L'envie d'aimer - Tome 1

ETHAN - 58 -

L'impatience prend le dessus. Je tente de la rendre plus légère, seulement, son insolence me déclare la guerre, vient tuer ma tranquillité. Comment a-t-elle pu taper ces horreurs sur son téléphone pour savoir comment s'est passé le rendez-vous avec cette fameuse « amie » du lycée ?

[Comment s'est déroulé ton entretien ?]

[Bien]

[De quoi, bien ? Donne-moi des détails]

[Secret professionnel. Tu t'es levé du pied gauche ?]

De savoir cette fille à l'autre bout du couloir a cimenté ses sentiments maladifs. Ces sottises sont si colossales qu'elle lui en a fait perdre son intelligence. Quand sa méfiance va-t-elle s'éloigner ? Je sais que la confiance c'est comme toucher les étoiles, mais qu'elle me la prête, bon sang !

[Secret professionnel ? C'est comme avec moi ! Il faut toujours être dans la confidence !]

[Ne porte pas à confusion le travail et la vie privée qui sont deux choses bien distinctes !]

[Tu as des secrets dans les deux cas !]

[Ne commence pas, on en a parlé tant et plus ! Et maintenant, tu sais très bien pour quelle raison, alors arrête ! Je n'ai pas envie de me chamailler pour des conneries ! Non, excuse-moi ! Pour ton insatisfaction à ne pas avoir de réponses adéquates ! À croire que la frustration est ton passe-temps favori !]

[Oui, en effet, je viens de comprendre... Tu as honte de moi !]

Mon cœur se serre de colère à l'idée qu'elle ait pu laisser cette supposition absurde lui traverser l'esprit. 

À la relecture de mon dernier message, c'est bien évident que je suis en colère. Dois-je l'être ? À cela, vient s'ajouter sa violente jalousie mesquine.

Elle n'avait pas le droit d'écrire cela après le moment romantique que l'on vient de passer. Faire l'amour en a été la plus belle partie. J'ai réussi à la mettre en confiance, à la faire se sentir bien, se faire sentir femme par ma douceur. C'était un acte loyal, authentique que je lui ai prouvé au cœur de mon lit.

Puis à quoi cela sert de passer mes nerfs sur l'écran tactile de mon téléphone, à tourner en rond pour trouver un peu d'air comme une claustrophobe dans cette pièce gigantesque ? Je vais aller la voir.

Je referme mes documents, les classes par ordre avant de sortir de mon antre jusqu'au sien.

— Mademoiselle Morel ! Dans mon bureau avec vos dossiers !

Mon imposante carrure occupe la majeure partie du chambranle. Le regard foudroyant, le ton sanglant, j'aurais bien abattue sur place sa silhouette derrière son pupitre s'il n'y avait pas moins d'une quarantaine de témoins dans le bâtiment.

Lorsqu'elle prend place face à moi, fort gênée, presque recroquevillée sur son siège, j'ai envie de lui sourire, de la rassurer et de lui dire qu'elle n'a rien à craindre, qu'elle peut toujours compter sur moi, toutefois, le rouge qui lui monte aux joues me donne envie de lui donner une bonne leçon pour assouvir mon ras-le-bol de sa jalousie déplacée.

Elle dit devoir me heurter ? M'affronter pour enfin guérir ? Tu as devant toi un adversaire de taille ma jolie, même après cette nuit sublime que l'on vient de passer.

— Quel petit nom préfères-tu ? Mon boudin ? Ma grosse ? Ma vachette ?

Je prendre place sur mon fauteuil, l'air serein sonnant faux sur mon visage. La bouche ouverte par la rudesse de mon insulte et la vulgarité de mes propres mots, la tension de ce début de discussion monte rageusement d'un cran.