Chapitre 14

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Elle rentra de son travail avec encore plus de fatigue dans les yeux que d'habitude. Elle avait eu le malheur d'écrire pendant une bonne partie de l'après-midi, refusant de faire une sieste pour être en forme, et s'était finalement retrouvé vite à plat derrière son comptoir à attendre enfin l'heure libératrice.

Elle grimpa chez elle, s'enferma dans son appartement et eut pour premier réflexe de sortir son téléphone de sa poche afin d'envoyer un e-mail à Bill. C'était comme ça toute la journée, comme des SMS, ils se racontaient tout ce qui leur passait par la tête quelle que soit l'heure telle une interminable conversation qui n'aboutirait jamais à rien d'autres qu'à des sentiments et un partage plus fort de message en message.

Elle eut tout juste le temps d'envoyer le résumé de sa nuit et ce manque toujours présent en elle que la sonnerie de son entrée retentit. Elle bâilla avant d'ouvrir la porte à un homme parfaitement inconnu. Il la salua, lui présenta un bouquet de fleurs dont elle ne comprit pas l'origine puis déposa une carte sur le dessus avant de s'éloigner en lui souhaitant une bonne journée. Elle rentra chez elle un peu perdue, le nez envahi par les senteurs si douces et pourtant si fortes qui l'entêtèrent en un rien de temps et les yeux abrutis par la beauté de cette composition.

Des fleurs blanches, rien que ça. Des toutes petites noyées dans les plus grosses ressemblant à des roses. Des pétales éclatants de virginité en pagaille entremêlés à quelques feuilles sauvages, le tout reposant sur un lit de verdure profond. Et au centre, plantée en plein milieu de ce matelas pur, une rose aussi rouge que le sang qui se mit à circuler plus vite en son cœur.

Jamais elle n'avait eu le loisir de contempler pareil bouquet, elle en eut l'esprit à l'envers et la fatigue s'estompa de son corps comme par magie. Elle resta bêtement à le fixer sous toutes les coutures telle une œuvre d'art, émerveillée devant ce présent dont elle sut l'origine mais pas la raison. Qui d'autre que « son petit Américain » comme le disait sa sœur pour lui envoyer ça ? C'était la première fois qu'il prenait l'initiative d'un autre moyen de communication que les e-mails, cela la ravit plus qu'elle ne l'aurait pu l'imaginer.

Elle déposa avec précaution son bouquet dans un grand verre faute de vase et déplia enfin la carte pour lire les mots qui venaient de traverser un continent et un océan entiers rien que pour elle.

Je crois en l'amour, rien qu'en l'amour. Je crois en ce genre d'amour très grand. Le genre d'amour par excellence. Le genre d'amour débordant et incontrôlable. Le genre d'amour "Je ferais tout pour toi."

Et je crois en toi, ma seule et unique rêveuse. Je crois autant en toi qu'en cet amour inconditionnel. Lui et toi, vous ne faîtes qu'un dans mon cœur. Tu es cet amour auquel j'ai toujours cru, auquel je crois encore, auquel je croirais à jamais.

Prends soin de toi. Puisse ces fleurs prouver à quiconque que les kilomètres ne veulent rien dire quand les sentiments sont vrais.

Je t'aime Lauria.

L'émotion la submergea tant qu'elle vit une de ses larmes s'écraser une feuille, rouler lentement dessus et finir par s'arrêter pour briller sous la lumière du soleil à travers la vitre. Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle pleurait. Elle effaça toute trace de larmes de son visage et respira une dernière fois son bouquet avant de fermer sa porte à clé et de se réfugier dans sa chambre. Elle s'effondra dans son lit, son portable entre les doigts. Elle eut du mal à choisir ses mots pour répondre à Bill tant l'émotion resta forte dans sa poitrine mais elle retrouva comme une lueur dans sa mémoire une information qu'elle avait lue des mois de ça. Elle lui envoya sans hésitation après avoir rajouté quelques mots personnels.

Je veux rêver avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant