ETHAN - 56 -

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Le souffle court, le cœur palpitant à mille à l'heure, mon corps transpirant retombe contre sa peau. Mes lèvres déposent un doux baiser au centre de sa poitrine.

Le regard fier de Lysa se baisse vers moi, le bout de ses doigts essuie les quelques gouttes qui perlent sur mon front.

— Mon Himéros a perdu l'équilibre le temps d'un grand voyage dans les étoiles ?

— Ton Himéros te confirme que c'est le meilleur moment de sa vie.

Mon regard de sauveur ne cesse de contempler cette Divinité pleine de majesté, me rappelant l'expression de son corps tout feu tout flamme, plongé dans le plaisir, il y a encore quelques instants.

Notre ébat était déraisonné, parfait, sans privation. Il était éclatant de lumière à tel point qu'il enflammait l'univers. Mon corps doutait quant à la traduction de ses paroles intérieures, quand ses longues jambes étaient liées dans mon dos face à mon bassin laissé à dessein immobile. J'avais besoin de mots, d'entendre cet être raisonné et parfait briser mes inquiétudes. Ce fut le cas, lorsque ses lèvres vengeresses sont venues exprimer la force de leur mécontentement contre les miennes. Je n'avais plus peur de briser ses barrières. La seule goutte de foi qu'elle a laissé échapper a suffi à me faire connaître la vérité : elle me voulait...

Ses beaux cris reflétaient la sérénité, ses entrailles étaient au seuil de la jouissance. Lysa me suppliait en silence de mettre fin à son châtiment, à cette douce torture que je lui infligeais. C'est anxieux, la mâchoire crispée que je suis entré en elle, à l'étroit, pour aller explorer les tréfonds de son âme prisonnière par des mois d'abstinence. J'avais peur de lui causer du mal, de lui rappeler de mauvais souvenirs. Peur de commencer un cauchemar éveillé.

Je l'ai senti disposé physiquement et mentalement quand elle a commencé à faiblir sous mes assauts passionnels, que je me sentis obligé de plaquer une paume contre sa bouche pour assourdir ses cris alors que je sombrais moi-même dans la sphère des délices charnels. Ce fut un plaisir hors du commun que t'entendre le cristal de ses soupirs résonner à mes oreilles, étouffant dans le creux de son épaule, mon orgasme qui se libérait dans son antre affamé.

— Je t'aime...

Sur ces mots pouponnés, son esprit enfin délivré de toute inquiétude, Lysa me sort de mes pensées intimes en prononçant ceux qui lui sont si difficiles à exprimer. Je les ai devinés, compris, mais jamais entendu depuis ce jour d'hui.

— Je t'aime, aussi. Au-delà de toutes tes interrogations.

Sa tête dans le creux de mon épaule, nos odeurs mêlées à celles de nos ébats, je contemple ce regard post-coïtal que je ne lui connaissais pas. Ses iris sont brillantes, encore plus vertes que d'ordinaire. Sa peau soyeuse délicieusement rouge, un sourire s'étend sur ses lèvres, me rendant encore plus heureux que je ne le suis déjà.

Main dans la main, Lysa dépose ma paume au creux de sa poitrine, là où son cœur martèle à tout rompre.

— Tu sens ces grands cognements ?

— Ceux d'une siphonnée essoufflée ?

Tout sourire, ses yeux se lèvent au ciel devant mon humeur de badinage.

— Bien sûr que je les sens, parce que les miens battent aussi vite et c'est uniquement ta présence qui les provoque.

— À chaque souffle, chaque battement, je pensais à toi, je tombais folle amoureuse de toi. Parfois même, j'avais peur de respirer. J'avais peur que tu m'aimes un peu plus chaque jour, peut-être parce que je n'ai jamais eu le contrôle sur ma propre vie, que j'ai toujours subi ses pressions et que j'ai toujours fait ce qu'il avait envie que je fasse. Seulement, quand j'ai regardé ma vie de là-haut, j'ai su ce que je désirais, ce que j'avais envie de faire. J'ai envie d'être heureuse avec toi.

