L'envie d'aimer - Tome 1

Ethan - 28 -

Je ne m'en remettrai pas...

Voilà ce qu'elle aurait pu entendre, il y a des jours, si j'avais eu connaissance de ses intentions au moment où elle a franchi cette porte. Elle a disparu en un claquement de doigts sans ne jamais se retourner à l'appel de mes cris.

Je comprends sa souffrance face à cette paralysie, seulement, pour nulle raison notre relation devait aboutir à cela : un échec. Un échec cuisant.

Je veux l'aider à affronter cette peur, quelle qu'en soit l'origine. Peu importe le terrible secret qu'elle tient tapi en elle, je l'épaulerai sans relâche afin de surmonter le malheur qu'elle a vécu.

Pour elle, je suis prêt à tout. À tout lui donner, à me saigner aux quatre veines. Sacrifier ma vie pour être auprès d'elle, et même traverser l'enfer si besoin.

Tout à coup, le tambourinement émis contre ma porte m'arrache à mes ruminements. Je me presse afin de me rendre vers l'entrée, perplexe, quant à l'attitude inappropriée de la personne à laquelle je pense recevoir en entretien.

Julie pénètre dans la pièce, tel un dragon en rogne, le battant à peine ouvert. Ses fesses posées sur un siège sans que je l'y invite, j'allonge une pointe qu'elle ne traite avec aucune considération, tout en regagnant le confort moelleux de mon fauteuil. Ostensiblement énervé à patienter qu'elle veuille bien engager la conversation, cette dernière m'exaspère déjà, alors qu'elle n'a pas encore écarté les lèvres.

— Qu'est-ce qui se passe avec Lysa pour qu'elle soit dans un état végétatif, connard ?

Son regard aussi noir que le chagrin qui se lit sur son visage me foudroie. De toute évidence, je m'en contrefiche royalement de son intervention quelque peu militaire. Elle n'a aucun droit de se mêler de notre relation alambiquée, toutefois, le « dans un état végétatif » m'interpelle.

— La laisser vivre sa vie n'est pas une chose absurde, tu sais ? Et couper le cordon ne fera pas chuter la Terre sur sa tête, non plus. Arrivée à un moment, elle doit assumer ses actes, Julie. Je la pensais assez responsable, seulement, je présume qu'elle a l'habitude que tu joues de tes qualités d'une manière tout à fait légale pour venir la disculper.

— Qu'est-ce que tu insinues ? Que je la couve comme une mère poule ? Aucun cordon ne subsiste entre Lysa et moi ! C'est un lien qui nous unit, une amitié sincère et profonde. Elle a besoin de moi, je suis là, voilà. Mais, je suppose que ce terme t'est inconnu, puisque tu n'as sûrement personne avec qui partager certaines affinités.

Mais quelle ingérence ! Je lui clouerais bien le bec en répliquant à sa remarque, cependant, cela ne ferait qu'attiser la haine qu'elle éprouve déjà envers moi.

Depuis que j'ai merdé avec Lysa aux prémices de notre relation, elle surprotège sa copine, aux aguets de mes moindres faits et gestes envers cette dernière.

— Inutile de t'indiquer le chemin vers la sortie ?

— Tu peux attendre que la mort se pointe, Niels. J'ai l'honneur de t'annoncer que Lysa ne viendra pas. J'ai pris un plaisir fou à la voir déchirer la lettre de convocation que tu lui as adressée. J'en ai joui. Un orgasme cosmique !

Ses yeux fardés de noir se délectent sans retenue de mon cœur qui souffre le martyre. Elle sait qu'elle marque l'unique point qui touche ma corde sensible.

— Là, tu as toute mon attention.

Coudes posés sur mon bureau, je la fixe droit dans les yeux. Ma rivale ne cille même pas sous mon regard menaçant, ne cède pas un pouce de terrain. Cette fille a vraiment un incroyable culot pour se présenter et venir attaquer en camp adverse. Elle a un fichu caractère, et cela m'étonne encore que Lysa puisse être aussi proche que dépareillée avec cette alliée. Ce sont deux opposés extrêmes.