Chapitre 35

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Le chauffeur s'arrêta devant l'immeuble. Bill lui indiqua de les attendre avant de sortir de la voiture avec Lauria pour grimper jusqu'à leur appartement. Une fois enfermés dedans, ils purent se débarrasser de leurs vêtements salis de transpiration et passèrent en coup de vent sous l'eau chaude de la douche afin de nettoyer leurs peaux collantes. Ils s'habillèrent ensuite des premiers vêtements trouvés, remplirent un sac de deux couvertures et de quoi boire et manger, plus par précaution que par réelle nécessité, puis ils descendirent l'escalier en vitesse malgré leur fatigue en train de tirailler leurs jambes. Avec toutes leurs danses, difficile de ne pas sentir leurs muscles se tendre pour un rien et les crampes menacer de venir perturber leur nuit.

Ils montèrent dans le taxi qui les emmena vers leur endroit. Lorsqu'ils y posèrent les pieds, ils redécouvrirent la ville scintiller autant que les étoiles au-dessus d'eux tel le miroir de cette immense étendue céleste. Le chauffeur disparut après avoir reçu son montant, laissant le couple seul dans cet espace loin de tout, aussi isolés qu'il le souhaitait. Bill étala la première couverture sur la terre, le plus près possible du bord, et s'allongea dessus avec Lauria qui ne tarda pas à le rejoindre après s'être déchaussé. Ensemble, côte à côte, ils admirèrent les lumières de Los Angeles luire des mètres plus bas, au milieu des collines sombres dressées comme des remparts. Ils savourèrent ce paysage tout juste éclairé par une demi-lune timide qui se perdit dans les branchages au loin.

« Je suis épuisé, soupira Bill. Je crois que je n'ai jamais passé une telle soirée.

- Moi non plus. Je n'ai plus de pieds, rigola-t-elle en appréciant l'air frais dessus. J'ai trop dansé.

- Moi aussi. Je crois que je n'ai jamais autant dansé de ma vie... Je suis mort.

- Vraiment ? Fit-elle plus candide. Il nous reste pourtant quelque chose à partager ce soir, non ?

- Ce soir... ? Tu veux dire "ce matin", pas vrai ? Plaisanta-t-il tandis que sa main vint caresser sa hanche à travers son débardeur. Il est presque six heures.

- Déjà ? Incroyable, je n'ai pas vu le temps passer. On va bientôt voir le soleil se lever alors.

- C'est plutôt lui qui va nous voir nous coucher. »

Il bascula par-dessus elle, la surplomba, ses jambes de part et d'autre de son corps, ses mains de chaque côté de sa tête, puis il plongea son regard dans le sien. Elle retrouva une nouvelle toile étoilée, presque encore plus brillante que celle naturelle qui les nappait dans un cocon hors du temps. Elle admira cet espace infini, voyagea d'un éclat à l'autre et crut même trouver une nouvelle forme de vie encore plus belle tout au fond, perdue dans l'immensité de cet univers sombre. Elle pensa s'y perdre seulement cette lumière qui pétilla ici ou là la guida dans la pénombre et lui fit battre le cœur plus fort.

Un soupir de bonheur lui échappa alors qu'elle tendit une main vers ce visage si près du sien. Elle caressa cette joue qui piqua sa paume avec sa courte barbe. Son geste resta lent, comme pour savourer ce moment, ses paupières s'abaissèrent et elle respira à pleins poumons cet air frais si agréable qui s'enroula autour d'eux. Sa bague glissa autour de son doigt à mesure qu'elle parcourut sa peau jusque dans son cou. Ses doigts s'étendirent vers sa nuque, elle la serra tendrement et amorça un geste afin que leurs visages se rapprochent jusqu'à ce que leurs fronts entrent en contact tout doucement.

« J'ai encore du mal à croire que je suis mariée, chuchota-t-elle telle une confidence. J'ai peur.

- Peur ? Peur de quoi ? S'étonna Bill.

Je veux rêver avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant