— Jamais... je n'ai eu... à laver des cheveux... aussi sales ! s'exclame Fantine en frottant ma crinière avec tant de vigueur que je crains qu'elle ne me l'arrache.
— Je me permets de te rappeler que je n'ai pas vraiment eu le loisir de m'en occuper ces derniers mois...
— Je sais, mais tout de même ! C'est une catastrophe !
Je lève les yeux au ciel en pouffant. La spontanéité et la franchise de Fantine lui causeront sans doute des problèmes un jour à cause de son rang de servante, mais en attendant, elle me fait bien rire.
Je m'amuse à faire quelques remous avec l'eau de mon bain d'où s'échappent de délicieuses effluves de parfums et d'huiles. La tiédeur et la douceur de cet instant sont si agréables que j'ai l'impression que je les redécouvre pour la première fois.
À notre arrivée, une fois l'euphorie retombée, nous avons dû expliquer brièvement la raison de la présence d'Ophiucus et sa meute – sans dire encore qu'ils se révélaient être des loups-garous – et que nous leur avions promis gîte et couvert. Même si le roi ne semblait pas apprécier que l'on donne des ordres à sa place, il n'en a rien montré, et a invité la trentaine d'homme à se joindre à nous.
Ensuite, il a décrété que notre retour méritait bien au moins un banquet. Il nous a donc envoyés nous préparer et nous décrasser en vue de cette fête à venir, nous assurant que nous discuterions du voyage plus tard, une fois nos têtes reposées et nos corps repus. C'est donc ainsi que je me retrouve à me faire frotter les cheveux par une Fantine plus qu'outrée de mon état.
— Seigneur, je commence enfin à en voir le bout ! ronchonne mon amie.
Elle s'octroie encore quelques minutes pour me savonner et me rincer, avant de décréter qu'elle ne pourra pas faire mieux et que je peux sortir.
— Tenez, dit-elle en me tendant un tissu pour m'éponger. Je vais vous chercher une robe.
Elle sort rapidement, me laissant seule dans ma salle d'eau où s'infiltre un seul et unique rayon du soleil couchant. Je m'essuie distraitement en parcourant les étagères du regard, lisant les étiquettes de mes trop nombreux parfums, et souriant quand je reconnais quelques-uns que Fantine aime bien me mettre.
Je tombe sur le petit flacon de Phlox, cette effluve si particulière et si rare, qui reste certainement mon odeur préférée – après celle d'Adrian, bien évidemment. Je le prends entre mes doigts et le débouche, retrouvant avec joie cet arôme qui me grimpe au nez.
— Vous pouvez en mettre, m'indique Fantine qui est revenue derrière moi, un tissu beige et ocre dans les bras. Il faut le poser sur le décolleté, la nuque et les poignets.
— Les poignets ? m'étonné-je en respectant ses directions. Quel endroit étrange...
— Vous remarquerez que beaucoup de choses que font les bourgeoises sont étranges, chuchote-t-elle en présentant la robe choisie devant moi.
Je ris et approche ma main pour toucher le tissu, qui se révèle aussi doux que tout ce qui a l'occasion de rencontrer mes doigts dans ce château. C'est une tenue légère, fluide, parfaite pour les températures chaudes de cette saison.
— Elle est très jolie, dis-je.
— Évidemment. Vous permettez ?
Elle m'invite à passer les bras dans les bretelles qu'elle a dégagées, puis à faire glisser la robe le long de mon corps encore humide de son récent bain. Fantine la lisse avec sa main, vérifiant que les coutures et les tailles m'aillent bien.
— Vous avez changé, remarque-t-elle. Vous êtes toujours aussi fine, mais vous vous êtes musclée durant votre voyage.
— C'est une bonne nouvelle ?
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Les Derniers Dragons
FantasyElle s'appelle Ciel. Elle est fille de paysans, pauvre, oubliée. Sa vie est simple, ennuyeuse comme un ruisseau à sec. Elle n'aspire à rien - elle se contente d'exister et d'aider son vieux père à la ferme. Pourtant, ce soir-là, des gardes du palais...