ETHAN - 57 -

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Mes chaussures retirées à l'entrée afin de dégourdir mes pieds trop étriqués dans ces nouveaux souliers, Lysa reste figée sur le seuil, plongée dans un émerveillement constant. Cette sensation me replonge dans le passé ainsi qu'à la raison pour laquelle elle n'est pas encore venue, mais je chasse aussitôt mes anciennes pensées.

Ne t'attarde pas sur votre rupture, mec. Elle est ici, c'est l'essentiel.

— Ne reste donc pas sur le pas de la porte. Avance.

— Je ne voudrais pas souiller ton nid. C'est tellement... Luxueux chez toi.

Ma tête effectue un 180° en jetant un coup d'œil autour de moi. C'est vrai que c'est beaucoup plus chic que dans son modeste appartement, d'où son malaise grandissant. C'est une évidence.

— Tu es ici, chez toi, tu le sais ?

Mes paumes bordent son visage qui se couvre d'un nuancé de rose délicieux, sa poitrine harmonieuse se gonflant bien trop vite pour une respiration régulière.

Quel con, je vais trop vite ! Calme-toi, Niels. Détends-toi.

Un doux baiser déposé sur ses lèvres, Lysa respire à grande bouffée ma fragrance avant de relâcher un long soupir de détente. Ma main saisit la sienne, l'emmène jusqu'à la cuisine ouverte. Ma paume tapote le siège de bar pour l'inviter à y prendre place, puis dirige mes pas vers la cave de service en vue d'y sortir un château Grillet de 2009. Je pense qu'elle apprécierait sa composante d'arôme de fruits et de chêne.

La bouteille rafraîchit à la main afin de lui soumettre mon choix, telle une révélation, mes désirs se certifient. Je la veux... Chez moi.

Du bout du doigt, tout en allant à pas lent, Lysa effleure les meubles laqués du salon d'un toucher délicat. Un sourire inopiné s'invite sur mes lèvres face à cette bordélique indécrottable quand je la vois vérifier son index pour contrôler la propreté du mobilier.

Pieds nus, les deux verres pleins à demi, je la rejoins face à la baie vitrée qui regarde le ciel constellé, abandonnée dans ses pensées. Je connais la destinataire de ses songes. Et si Lysa avait pu devenir un papillon pour aller la retrouver dans les étoiles, elle aurait volé jusqu'au bras de sa mère. Elle aurait tenté, toutefois, c'est une chose que je ne peux lui offrir, malheureusement.

— Tout va bien ?

— Mm, mm.

— Mm, mm ?

D'un regard oblique, sa bouche se fend d'un maigre sourire avant qu'elle ne retourne rêvasser à nouveau par la baie. Je lui fais savoir :

— J'ai passé une superbe soirée.

Mes lèvres déposent un baiser sur la peau sensible au creux de sa nuque. Je sais qu'elle adore ce genre d'attention, elle me l'a réclamé bien des fois.

— Oui, jusqu'à ce que cette soi-disant complice de lycée vienne gâcher ma soirée.

Je ris tout bas. À notre arrivée au cinéma, avant le commencement du film, une de ses prétendues amies du bahut est carrément venue à notre rencontre alors que l'on prenait nos billets d'entrées. Je n'en ai pas cru mes oreilles quand elle s'est déclarée être une fan de ma société. Ses connaissances portaient de la création de l'entreprise jusqu'à notre accroissement exponentiel qui fait aujourd'hui notre grande notoriété. Elle portait même une des collections qui vient à peine d'être mise en marché dans les boutiques.

Après un bref parcours dans la mode, cette dernière désire me présenter son book. J'ai accepté de la rencontrer et lui ai proposé de contacter ma secrétaire pour un éventuel rendez-vous. Ce qui n'est pas pour plaire à Lysa, mais pas du tout.

L'envie d'aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant