Fanny descendit de la voiture en même temps que Gordon. Lauria amorça le geste pour ouvrir sa portière mais une ombre s'abattit sur elle depuis l'autre côté de la vitre et l'interrompit. Elle leva les yeux vers cette silhouette qui déverrouilla la fermeture. Une bouffée de chaleur s'engouffra dans le véhicule et vint réchauffer la peau de ses épaules nues. Elle serra davantage son bouquet alors qu'une main se tendit vers elle, une main qu'elle aurait reconnue entre mille. Dans un sourire, elle s'en saisit avec délicatesse et s'aida d'elle pour sortir de la banquette arrière avec autant de grâce que possible. Elle se dressa sur ses deux pieds, ses talons claquèrent sur le béton du trottoir, puis elle tendit son dos et se tint droite devant le seul qu'elle souhaitait voir aujourd'hui.
Ses yeux retrouvèrent ceux noisette qu'elle aimait tant et qui pétillèrent plus que la première fois qu'elle avait pu les admirer. Ils étaient si étincelants, si pleins de crépitements qu'elle crut avoir trouver une mine d'or dans une terre d'ocre sombre. Même les plus impressionnants des feux d'artifice ne contenaient pas ces paillettes de lumière dorée.
Cependant ce regard dévia du sien. Il s'éleva sur ses cheveux avant de tomber sur ses lèvres, il fit une halte sur ses clavicules, plongea dans son léger décolleté, s'arrêta sur les broderie de son bustier, suivit les plis de sa jupe drapée puis termina sa descente à ses chevilles qu'il devina à peine. Il remonta ensuite à toute vitesse et revint s'ancrer au sien mais ce fut à elle de rompre leur échange silencieux et purement sensoriel.
Elle détailla cet homme encore plus beau que dans ses souvenirs datant de quelques heures seulement. Elle admira ses cheveux noirs plaqués en arrière sans accroc, chuta sur son visage défroissé et sa barbe taillé à la perfection puis détailla le costume offert à sa vue. Chemise blanche immaculée au col fermé, veston beige aux discrètes arabesques brodées, veste assortie unie. Son regard reprit sa route plus bas et découvrit son pantalon de costume tout aussi clair au fin pli le long de la jambe qui s'échoua sur des chaussures camel en accord avec la ceinture à sa taille.
Elle remonta vers son visage si lumineux qu'elle en eut un étourdissement passager. Elle sourit alors que ses mains prises par le bouquet se retrouvèrent entourées des siennes. Son sourire déteignit sur le sien, elle sentit ses lèvres se tendre sans même le décider, juste en réponse à ce qu'elle vivait face à elle. Elle voulut prononcer un mot ou même un son mais devant ce regard fait de braises incandescentes, elle resta muette et se fascina pour ce brasier menaçant de se déclencher n'importe quand.
« Bonjour. » Chuchota Bill, l'air presque intimidé.
À croire qu'ils ne s'étaient pas vu le matin-même. Elle apprécia pourtant ce simple mot comme s'il la découvrait pour la première fois aujourd'hui alors qu'elle revêtait une tenue unique et était plus elle que jamais dans cet apparat.
« Bonjour, répondit-elle d'un même ton.
- Tu es merveilleuse, soupira-t-il émerveillé. Tu es encore plus belle que n'importe quel rêve que j'ai pu faire.
- Je crois que c'est le plus beau compliment que je puisse recevoir aujourd'hui. Tu es magnifique toi aussi... J'ai même du mal à croire que tout ça est bien réel.
- Ça l'est, je peux te le garantir. Rien n'est plus vrai que cet instant. »
Elle approuva dans un hochement de tête lent et sincère.
« Ta robe est incroyable, dit-il en l'observant à nouveau. Tu es si belle dedans... J'avais raison de te dire de la prendre. »
Elle lui sourit un peu plus. Elle aurait souhaité rester ainsi encore une éternité à le regarder dans les yeux, à sentir ses doigts autour des siens, à attendre que son souffle se mêle au sien pour qu'enfin ils ne fassent plus qu'un seulement leurs invités l'empêchèrent sans même le savoir. Ils approchèrent d'eux et entamèrent les salutations avec les compliments pour leurs tenues respectives. Lauria remarqua alors que tous les hommes portaient un smoking noir et que les quelques femmes étaient vêtues de robes pâles, couleur crème. Elle s'en amusa autant que si tout ça relevait d'une pièce de théâtre répétée à la perfection, elle apprit d'ailleurs qu'ils s'étaient bien tous concertés afin que les photos soient les plus élégantes et harmonieuses possibles. Elle considéra cela comme un cadeau supplémentaire, elle les remercia tous un par un d'avoir fait cet effort, autant que Bill qui enlaça chacun de ses amis. Lauria échangea des mots avec les uns ou les autres, notamment avec sa belle-mère qui la prit dans ses bras en la couvrant de compliments. Autant que cela lui répara le cœur, cela lui fit remonter à la surface les blessures causées par sa propre famille. Elle dissimula son malaise derrière un sourire plus grand car plus crispé qui passa toutefois inaperçu.
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Je veux rêver avec toi
FanfictionRêver, c'est beau. Rêver à deux, c'est magique. Mais l'assumer au grand jour, cela peut se révéler plus compliqué qu'il n'y paraît, et il faut parfois faire des sacrifices pour y parvenir. Tous les contes de fées ont leurs péripéties.