Oui.
Ces trois lettres formelles font la danse des sons dans ma tête, et pour cause : après son appel, j'ai accepté de voir Ethan et l'ai même invité à venir chez moi.
Il est en retard d'ailleurs, mais peut faire son apparition d'un instant à l'autre.
J'ai commencé à regretter ma proposition quand j'ai entamé le tri de l'énorme bazar qui trône dans mon salon. Enfin, quand je dis ranger ou trier, je devrais plutôt employer le terme « tape-à-l'œil. » Appelons un chat, un chat. Parce que j'ai oublié de lui préciser que mes parents avaient omis de me transmettre quelques gènes d'importance en procréant. Je suis atteinte d'accumulation compulsive. Une maladie qui m'empêche de jeter tout ce dont je n'ai plus besoin. En gros, je suis une conservatrice invétérée. Cependant, pour ma part, j'emploierai le terme de fainéantise, cela semble beaucoup plus approprié à mon cas.
La sonnerie de l'entrée de la résidence résonne soudain dans le couloir. Je déverrouille l'accès lorsque quelques instants après, on tapote à la porte. J'ouvre sans attendre. C'est sans surprise que je retrouve Ethan, sublime dans son deux-pièces, sa sacoche dans une main, l'autre à desserrer sa cravate.
— Entre.
Il s'avance, pose ses lèvres sur les miennes, puis continue son chemin en consultant l'ambiance sobre de la pièce. Il doit trouver étrange que ce lieu qui me protège de l'extérieur ne soit garni d'aucun ornement, car la décoration intérieure est dans son plus simple appareil : blanc brouillard. Un peu comme l'état de mon esprit en ce moment.
Bref, en gros, je n'ai jamais fait de travaux d'amélioration, donc aucun moyen de comprendre qui je suis ni comment je me sens. S'il s'attend à ce que mon intérieur lui parle, il n'y trouvera aucune âme.
— J'ai terminé plus tard que prévu, je n'ai pas pris le temps de me changer. Désolé.
Mon entrejambe m'envoie des signaux d'alarme quand, tout à fait à l'aise, mon directeur pose sa valise au pied de la chaise, retire sa veste qu'il dépose avec soin sur le dossier. Il dégrafe quelques boutons, laissant apparaître juste ce qu'il faut de ses pectoraux musclés pour me laisser sur ma faim.
— Je t'offre quelque chose à boire ?
Mes pas se dirigent vers la cuisine, quand en passant à ses côtés, sa paume posée sur l'arête de ma mâchoire fait caler mes pas. Son allure de guépard m'amadoue d'un simple regard, lorsque je remarque que sa main tremble légèrement contre ma peau, contrastant avec les battements de mon cœur qui s'alarme dans ma poitrine.
Ses yeux aussi clairs que l'océan dévorent ma lèvre que je mordille de stress, tandis qu'un soupir saccadé s'échappe involontairement du fond de ma gorge.
Oh mon Dieu, Seigneur ! Qu'ai-je provoqué ?
À quoi ai-je songé en l'invitant ici ? À tout, sauf à ça, pauvre idiote. Et c'est bien là, le problème. Je n'ai pas pensé qu'en le conviant, je lui offrais sur un plateau toutes les possibilités d'action.
Combattre le mal par le mal est ce que préconisait ma mère, c'est alors ce que je vais tenter de faire. Je vais lutter et je vaincrai. J'irai décrocher cette victoire, celle qui pourra peut-être me sauver.
Dans un geste brusque, sans rien prévoir, mes doigts s'accrochent au col de sa chemise, l'attirent en rétrogradant nos corps vers le mur derrière moi.
Ni une, ni deux, ses phalanges désireuses de me toucher partout amorcent une ascension périlleuse le long de ma cuisse, marquant mon corps autant en surface qu'au-delà de mon esprit.
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L'envie d'aimer - Tome 1
RomansaLe destin, joueur imprévisible, entrelace les chemins de Lysa et Ethan sous des auspices inattendus. Lysa, à 27 ans, porte les cicatrices d'une vie marquée par les épreuves, trouvant son unique échappatoire dans son engagement professionnel au sein...