Chapitre 7

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Elle papillonna des yeux un moment, la clarté la surprit et l'obligea à prendre son temps avant d'oser l'affronter de plein fouet. Le soleil déforma son visage, la contraint de se former une visière avec ses doigts pour comprendre la situation. Durant une seconde, la panique l'envahit. Elle crut perdre son si beau rêve, le voir se briser en morceaux et retomber en poussière sous ses yeux mais cette ceinture de bras autour d'elle toujours présente la rassura et lui rappela que tout était bel et bien réel. Lentement, elle essaya de se retourner sans réveiller Bill toujours profondément endormi dans la même position qu'au moment où ils s'étaient laissés tomber de fatigue.

Si près de lui, elle admira sa peau embellie sous ce soleil matinal déjà haut et brillant comme en plein après-midi. Du bout des doigts, elle frôla l'arrête de son nez si fine, presque plus que la sienne, elle lui envia même, puis elle se concentra sur ses yeux fermés, cette rangée de cils si longs qu'elle voulut sentir battre contre sa joue tel un papillon. Elle aperçut les petits cernes en dessous mais elle n'y prêta pas plus attention, cela n'existait pas à ses yeux. Elle préféra laisser son regard descendre sur ses lèvres charnues qu'elle ne put se retenir de toucher du bout de son index tendu. Elle appuya à peine de peur de le réveiller, elle voulut juste se rendre compte de cette texture qui l'attira et lui donna envie de la goûter en guise de petit-déjeuner.

Son petit manège finit par se faire ressentir pour Bill dont le front se plissa et les mâchoires se serrèrent. Elle stoppa tout, inquiète de l'avoir réveillé, mais il n'en fut rien. Elle remarqua ses traits se détendre et à sa respiration, elle comprit qu'il replongea dans le sommeil contrairement à elle qui n'en eut pas envie. Avec le plus de douceur possible, elle décala ses bras l'emprisonnant pour sortir de cette cage de chaleur incomparable, elle roula presque sur la couverture pour ne pas le déranger et enfin se lever de sa place. Elle s'épousseta un peu puis regarda la ville déjà éveillée, sans doute n'ayant même pas dormi, les poings sur les hanches. Puis elle s'étira, comblée d'avoir ce genre de paysage à regarder plutôt qu'un écran de télévision redondant les mêmes programmes.

Lorsqu'elle lança un regard par-dessus son épaule, elle remarqua les restes de pizza déjà entamés par de petites fourmis voraces ainsi que leurs sacs grands ouverts. Elle se rendit alors compte de la naïveté qui les accompagna dès lors qu'ils se retrouvèrent tous les deux, comme si personne ne connaissait cet endroit et ne pouvait venir les agresser ou les voler. Mais par chance, après vérification, elle ne nota aucune différence dans son sac, rien n'avait bougé sinon son carnet toujours sur la couverture qu'elle attrapa. Elle retourna voir la ville et se mit le plus possible au bord de la falaise avec cette vue pour seule accompagnatrice. Son stylo à la main, elle s'en détourna afin de suivre le tracé de sa mine gorgée d'encre qu'elle déposa au fil de ses mouvements pour une fois lents et non pas teintés de colère ou d'amertume comme auparavant.

14.07.2017

Je crois que ma carapace vient de craquer pour de bon, que le mystère n'en est plus un et que la vérité s'évacue enfin de la prison que j'avais construite à force de travail et d'abnégation. Mais devant ce corps étendu si près de moi, cette douceur qui l'habille, ces papillons qui s'échappent de sa voix pour m'atteindre, je ne peux plus faire semblant et je ne veux plus me cacher. Pourtant, si quelqu'un voyait cette adolescente sous la peinture, sous les couches et les couches que j'accumule pour ne rien montrer, je sais déjà le commentaire qui retentirait car il a déjà retenti plusieurs fois pour des gens similaires à moi : Grandis un peu !

Non. Je ne veux pas grandir. Je ne veux pas abandonner mes rêves et mes espoirs pour me fondre dans un monde qui ne tourne pas rond. Ce n'est même pas que je ne veux pas, c'est que je n'y arrive pas. Je n'ai pas le mode d'emploi, je n'arrive pas à abandonner mes rêves pour me contraindre comme tout le monde à me fondre dans le monde et sa masse en acceptant la réalité disant que la vie n'est pas comme ci ou comme ça.

Je veux rêver avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant