Chapitre 3

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Ils marchèrent côte à côte à l'ombre des rares gratte-ciel et des immeubles à deux ou trois étages plantés autour d'eux comme des barreaux de prison toujours plus hauts et épais, comme s'ils devaient en rester otages. Ils esquivèrent les passants habilement tout en dégustant leurs beignets chocolatés. Lauria laissa son regard traîner vers son voisin afin de le comprendre un peu plus sans avoir besoin de mots, juste de gestes. À sa façon de découper du bout des doigts sa pâtisserie pour n'en avoir que de petits morceaux à porter à la bouche, elle devina une certaine délicatesse mais également une gourmandise non dissimulée puisqu'il se lécha les doigts sans retenue à la fin de sa dégustation. Elle fit de même et jeta le papier auréolé de gras dans une poubelle.

« Où est-ce qu'on va ? Osa-t-elle lui demander.

- Au parc MacArthur. C'est connu mais au moins, tu verras un peu de verdure. »

Elle ne comprit pas la fin de sa phrase mais elle ne le releva pas. Elle se laissa porter à quelques rues de là jusqu'à se retrouver sur place et observer l'endroit avec plaisir.

Enfin le gris s'évanouit pour de bon, laissant l'herbe parfaite, les arbres bien droits et les iconiques palmiers prendre le pas dans ce parc avec cet immense lac en son centre. Elle eut l'impression d'une bulle de nature artificielle posée là par hasard, juste pour faire respirer un peu les habitants étouffés par l'urbanisme. Un vol d'oiseaux passa près d'eux et s'arrêta dans une allée pour picorer sans aucun crainte des passants plutôt nombreux.

« Je viens souvent ici, confia Bill en avançant un peu plus, les mains dans les poches. Ça permet de souffler un peu après le travail.

- Je comprends. C'est un peu... »

Il tourna la tête vers elle, un sourcil arqué au-dessus de ses lunettes noires. Elle chercha à combler le silence mais elle finit par soupirer, dépitée par son manque de vocabulaire, et secoua mollement la tête. Elle haussa les épaules pour seule réponse ce qui déclencha un petit rire à Bill.

« Artificiel ? Proposa-t-il pour l'aider.

- Oui mais je cherchais un autre mot. Mais c'était la même idée.

- Au fait, je ne connais même pas ton âge, réalisa-t-il en se remettant à marcher dans les allées bétonnées.

- J'ai vingt-cinq ans. Et toi ?

- Vingt-sept. Tu es en vacances jusqu'à quand ?

- Je prendrai l'avion lundi prochain.

- On est quel jour ? Se demanda-t-il à voix haute.

- Mardi.

- Ah oui, c'est vrai. Je perds un peu le fil parfois, soupira-t-il sans se rendre compte que Lauria ne le comprit qu'à moitié. Et tu sais ce que tu vas faire pour le reste de la semaine ?

- Non, je ne sais pas. Visiter un peu et peut-être tomber dans les trucs pour touristes. »

Il rigola franchement. Le soleil se retrouva caché par un épais nuage blanc et assombrit tout sur son passage, les plongeant dans une obscurité toute relative qui le fit légèrement râler mais qui enthousiasma Lauria puisqu'il releva ses lunettes teintées sur son crâne. Elle put ainsi apprécier ses yeux et ses cils immenses, presque féminins.

« You will have to rent a car if you want to visit the most tourist places. Here, there are not many. I wonder why you came here and not over to L.A. center or Hollywood.

Je veux rêver avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant