001: Désespoir

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Delphini Gaunt se réveilla comme à son habitude ce matin-là, c'est-à-dire qu'elle ne se réveilla simplement pas. La nuit, elle ne dormait pas, se contentait de regarder le plafond et de se demander quand est-ce que ce sera fini. Quand est-ce qu'elle pourrait enfin partir de cet enfer. N'importe où ferait l'affaire. Tout pour fuir l'inexistence constante de ses parents dans sa misérable vie, pour fuir cette solitude qui lui ronge les os chaque fois qu'elle se regarde dans une glace, chaque fois qu'elle se couche le soir avec cet énorme trou béant dans la poitrine où qu'elle se réveille le matin et qu'il n'ait pas le moindrement disparu. Oui, Delphini Gaunt souffrait. Du plus puissant des sorts jamais existé, et que personne ne comprendra. Personne. Elle souffrait d'une mélancolie pure et dure.

Elle irait au pire à l'orphelinat, où elle se referait une vie sans magie. Mais, Delphini aimait la magie plus que de raison, donc ce n'était pas concevable. Sauf qu'elle se reprenait à y penser plus qu'elle ne se devrait de le faire...
Et au mieux, elle irait à Poudlard. Oh, comme elle aimerait y aller, à cet endroit. D'ailleurs, elle avait déjà commencer à élaborer quelques plans à ce sujet.

- Delphini! Deeeeeelphiiiiiiiiiiiiniiiiiiiii! Fit la voix stridente de sa nourrice, Mrs Rowle.

Parce qu'effectivement, faute de temps, ses parents ne pouvaient concevoir s'occuper d'elle. Mais Delphini n'était pas dupe, elle savait bien que c'était plus par honte qu'autre chose que ses parents ne daignaient lui rendre visite ne serait-ce que pour son anniversaire.
D'ailleurs, s'en rappelaient-t-ils seulement?
Elle s'en doutait.

- Hum, soupira Delphini. J'arrive.

Elle n'était jamais bien motivée de se lever, mais comme elle était obligée... D'ailleurs, pourquoi? Comme si quelqu'un se souciait d'elle. Elle pourrait partir, rester, qu'importe. Vivre ou mourrir, quelle différence? Aucune, oui. Aucune.
Elle s'habilla avec la même robe noire qu'elle portait depuis toujours. Une robe de sa mère, Bellatrix Lestrange. Étonnement, sentir l'odeur de sa mère à travers cette robe lui faisait du bien. C'était une preuve de faiblesse, certes, mais qui s'en préoccupe? Tout le monde s'en fout, sauf Delphi. Elle, ça lui plaît de mettre la robe de la plus grande criminelle n'ayant jamais exister sur cette Terre, alors grand bien lui fasse.
Elle se regarde dans le miroir, ce qui la fit sentir encore plus misérable qu'elle ne pensait déjà l'être. « Si faible » se dit-elle.

- DELPHINIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII, hurla Mrs Rowle.

- C'est bon, je suis là, répondit-elle en jurant.

- Bien. Va à la bibliothèque, et fait tes devoirs ou je ne-sais-quoi. Occupe-toi, dit sèchement la voix criarde de la nourrice.

« Merlin, comme je hais cette gamine... »
Il faut savoir qu'Euphemia Rowle, femme d'une
trentaine d'année aux cheveux pourtant bien gris, détestait la petite depuis sa naissance. Pourquoi? Tout simplement qu'en tant que Mangemort et adepte des croyances du sang, elle était très attachée à son maître, et elle en était même tombée amoureuse au premier regard. Mais à côté de Bellatrix, elle faisait pâle figure, aussi Voldemort la préféra à cette pauvre femme. Donc comme la fille n'était pas la sienne, comme elle n'était pas là fille de son soupirant et d'elle même mais plutôt celle de sa rivale et de ce dernier, elle choisi de la détester.
Comme quoi Delphi n'était pas seule à détester sa vie.

Donc, la jeune fille alla à la bibliothèque comme demandé et s'affaira à ses travaux. Mine de rien, elle était bien studieuse, mais ne pouvait impressionner personne avec ce certain talent puisque personne ne repassait sur ses ébauches. Plusieurs auraient été tentés de ne rien faire tout simplement et de déconné avec ce qui tombe sous la main d'un enfant ennuyé, mais Delphini n'y pensait même pas. Elle caressait encore l'espoir qu'elle finirait par aller à Poudlard, elle se préparait donc.

Lorsqu'elle eut fini, vers 15h peut être, elle retourna à sa chambre sans avoir mangé.
Elle repassa devant son miroir et s'observa un moment. Oui, elle ressemblait à ses parents. C'est aussi pour cette raison qu'elle ne se faisait pas apprécier par Mrs Rowle, elle leurs ressemblait trop justement. Avec ses longs cheveux tout emmêlés, sa peau pâle et surtout ses grands yeux rouges, elle ne passait pas inaperçu. Et comme sa mère et son père lorsqu'il fût Tom Jedusor, elle était belle. Non, le mot est faible, elle était magnifique. D'une beauté à la fois fragile et dangereuse.

Elle regarda par la suite la date, car elle perdait parfois la notion des jours.
Le 24 août 1979. La rentrée était donc dans une semaine, pensa-t-elle. Elle s'imagina alors sur le chemin de traverse dont elle entendait parler, elle s'imaginait avec les livres, les préparations, les hiboux, les lettres et...
« Les amis, dit elle dans un souffle »
Comme elle souffrait, cette petite. Elle aurait tant donné pour être à la place de quelqu'un d'autre. Jamais elle n'aurait d'ami ni rien si elle restait ici. Non, jamais.
C'est donc avec l'énergie du désespoir qu'elle se mit à travailler sur un plan d'évasion pour Poudlard. Elle ne savait ni comment elle allait passer inaperçu, ni comment elle allait se procurer les effets scolaires ou quoi que ce soit. Ce qu'elle savait par contre, c'est qu'elle partirait. Elle partirait loin sans se soucier d'une quelconque conséquence.
Elle aurait tant voulu que ce soit sa mère qui lui dise « Bon voyage »...

Delphini Riddle: Le temps d'une roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant