Chapitre 32

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Elle fit la moue devant l'écran de son ordinateur, les mains perdues dans ses cheveux défaits qu'elle emmêla davantage. Bill la trouva ainsi en rentrant de son travail et s'étonna de son comportement qu'il ne décrypta pas en totalité. Il se demanda si cela avait un rapport avec le dîner de prévu le soir-même chez ses parents où ils devaient se rendre. De peur de commettre un impair, il préféra s'occuper de Pumba en premier et vint seulement la trouver après, une bière à la main. Elle ne lui adressa qu'un bref regard, fixa la bouteille en verre et la lui arracha pour en avaler une longue gorgée.

« Ça va ? Demanda-t-il interloqué par son geste alors qu'elle lui redonna son breuvage.

- Non.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Je suis inquiète. Ma grand-mère ne m'écrit plus.

- Ah bon ?

- Hum. Normalement, je reçois une lettre d'elle toutes les semaines où elle répond à mes cartes postales.

- Oui, je sais.

- Et ça fait deux semaines que je n'ai rien reçu. Je ne comprends pas, soupira-t-elle en secouant la tête. Il se passe quelque chose.

- Elle est peut-être seulement malade.

- Non. J'ai voulu l'appeler pour savoir, même si ça coûte cher. Et on m'a dit que le numéro n'était plus attribué.

- Tu es sûre que tu n'as pas fait d'erreur ?

- Évidemment, j'ai vérifié ! Riposta-t-elle à ce qu'elle considéra comme une attaque. Elle était tellement impatiente de venir ici pour le mariage... Pourquoi d'un coup elle ne répond plus ?

- C'est une veille femme, relativisa Bill pour tenter la détendre. Peut-être qu'elle est à l'hôpital pour un petit truc et qu'elle va bientôt revenir chez elle.

- Mais alors pourquoi son numéro aurait changé ? Il y a un truc grave qui se passe, j'en suis persuadée.

- Tu as essayé d'appeler ta famille pour savoir ?

- Mes parents n'ont pas répondu, évidemment, et ma sœur non plus... Elle doit avoir coupé son téléphone. J'attends qu'elle voie mon e-mail. Il est quatre heures du matin en France alors... Mais ça m'inquiète. Si mamie avait eu un problème, elle m'aurait prévenu quand même, réfléchit-elle. On ne se parle pas souvent mais elle m'aurait dit si mamie avait eu quelque chose... Non ? »

Bill haussa les épaules, démuni de toute information. Son inquiétude grandit en elle de voir les minutes défiler sans en apprendre plus sur ce mystère. Si réellement sa grand-mère avait subi un problème quelconque, elle ne comprenait pas pourquoi elle en aurait été tenue à l'écart. La distance n'excusait rien à ses yeux, un coup de fil d'une minute n'aurait pas ruiné sa famille pour l'informer de ce qui se passait et un e-mail n'aurait pas pris plus de cinq minutes sans rien coûter. Aucune excuse n'aurait pu être recevable si jamais ses parents ou sa sœur daignait la contacter suite à ses appels sans retour.

Bill essaya tant bien que mal de lui faire penser à autre chose durant la soirée seulement cela échoua. Elle resta bloquée à moitié en France, à moitié en Californie, incapable de laisser ses racines de côté plus d'un quart d'heure. Elle alluma son téléphone toutes les minutes, actualisa sa boîte mail à chaque fois et perdit de plus en plus son sourire en constatant que tout resta silencieux et vierge de nouveauté. Et si cela se poursuivait, elle n'allait avoir aucune nouvelle avant d'aller dîner avec sa belle-famille.

Je veux rêver avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant