Je veux rêver avec toi

Chapitre 25

Elle ouvrit les yeux lentement. Un violent frisson la traversa de la tête aux pieds, elle se recroquevilla davantage sur elle-même. Ses mains se refermèrent un peu plus sur les bras de Bill autour d'elle qui l'emprisonnèrent dans un cocon de chaleur qui lui parut insuffisant bien qu'agréable. Cependant, une fraîcheur s'insinua sous son sweat-shirt imprégné de l'odeur de Bill qu'elle respira en guise de réveil plus délicat. Elle frissonna encore en cherchant à se libérer de cette cage de chaleur humaine sans réveiller son copain. Elle échoua malgré elle. Elle l'entendit grogner derrière elle ce qui l'obligea à se retourner afin de lui faire face. Son visage si près du sien encore marqué par le sommeil lui arracha un sourire. Elle le détailla avec plaisir, compta ses grains de beauté ou glissa sur l'arête de son nez qu'elle eut envie de suivre du bout des doigts. Enfin elle vit ses paupières se mouvoir et s'ouvrir lentement. Elle plongea dans cette étendue brune qui lui offrit plus de chaleur que leur étreinte.

« Salut, dit-elle à voix basse pour ne pas le brusquer.

- Salut, répondit-il d'une voix rocailleuse. Tu as passé une bonne nuit ?

- Oui. Et toi ?

- Oui. J'ai cru que j'avais tout rêvé mais tu es vraiment là. Je crois que c'est le plus beau réveil de ma vie. »

Elle caressa tendrement sa joue puis vint déposer un tout petit baiser sur la pointe de son nez.

« Il est quelle heure ? Il faut que tu ailles travailler.

- Mon réveil a sonné ?

- Non. Je n'ai rien entendu.

- Alors on a encore un peu de temps rien que pour nous. »

Il resserra ses bras autour d'elle et la garda tout contre lui. Elle nicha son nez dans son cou chaud qu'elle marqua temporairement du bout des lèvres de temps en temps, au hasard, selon sa seule envie. Elle le sentit frémir sous ses baisers. Ses doigts se crispèrent dans sa chute de reins, elle en eut une bouffée de chaleur.

« On va déjeuner en ville ? Proposa-t-elle. Dans notre café ?

- Si tu veux, sourit-il en glissant ses doigts sous son chemisier pour toucher directement sa peau douce. Je peux te demander quelque chose d'idiot ? L'interrogea-t-il après un bref silence.

- Vas-y, se retint-elle de rire.

- Ton rouge à lèvres n'a pas du tout bougé, comment c'est possible ? »

Cette fois, elle rigola franchement dans son cou ce qui lui provoqua des nuées de tressaillements.

« Ça s'appelle la qualité, rétorqua-t-elle en s'écartant de lui. On y va ? »

Il approuva dans un simple hochement de tête. Ensemble, ils se relevèrent de leur couverture et frémirent sous le vent frais de cette matinée sombre. Le soleil toujours absent à l'horizon, ils purent simplement regarder les nuages rosir petit à petit en attendant que des rayons plus clairs ne viennent les déchirer et s'abattre sur la ville. Ils rangèrent leur campement et s'enfermèrent dans la voiture qui roula dans les rues déjà habitées par la circulation. Ils arrivèrent cependant à bon port dans de brefs délais et purent apprécier ensemble l'intérieur du café chauffé avec une vue sur la rue s'animant de plus en plus.

Face à face à une petite table carrée, elle sur la banquette et lui sur une chaise, ils regardèrent en silence le serveur déposé sur la nappe blanche impeccable leurs assiettes remplies de gaufres sucrées, leurs bols de salade de fruits multicolores, leurs tasses de café à l'odeur exquise et leurs longs verres de jus d'ananas. Ils les attrapèrent d'un même geste et le levèrent en direction de l'autre à la manière d'une flûte de champagne.