022: Identité et relations

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Encore un peu sonnée après avoir vu contre qui elle se battrait le lendemain, Delphi ne put fermer l'œil de la nuit. Ça lui rappela sa vie d'il y a environ cinq mois, la période où elle broyait du noir et où seule la dépression venait à son chevet.

Et en plus, comme si c'était pas assez, après la finale, il fallait qu'elle aille danser avec Weasley.
Elle se demandait lequel des deux événement la portait plus à aller se cacher pour l'éternité parmi les acromantules peuplant la forêt interdite...

Ça allait être officiellement la pire journée de sa vie, ce qui n'était pas peu dire !

Elle se leva de son lit et regarda l'heure. Deux heures trente-trois du matin. Gé-nial. Elle soupira et regarda par la fenêtre. Ilvermorny possédait un magnifique paysage, la nuit. La lune blanche et claire, les arbres dansant parmi l'hiver, les rivières glacées laissant pour miroir la lumière étoilée.

Oui, c'était magique, comme un enchantement. Il y avait quelque chose de pur, ici. D'innocent. Et pourtant, dans le monde des sorciers, innocence et pureté ne rime pas à la perfection. On peut rarement être forcé à se marier et garder son innocence, rarement devoir haïr des inconnus selon leur sang et garder son innocence, rarement tuer quelqu'un et garder son innocence, rarement donner sa vie à quelqu'un et garder son innocence. Donc pureté et innocence, même si les familles de Sang Pur s'efforçaient à masquer les apparences, rien ne pouvait rallier ces deux mots, parce que rien n'avait office de lien entre eux.

Et pourtant, Ilvermorny prouvait le contraire. À Poudlard, l'hiver était joli, certes, mais pas éblouissant comme ici. Comme subjuguée par la beauté froide et enchanteresse de cette école, Delphini esquissa un faible sourire, provoqué par son subconscient. L'hiver était officiellement sa saison préférée. Puis, avant qu'elle ne s'en rende vraiment compte, ses yeux se fermèrent par la fatigue et elle s'endormit, comme ça, sur le rebord de la fenêtre.

*

Le lendemain matin, Delphini se réveilla avec l'étrange sensation d'avoir été congelée durant la nuit. Elle descendit de la fenêtre et voyant l'heure assez tardive, courut s'habiller. Le stress de la veille la rattrapa très vite et son cœur se mis à battre très fort.

D'une démarche assez rapide, elle se dirigea vers les vestiaires où elle put se mettre en habit de combat portant les couleurs de Poudlard. Habituellement, elle ne stressait pas trop avant les matchs, puisqu'elle était certaine de gagner. Mais aujourd'hui, non. Aujourd'hui, elle allait rencontré celle à qui elle avait volé son identité, celle à qui elle devait beaucoup de choses.

Puis, on l'appela sur le stade. Elle marcha à pas lourd, le teint verdâtre et la tête baissée. Jamais elle n'avait parut aussi dépassée par les événements. C'était trop pour elle, trop pour sa tête et pour son cœur. Que faire ? Elle devait tant à cette fille !

Puis, on appela Azelma. Elle, souriante, le dos droit, ses lèvres fines dessinant un sourire doux à l'assemblée. Ses longs cheveux blonds presque blancs se balançaient en arrière d'elle. Ses yeux noisettes se faisaient rieurs et sa démarche assurée.

On leur demanda de se serrer la main, elles s'exécutèrent. Elles s'éloignèrent et se mirent en garde. Azelma attaqua la première avec un stupéfix, que Delphi barra de manière robotique, presque par pur réflexe. Puis, elle contre attaqua par un expelliarmus, dont l'adversaire bloqua facilement. Entre deux sorts, cette dernière lui dit:

- Je sais qui t'es ! T'es celle qui a prit mon identité, pas vrai ?

- C-Comment tu sais ça, toi ?

- Les Black ont envoyé une lettre. Elle parlait d'un repas. Et tout de suite après, j'en ai reçu une autre d'un certain Regulus Black. Il m'a tout raconté, termina-t-elle. Étonnement, elle ne paraissait pas trop fâchée.

Tout de suite après la fin de sa phrase, les deux filles se lancèrent chacune un sort, et les deux s'entrechoquèrent, les deux sorts étaient comme liés par un lien magique. Comme connectés.

- É-Écoute ! J'ai quelque chose à te proposer !

- Dit toujours, répondit la blonde avec un sourire affable, presqu'avenant.

- Je lâche tout, tu gagnes et en échange, je peux reprendre ton nom pour les apparences. Deal ?

- Deal, dit elle après quelques secondes d'hésitation.

Alors, d'un geste lent, presque théâtrale, Delphi tassa sa baguette et le sort qu'Azelma voulait jeter qui s'était lié avec le sien toucha la jeune Serpentard de plein fouet.

Elle fût projetée à l'arrière et atterrit au sol. Elle ferma les yeux, et sourit avant de s'évanouir. L'un de ses nombreux problèmes était bel et bien réglé. Elle ne gagnerait pas un combat, mais elle gagnerait du temps. Et ça, c'est beaucoup plus précieux que toutes les victoires rassemblées.

Delphini Riddle: Le temps d'une roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant