Lauria joua la touriste exemplaire durant cette journée oppressante seule dans la ville. De cet immense panneau HOLLYWOOD à Sunset Boulevard, du Walk of fame au Studio Universal, elle mitrailla chaque coin avec son portable, amassant les clichés non pas par plaisir pur mais par nécessité. Elle savait qu'à son retour en France, elle devrait répondre aux innombrables questions de ses proches et montrer ce qu'ils avaient déjà pu voir des centaines de fois dans des films ou des documentaires. Elle apprécia sa journée, évidemment, elle profita de ces lieux magnifiques, mais cette réalité lui parut bien fade à côté de ce qui l'attendait le soir-même. Elle accumula les souvenirs pour chaque personne de sa famille. Porte-clés, stylo, tee-shirt, bibelots quelconques, elle entassa de tout et de rien dans des sacs qu'elle fourra dans sa valise une fois retournée à l'hôtel.
Elle fit attention à sa tenue devant le miroir de la salle de bain, ajusta sa blouse sur ses épaules, remonta son jean sur ses hanches puis se pencha en avant pour vérifier son maquillage avec attention. Elle sourit devant son reflet. Ses longs cils étaient toujours parfaitement noirs et ses lèvres aussi violettes que son vêtement fluide laissant l'air circuler autour d'elle et ne pas la comprimer davantage. Elle jeta un œil à son portable, il ne lui resta plus longtemps avant de partir, ce fut la raison pour laquelle elle ne perdit pas plus de temps devant son image.
Elle attrapa son sac d'une main vive et s'élança en direction du parc. Tout son corps fut une bombe à retardement dont le tic-tac infernal dans sa poitrine l'assourdit à mesure que l'heure fatidique pointa. Ses pieds martelèrent le béton des allées vers l'entrée du parc, là où ils s'étaient rendus la veille. Elle observa l'étendue d'eau lisse à la perfection avec l'espoir que ce calme apparent se reflète en elle et amenuise cette attente bouillonnante dans sa poitrine.
Soudain, une main se posa sur son épaule. Elle bondit sur place et se retourna si vite qu'elle manqua d'en tomber à la renverse. Son cœur faillit la lâcher alors qu'elle retrouva le regard noisette tendre de Bill qui lui sourit simplement. Cela eut l'effet du plus puissant des calmants. En un rien de temps, son organe reprit un battement régulier alors qu'elle plongea dans ses yeux pétillants aussi calmes et attirants que l'eau du lac dans son dos.
« Désolé, je ne voulais pas te faire peur, déclara-t-il amusé par elle.
- Ce n'est rien. Comment tu vas ?
- Bien et toi ?
- Hum, hum. Tu as passé une bonne journée ?
- Elle était fatigante mais j'ai tenu bon jusqu'à maintenant. Tu sais, c'est comme retrouver son lit après une course et s'endormir en sachant qu'on va avoir une bonne nuit et faire de beaux rêves... C'est pareil maintenant mais je vais rêver sans fermer les yeux. »
Cet aveu la rassura sur son propre ressenti, à tel point qu'une nuée de papillons prit son envol dans son ventre et chatouilla sa poitrine qui se bomba un peu plus. Cependant elle ne trouva pas une réponse convenable alors elle lui rendit son sourire, incapable de faire mieux.
« J'ai une idée, dis-moi si tu es d'accord ou pas. Est-ce que tu veux toujours voir la ville d'en haut ?
- Oui, j'aimerai.
- On peut acheter à manger et... Je peux te conduire dans un endroit où on pourra voir la ville briller. Faire comme un pique-nique, résuma-t-il soudain intimidé.
- Alors pourquoi on est toujours ici ? »
Il étouffa un rire tel un enfant pris en faute mais pas inquiété d'être puni, plutôt amusé d'avoir un acolyte dans sa bêtise. Ils échangèrent le même regard complice et en silence, ils sortirent du parc à la recherche de ce qui constituerait leur dîner. En passant devant un restaurant japonais, la même idée germa dans leurs esprits et un simple coup d'œil leur suffit à se mettre d'accord. Ils commandèrent un plateau de sushis ainsi qu'une bouteille d'eau qu'ils emportèrent avec eux jusqu'à la voiture de Bill garée plus loin. À travers le pare-brise, elle découvrit la tête d'un chien qui lui provoqua un nouveau sursaut.
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Je veux rêver avec toi
Hayran KurguRêver, c'est beau. Rêver à deux, c'est magique. Mais l'assumer au grand jour, cela peut se révéler plus compliqué qu'il n'y paraît, et il faut parfois faire des sacrifices pour y parvenir. Tous les contes de fées ont leurs péripéties.