— Ce... Ce que tu as vu, avec Milène, ce n'est pas du tout ce que tu penses, hésite-t-il en se tordant les doigts.
— Ah ? Et qu'est-ce que je pense, à ton avis ? craché-je en fendant l'air de mes mots acerbes.
— J'étais juste en train de...
– Réponds à ma question.
Il ouvre la bouche, puis la referme, et recommence son petit manège plusieurs fois, avant de se décider à se laisser choir à ma droite, près du feu d'où se dégagent de douces odeurs. Il perd son regard dans les flammes crépitantes et ne se décide qu'à répondre qu'aux bout de plusieurs secondes insoutenables.
— Je... J'imagine que tu crois que j'étais en train de l'embrasser, avoue-t-il. Mais ce n'est pas le cas. J'étais juste en train de la consoler, parce qu'elle pleurait.
— Pourtant vous n'aviez pas l'air bien innocents, quand je vous ai surpris.
— Tu nous as pris de court. J'ai cru que c'était encore un ennemi qui venait nous attaquer.
Les remords s'insinuent doucement en moi quand je comprends mon erreur. Mais il y avait quiproquo à foison, n'est-ce pas ? Clarté a raison, il faut que je veille sur les autres... mais d'abord sur moi-même.
— Pardon, Adrian...
— T'en fais pas. Mais la prochaine fois...
— Quelle prochaine fois ?
— ... Ne fais pas de conclusions trop hâtives, termine-t-il avec un sourire en coin.
— Bien, votre grande altesse royale.
— Tu es officiellement ma préférée, je l'ai admis devant tout le royaume, me reproche-t-il gentiment. Alors ne va pas croire que je vais traîner avec d'autres femmes, parce qu'il n'y a que toi dans mon cœur. Compris ?
Je m'apprête à répondre quand un bruissement à ma gauche m'interpelle. J'ai juste le temps de voir Yanos se lever avant qu'il ne s'éloigne rapidement en direction de la tente, la démarche crispée, et ouvre les pans de l'entrée blanche avec rage.
— Qu'est-ce que...
— Ses sentiments pour toi ne sont pas tout à fait taris, m'explique Adrian. Moins forts, mais toujours présents, je suppose. Alors ça doit être assez dur pour lui d'entendre ça. J'aurais dû faire attention.
— Ne te retiens jamais de dire ce que tu penses, sauf si c'est blessant. Je déteste l'hypocrisie.
— Je ne suis pas hypocrite, Ciel. Juste prévenant. Tu ne vas quand même pas me le reprocher ?
Il se penche doucement vers moi, joueur. Ses yeux noirs comme la nuit brillent d'une lumière farouche, et il vient caler son menton sur mon épaule sans cesser de me fixer.
— Tu es très belle, à la lueur des flammes, mon ange.
— M... Merci. Toi aussi, tu es très beau, bégayé-je.
Son rire feutré chatouille mon oreille tandis que son sourire appuie sur ma peau. Il s'approche encore, jusqu'à ce que son front se plaque contre ma mâchoire, puis il chuchote :
— J'aime bien t'entendre dire ça.
Des frissons frétillent le long de mon corps quand il dépose ses lèvres sur la pâleur de ma gorge. Inconsciemment, je penche la tête pour lui offrir plus de manœuvre. Il se met à me mordiller, puis à caresser du bout de la langue ma petite pomme d'Adam, sa bouche chaude contre ma froideur cutanée.
— Ça chatouille, ne puis-je m'empêcher de lâcher.
— Et là, ça chatouille ? esquisse-t-il en remontant pour attraper mes lèvres dans les siennes.
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Les Derniers Dragons
FantasyElle s'appelle Ciel. Elle est fille de paysans, pauvre, oubliée. Sa vie est simple, ennuyeuse comme un ruisseau à sec. Elle n'aspire à rien - elle se contente d'exister et d'aider son vieux père à la ferme. Pourtant, ce soir-là, des gardes du palais...