Ophiucus
— OPHIUCUS !
Je me fige. Les doigts sur mon col, prêt à déboutonner ma chemise, la voix de Frey vient de retentir avec une violence inhabituelle.
Mais qu'est-ce que j'ai encore fait ?
— OPHIUCUS JAIME SERPENTAIRE !
— Je suis là ! crié-je, le timbre tremblant d'appréhension.
Des bruits de pas résonnent dans ma direction. Je découvre mon petit ami, ses cheveux roux en bataille et le regard flamboyant, passant la porte d'un air déterminé qu'il n'arbore que rarement.
— Il se passe quelque chose... ? je demande sans comprendre, alors qu'il marche vers moi avec fureur.
— Oui !
— Q... Quoi ?
— J'en ai envie de toi, marmonne-t-il en prenant mes lèvres en otage.
Je suis si surpris par son geste brutal que j'en oublie de respirer. Il est tellement peu habituel que Frey se montre entreprenant à ce point ! Généralement, c'est moi le meneur du couple – mon côté dominant et Alpha n'y est sûrement pas pour rien.
Je recommence à enlever ma chemise, mais Frey tape sur mes doigts sans séparer nos lèvres et se charge de me dévêtir. Ses mains sont tellement précipitées qu'elles en tremblent, et il lui faut plusieurs minutes pour arriver à bout de la tâche.
— Tu peux plus te passer de moi ? je ricane avec un sourire en coin alors que mon compagnon fait glisser l'habit de mes épaules.
— C'est peut-être les pulsions de la pleine lune...
Il dégage mes cheveux mi-longs pour plonger son visage dans mon cou, et je sens sa langue parcourir ma peau avec une langueur exagérée. Un couinement ridicule s'échappe de ma gorge, et j'ai la vilaine sensation de fondre comme neige au soleil.
Soumis.
Ma bonne humeur s'échappe en même temps que mon corps commence à ne plus répondre. Je caresse le torse de Frey sans me décider si je le veux plus proche ou plus loin, et je ne peux me retenir d'en vouloir encore alors que mon cerveau me hurle de tout arrêter.
Une bataille se trame en moi. Je déteste perdre pied de la sorte : j'ai l'impression de redevenir l'Ophiucus qui se faisait battre sans pouvoir se défendre. Que plus rien ne dépend de moi, et que je suis incapable de gérer ce qui m'arrive. Mon ventre se contracte, ma mâchoire se serre, mais je penche encore plus la tête pour offrir plus de manœuvre à Frey.
— Frey, arrête..., gargouillé-je sans grande conviction.
Bien sûr, il ne s'arrête pas. Sa bouche brûlante me devient de plus en plus gênante au fil de ses caresses. La perte de contrôle qui s'insinue sournoisement en moi commence à me faire paniquer, et des vestiges de ma mémoire qui ne devraient pas être remués se mettent à envahir mes neurones.
— S'il te plaît, arrête... J'ai dit stop... Stop... STOP !
Je le repousse avec plus de violence que je l'aurais voulu. Je dois faire un effort monumental pour prendre sur moi et ne pas laisser l'angoisse exploser, me répétant que tout va bien : je suis avec Frey, et jamais il ne me nuira volontairement.
Mais c'est si facile de se couvrir d'un beau mensonge plutôt que d'assumer une douloureuse vérité.
Ça ne va pas. Non, depuis quelques jours, ça ne va vraiment pas. Je mange à peine, je ne dors plus, j'ai perdu le peu de patience que je possédais miraculeusement, et Frey est la seule personne que j'arrive à supporter.
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Les Derniers Dragons
FantasyElle s'appelle Ciel. Elle est fille de paysans, pauvre, oubliée. Sa vie est simple, ennuyeuse comme un ruisseau à sec. Elle n'aspire à rien - elle se contente d'exister et d'aider son vieux père à la ferme. Pourtant, ce soir-là, des gardes du palais...