— Oh, là, là, j'ai cru que ça n'allait jamais en finir, soufflé-je en me laissant tomber sur l'immense lit d'Adrian.
Un sourire béat est scotché sur mes lèvres depuis des heures, et absolument rien n'arrive à le faner. Le mariage, le couronnement, les festivités... Tant de bonheur et de rires à la fois !
— Fais attention à ne pas faire tomber ta couronne, ma jolie reine, me taquine Adrian en s'allongeant à mes côtés.
Je glousse en attrapant ladite couronne, qui est partie se perdre à l'autre bout du lit. Et dire que c'est la mienne ! Pour toujours ! J'ai tellement de mal à y croire...
Mes yeux se posent sur la bague qui orne mon annuaire gauche. Un onyx de la taille de l'ongle de mon pouce en orne le dessus, rehaussé de plusieurs autres pierres noires qui miroitent à la lumière des chandelles. Tant de richesse sur une si petite chose... Et tant de souvenirs, désormais.
La bague d'Adrian ressemble à la mienne, hormis le fait qu'à la place d'un onyx se trouve un diamant, entouré de milliers d'autres gemmes. Blanc et noir ; noir et blanc. Excepté qu'aujourd'hui, c'est à mon tour de porter l'Obscurité, et au sien de jouir de la Clarté.
Ça me plaît bien. Je crois que je n'aurais pas pu rêver mieux pour lui.
— Je n'oublierai jamais la tête que tu as faite en voyant Fantine, rigolé-je en roulant sur le côté pour lui faire face, jouant avec ma couronne.
— Et toi quand nous sommes allés discuter avec ton père. Qui aurait cru qu'il devienne le marchand le plus riche de la ville, grâce à nos provisions ?
— Pas lui, en tout cas !
Je me redresse pour poser ma couronne sur la table de chevet, et ôte celle d'Adrian pour qu'elle ne l'encombre pas.
— Je suis contente pour lui, reprends-je. Il le mérite. Tous les paysans mériteraient ça.
— Il faut qu'on trouve un moyen de ravitailler toute la ville pour éviter les famines et les maladies. Une sorte de distribution, chaque mois, en échange de quelque chose... Quelque chose que chacun est en mesure de fournir sans se ruiner.
— Ça me fait tout drôle de me dire que je vais devoir diriger un royaume avec toi. Que la prophétie est derrière nous, et que nous pouvons enfin profiter d'une vie de roi et de reine comme nous l'avons tant souhaité. Que nous pouvons être libres...
— Je suis fier de nous, murmure-t-il en se penchant pour poser ses lèvres sur ma joue.
Je sens sa main se perdre dans mes cheveux et me masser lentement le crâne, d'un geste incroyablement tendre, comme s'il essayait de m'apaiser de tous mes tourments.
Et Dieu sait qu'il y en a encore !
Je décide de rejeter toutes ces spéculations loin de moi... Pendant un temps, au moins. Juste l'instant de profiter d'Adrian, de prendre soin de moi, de rire sans me soucier du lendemain, bref, de passer un mariage heureux.
— Ciel, faut que je te dise quelque chose de très important, susurre Adrian à quelques centimètres de mon visage.
Oh non, est-ce qu'il s'apprête à m'annoncer une mauvaise nouvelle ? Je la sens venir d'ici. Mais j'ai déjà affronté tellement de problèmes et de souvenirs difficiles ! Je ne veux p...
— Je t'aime, dit-il, coupant court à ma panique naissante.
Ma bouche forme un O tandis qu'un frisson se diffuse dans tous mes membres. Adrian chipe quelques baisers sur mes lèvres, mais je le repousse gentiment pour lui répondre que je l'aime encore plus.
— Personne n'aime plus que moi, me taquine-t-il, un sourire espiègle fendant son visage au charme irréel.
— Tu veux vraiment jouer à ce jeu là ? soufflé-je, la température augmentant brusquement sur ma peau.
— Et pourquoi pas ?
— Je te préviens, je n'aime pas perdre...
Adrian rit et vient se mettre à califourchon au-dessus de moi, nos visages tellement proches qu'il m'est difficile de le regarder dans les yeux.
Il passe un doigt sur ma mâchoire, traçant le tour de mon menton et s'attardant sur ma bouche. Son regard de braise me consume à l'instar d'une bougie, et je n'ai d'autre choix que de me laisser délicieusement fondre entre ses bras. C'est divin. Merveilleux. Il me donne la sensation d'être merveilleuse.
— Tu es tellement belle, s'extasie-t-il en continuant son exploration sur la silhouette de mon visage. J'ai peine à croire qu'une créature comme toi se soit éprise de moi.
— Je ne suis pas belle, je suis atypique.
— Si, tu es belle. Tu es superbe. À mes yeux, tu es la fille la plus magnifique et la plus rayonnante qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Il plonge dans mon cou et mordille la peau juste au-dessus de ma clavicule. Quelque chose d'électrique me galvanise le corps, et je me cambre malgré moi sous l'effet de cette sensation inouïe. Comment fait-il pour éveiller tant de choses en moi ?
— Tu as un caractère de cochon plus borné que les cochons eux-mêmes, continue-t-il, laissant glisser sa bouche sur mon buste. Mais tu as une détermination de fer, un courage sans limite, et un esprit coloré de nuances que seuls les Dieux sont capables de créer.
Sa langue rencontre la zone sensible entre mes deux seins, et je pousse un couinement involontaire qui me fait rougir comme une tomate. Je n'ai plus aucun contrôle sur moi-même ; désormais, c'est lui qui mène la danse.
— Tu me donnes envie de sourire, d'être heureux. Tu me donnes de l'espoir envers moi-même. La plupart des gens sont des corps qui possèdent une âme, mais toi... tu es une âme qui possède un corps.
Très honnêtement, je ne saisis que la moitié de ses paroles : mon esprit est principalement concentré sur ses mains et ses lèvres qui titillent mes nerfs avec une virtuosité fantastique. En revanche, l'écho de sa voix grave et profonde se répercute directement dans les abysses de mes émotions, faisant frémir des choses en moi que je ne soupçonnais pas posséder.
Il voulait attendre le mariage. Eh bien, le voici. Et me voici moi, prête et impatiente de connaître ce qu'il m'avait promis.
Jamais l'instant présent n'a été si parfait.
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Les Derniers Dragons
FantasyElle s'appelle Ciel. Elle est fille de paysans, pauvre, oubliée. Sa vie est simple, ennuyeuse comme un ruisseau à sec. Elle n'aspire à rien - elle se contente d'exister et d'aider son vieux père à la ferme. Pourtant, ce soir-là, des gardes du palais...