Ethan - 44 -

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Mary, du haut de ses cinq ans, fond sur moi pour me sauter dans les bras comme elle le fait à chacun de mes rares retours.

— Ethaaan!

— Hi, princess !

Je soulève le poids plume, la serre tout contre moi en lui collant un énorme baiser sur la joue. Elle se met à rire aux éclats quand je me mets à picorer son cou de ma barbe chatouilleuse.

— Arrête, tu fais des bisous qui piquent!

Ses deux bras frêles passés autour de ma nuque, elle m'en plaque un énorme à son tour sur ma mâchoire râpeuse.

— Mais, dis-moi, tu as encore bien grandi depuis la dernière fois.

— Maman dit que j'ai pris trois centimètres.

Une chose que je ne pourrais reprocher à Kate, c'est d'aimer infiniment son enfant. Son ex-petit ami l'a lâchement abandonnée lorsqu'elle est tombée enceinte, alors qu'ils vivaient ensemble depuis deux ans. Pas encore prêt, lui a-t-il balancé comme excuse.

J'ai les tripes qui se tordent à l'idée d'abandonner cette petite tête blonde aux boucles d'or. Toutefois, légalement, ce n'est pas, mon enfant. C'est un choix qui ne m'a pas été facile de prendre, c'est aussi celui d'un autre d'avoir renoncé à son rôle de père.

— Et des muscles aussi, coupe-t-elle court à mes pensées.

— Montre-moi.

Elle serre son poing minuscule en rabattant son bras maigrichon, dévoilant ses petites dents écartées entre ses fines lèvres de couleur rose clair.

— Touche. Regarde.

Je palpe son biceps d'enfant à peine gonflé en faisant semblant d'être impressionné. Mary en rit à gorge déployée.

— Un jour, j'aurai des muscles plus gros que les tiens.

Elle serre mon avant-bras que je contracte à mon tour au contact de ses fins doigts, puis de ses deux petites mains, appuie de toutes ses forces. Je ris de voir sa moue forcée ainsi que son adorable petit nez se retrousser.

— J'espère bien. Comme ça, tu pourras botter les fesses aux garçons qui t'importunent.

Comme je me suis fait botter les miennes, hier.

— Mais, je le fais déjà, dit-elle en se trémoussant pour descendre de mon étreinte. Edwin m'a agacée dans la cour, alors je l'ai poussé contre le mur et l'ai attrapé par la mèche en serrant très fort.

— Vraiment?

— Depuis, il ne veut plus me parler.

Elle croise ses bras sur sa poitrine, la tête relevée avec une certaine fierté. Une ressemblance parfaite avec sa maman que j'aperçois à travers la baie vitrée.

— Sais-tu que l'on ne dompte pas une personne en lui tirant cruellement les cheveux, ma petite Mary? Que la violence ne résout rien? Si tu as des ennuis avec tes camarades, tu dois absolument en parler à ton enseignant et à quelqu'un de la famille.

Mes genoux pliés me permettent de la regarder dans les yeux. J'en viens à espérer de tout cœur, d'une pensée ridicule que, plus tard, cette petite bouille ne sera pas la victime d'un de ces salauds comme Lysa l'a été.

L'envie d'aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant