L'envie d'aimer - Tome 1

Lysa - 16 -

Suivre les conseils de Julie. Suivre les conseils de Julie. Suivre les conseils de Julie, bien que ce ne soit pas la meilleure solution. Surmonter et vaincre sa peur en est une. Un défi pour ma part. C'est la meilleure qui n'a abouti, pour l'instant, à aucun résultat. Bon, c'est vrai que mes efforts étaient faibles, que je me trouve dans une situation toujours aussi compliquée, seulement, cette peur-là, on ne peut pas la dissoudre. Elle fait partie de ma vie en général.

Depuis toute petite, j'ai ce problème de sociabilité. Hormis quand je me sens chez moi : à la boutique. Lorsque mes parents recevaient de la visite, j'étais la première à aller explorer les fins fonds de la salle de bains jusqu'à ce que notre invité ait déguerpi. Et ça pouvait durer des heures. C'est comme ça partout où je me rends. Entretenir un certain contact avec mon interlocuteur me permet de me sentir à l'aise.

Un peu trop d'ailleurs, ces derniers temps.

Je n'ai pas de recettes magiques ni la science infuse, mais peut-être bien qu'un mélange d'irréfléchi, de goût du risque et d'envie, je dois bien l'avouer, en est la cause. J'ai affaire à un moulin à paroles envoûtant pour enfin me considérer comme une femme perfectionnée. Particulier comme relation, mais qui a ses avantages. Je me sens vivante, ravis, épanouie, un peu tout ça, à la fois.

J'ai remis le terme « relation amoureuse » à sa place depuis quatre semaines environ. Depuis le dérapage incontrôlé du vestiaire. Le manque en moi, l'envie, cette pulsion de désir ont précipité les choses. Nous apprenons à nous connaître de jour en jour, loin des relations sexuelles comme moyen de séduction, loin de moi d'être une cible facile. La confusion s'installe parfois entre nous, ce qui me met mal à l'aise, mais souvent, l'un ou l'autre prend sur soi et fait l'effort de dissiper le brouillard qui règne encore sur notre relation.

Le sentiment amoureux n'est pas simple. Il est très difficile pour ma part de faire des concessions ou de sortir de ma zone de confort. Soit, de franchir les portes de l'extase devant laquelle Ethan m'emmène si souvent.

Savoir ce que je ressens avec précision dans ma vie actuelle est important pour moi. Je ne suis pas prête à baisser les armes qui me protègent. Je mérite le respect, le désir... Et du repos. J'en ai assez de jouer au soldat pour faire la guerre. De calculer chaque intention que je considère comme malhabile de mes adversaires. Sachez qu'à ce jour, tous les hommes sont de sauvages abrutis. D'accord, excepté un, qui a réussi à ranimer mes émotions perdues et démêler mes sentiments.

J'en souris en faisant défiler les messages de Julie sur l'écran de mon téléphone pour la énième fois, lorsque 5 minutes de temps en temps étaient devenues notre essentiel. Un souvenir qui me paraît si lointain, à présent...

[En tant qu'exploratrice, très, très, très expérimentée en gorge profonde, je vous suggère de vous trouver une chambre, ça devient carrément dégoûtant !] [arrête de gémir, je t'entends d'ici !] ou même avec sa célèbre finesse [Dis-lui de baisser la garde...]

Nous avions besoin d'un rien pour nous sentir merveilleusement et déraisonnablement bien. En si peu de temps, comment ai-je pu le concevoir ? C'est impensable ! Comment quelqu'un que l'on vient à peine de quitter peut-il nous devenir aussi vital que l'air que l'on respire ? Comment peut-on tomber sous le charme d'un simple regard, d'un simple contact, d'une personne si radicalement différente de soi ?

– Allez, debout, là-dedans ! Viens avec moi, on va soutenir les garçons. C'est leur dernier match de la saison.

Planquée sous ma couette, j'entends les pas de Julie se diriger pour ouvrir les vieux volets en bois de ma fenêtre de chambre.

– Oh !

D'un coup de poignet, mon amie envoie valdinguer le duvet au bout de mon lit, découvrant mon corps pelotonné dans une longue robe de chambre pelucheuse aussi ancestrale que l'antiquité.