Lorsqu'elle me regarde, je sais qu'elle pense encore à son existence avec cet enfoiré, mais je me promets de le lui faire oublier. Je le ferai disparaître de sa mémoire comme un magicien, comme s'il n'avait jamais existé.

— Que répondre à une si belle déclaration ouverte ?

— Je ne recherche rien, Ethan. Mes paroles sont sincères et légitimes. Je sais qu'elles te touchent si fort que je n'ai besoin d'aucun aveu de ta part. Je vois aussi le feu dans tes yeux qui ne lui donne aucune estime.

— Tu t'es ouverte à moi comme jamais puis tu me demandes de me taire ? Je tiens absolument à te répondre et cela va être très bref. Je t'aime, Lysa. Je veux que tu viennes vivre avec moi.

La bouche grande ouverte, ses yeux de biche effarés me sautent au visage. Je pense que ma demande était un peu trop brutale quand je remarque son teint se décomposer à vue d'œil.

— Tu peux réfléchir, je ne t'oblige pas à me donner ta...

— Non !

Pourquoi une réponse aussi rigide alors que je viens de verser ma semence dans son corps ?

— Notre relation n'est même pas officielle et tu espères que je vais accepter ta proposition ?

Quand conviendra-t-elle que si je nous contrains au silence, c'est pour notre bien ?

— Et oui, c'est reparti pour une fois, sur encore le même sujet de conversation. Puis, pas la peine de rouler des yeux comme si je t'agaçais.

— Parce que tu es pénible à toujours me demander pourquoi. C'est exaspérant de devoir toujours répondre la même chose.

— C'est cette même chose qui m'irrite comme réponse parce que ça n'en est pas une. Qu'est-ce que ça veut dire : parce que c'est pour me protéger et préserver notre relation. Me mettre à l'abri de quoi, Ethan ?

Alors qu'elle se retire de mon étreinte pour aller se rhabiller, je me redresse d'un bond. Mon boxer enfilé, je stoppe ses mouvements en la tirant par le bras, blotti son visage entre mes mains.

— Ne hurle pas, on ne va pas se disputer pour ça. Pas après cette grande réconciliation.

— Et pourquoi pas ? Ça me gonfle de devoir me cacher sans arrêt. Si tu as honte de moi, on arrête tout.

Où va-t-elle chercher toutes ces théories aussi folles qu'absurdes ? Jamais, je n'éprouverai la moindre pensée humiliante la concernant. Je me moque royalement du regard des autres ou de ce qu'ils peuvent bien penser. Je n'y ai jamais songé moi-même, et l'idée qu'elle puisse y croire m'irrite, toutefois, je ne peux pas. Je ne peux pas la jeter dans la fosse aux lions avec tous ces félins qui rôdent autour de moi.

— Jamais, je n'ai ressenti de sentiments de gêne vis-à-vis de toi. Je t'aime avec mon cœur, Lysa. Peu importe ce que les gens pensent de nous, d'accord ? Laisse-moi simplement le temps de te faire découvrir mon univers, ensuite, je te laisserai l'explorer autant que tu le souhaites.

— Comment peux-tu savoir ce que les gens pensent de nous, ils ne me connaissent même pas.

Je ne compte pas contester cette raison évidente, cette vérité ne me posant aucune inquiétude.

— Laisse-moi le temps... Maintenant que tu te sens prête, tu ne peux pas m'imposer de t'aimer au grand jour. C'est à toi d'être un peu patiente, le temps de nous habituer à ce grand changement.

— De toute façon, je ne peux pas t'obliger à l'être sous prétexte que j'y suis.

— Non, attends ; j'y suis. C'est juste pour des questions de relationnel avec l'extérieur, non parce que tu penses que je ne suis pas prêt à m'engager avec toi.

— Et penses-tu que garder le secret va changer quelque chose ?

— Oui, tout va changer... Bientôt.

L'envie d'aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant