Lysa - 12 -

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Une demi-heure que j'essaie d'échapper aux griffes du commissaire Julie, postée derrière le comptoir. Irréfutable avec des arguments qui tiennent la route. Des preuves que je lui ai fournies en foule. Des aveux coupables qui, même juridiquement, je ne pourrai contester.

– Pense un peu qu'il t'a baisé trois fois les lèvres, tout de même. Et ceux-là, on ne peut pas dire qu'il les a volés vu que tu ne lui as, à aucun moment, exigé de stopper.

– Ce n'était qu'un petit frotti-frotta. Une sorte de baiser d'adieu, je dirai.

– Un baiser d'adieu ? Les baisers d'adieu sont innocents presque endormis, non dévorants et possessifs jusqu'à t'en laisser des lèvres carrément surgonflées, comme c'est ton cas ce matin. On dirait que tu t'es enfilé une série d'injections de botox pendant la nuit !

– C'était juste affectif, ça ne se reproduira plus.

Un sourire moqueur au coin des lèvres, mon amie sonde mes yeux qui expriment clairement le mensonge.

– Quel bouquet de bonheur ! Un mec qui arrive à faire pencher la balance en sa faveur !

– Ce type est un fardeau. Je ne pense pas qu'il serait convenable de penser à un avenir léger avec lui. Il m'a avoué vivre dans le célibat et aimer les femmes autant qu'il tient à sa personnalité.

– Et moi, je peux lire dans tes yeux que tu y es déjà accroché comme une moule à son rocher.

– Mais ça ne va pas la tête ! Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

– Peut-être, le fait que tu n'aies jamais embrassé un homme avec qui tu n'entrevois aucune affinité, voire plus. Que tu te métamorphoses en changeant de coupe de cheveux et de tenue vestimentaire du jour au lendemain. Sans compter que cela fait pour ainsi dire, quoi... Dix ans ? Que j'essaie de te persuader d'arrêter de porter les mêmes culottes en coton, que plus personne ne...

Ma main levée la coupe dans son récit pour la faire taire.

– Premièrement, mes culottes en coton, je les trouve très agréables à porter. Ce n'est pas comme ces bouts de ficelle que tu m'as fait acheter, et qui n'arrête pas de rentrer dans mon... enfin, tu sais quoi. Et deuxièmement... Ben... C'est super-sexy les sous-vêtements en coton. Beaucoup d'hommes les aiment.

– Mon grand-père serait capable de demander le divorce, même après soixante ans de mariage, si ma grand-mère se mettait à porter ces affreuses culottes d'écolières ! Tu ne me feras pas avaler, qu'elles ne sont pas ton moyen de résistance envers les hommes, je ne te croirai pas !

– Ce n'est pas parce qu'il m'a embrassé jusqu'à l'étouffement que la fois prochaine, il s'intéressera à ma lingerie ! Puis ta grand-mère, je l'ai vu replier une gaine lorsqu'elle décrochait son linge, tiens !

– C'est juste pour aplatir son ventre, se justifie-t-elle en croisant ses bras nerveux sur sa poitrine. Elle trouve qu'elle a pris un peu de poids, ces derniers temps.

– Eh bien, moi aussi !

– Il y a des limites à ne pas dépasser.

– Et il y a celles à respecter.

D'une voix à toucher toutes les âmes même les plus insensibles, Julie réussit toujours à apaiser la douleur qui continue à creuser ses plaies en moi.

– La peur du nouveau, c'est ça ?

– Cet homme me tétanise, tu ne peux pas savoir. J'ai une trouille bleue de cette troublante sensation de sécurité lorsque je suis avec lui, seulement, ce n'est pas pour autant que j'arrive à me relâcher complètement. J'ai ma conscience qui me sermonne en me grondant tant de sa grosse voix qu'elle en étouffe la mienne.

L'envie d'aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant