bien du bonheur, il a éteint la lumière éclatante qui m'éclairait. Ne laissant que de la noirceur, il a foulé mon sol dans ce vaste firmament. Passant aussi vite que l'éclair, sans s'arrêter sur son chemin, il a tout balayé sur son passage, moi y compris : cette mauvaise graine semée sur son champ de bataille parmi sa collection de belles plantes.

Les comparaisons peuvent paraître bien étranges, pourtant c'est ainsi. Il a changé mon paradis en monde noir. L'impossibilité de l'oublier est mon enfer sur cette terre, tout comme mon esprit douloureux dans lequel il reste encore solidement ancré.

Où sont passées ces plus belles journées destinées à mourir d'amour?

La tête à demi dans mes pensées, à demi sur le symbole de la marque du véhicule stationné face à moi, j'enclenche ma vitesse afin de terminer ma manœuvre pour me garer d'une manière décente sur ma place de parking.

Mon tape-cul verrouillé, j'avance dans le déclin du jour, quand un bruit impressionnant de moteur fait crisser ses pneus de voiture. Je me retourne, et cette rage contre moi-même d'être si faible m'envahit dans l'immédiat.

Ethan...

Impossible de contrer mes sentiments, je penserai à cet homme toute ma vie.

Mon passé sort de son bolide d'un pas décidé, irradiant l'atmosphère ambiante. Un tee-shirt gris, un jean noir, des baskets blanches ; son style bien construit n'a aucune cohérence avec ma tenue de bohémienne. Je relève le col de mon gilet, croise mes bras sur ma poitrine. Il a plu toute la journée, le temps s'est un peu rafraîchi ce soir.

Entre ses bruits de pas qui se dirigent vivement vers moi et le tiraillement douloureux qui me comprime la poitrine, je me remémore les sages paroles de Julie : ta mission est de retrouver le goût de vivre.

Je ne veux plus ressentir cette souffrance ni en être envahi. Je veux qu'elle cesse de faire saigner mon plexus solaire, cela en devient une douleur insupportable.

– Qu'est-ce que c'est cette fixette à toujours vouloir me fuir ?

Même pas la force de répliquer, tant je suis lasse de tout.

– Grimpe dans ma voiture.

– Pardon ?

Grimpe. Dans. Ma. Voiture.

Sa voix dictatoriale, dure et cassante détache chaque mot.

Je hais l'autorité. J'en garde de très mauvais souvenirs de mon passé douloureux que je tente en vain de mettre de côté depuis une trop longue année.

– Je ne te laisserai pas me dominer. Je refuse de te laisser cet avantage.

Nous nous fusillons du regard, des éclairs traversent ses iris bleutés. Reste à savoir qui gagnera cette bataille.

– Pourquoi me fuir ? Tu agis comme une fugitive chaque fois que je suis dans les parages.

Mon silence que je peine à contrôler occupe tout l'espace devenu suffocant devant son incroyable impertinence.

La forme de mes épaules s'affaisse. Je pense à toi du matin au soir, en douceur, le jour à peine levé. Tu as retiré le voile sur mes nuits agitées, les rendant plus paisibles rien qu'en me remémorant le son de ta voix murmurer à mon oreille que j'étais la plus belle, celle que tu désirerais pour tous les jours. J'aimais les soirs sereins, jusqu'à tout récemment. J'aimais quand ta main paresseuse caressait la rondeur de mes seins. Quand tes lèvres légères faisaient vibrer nos baisers cachés au détour d'un couloir.

L'envie d'aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant