Recroquevillée dans son lit, elle sanglota encore. Ses yeux regardèrent fixement cette lumière jaune clignoter sur son portable, signe d'un message arrivé et non lu. En temps normal, elle aurait déjà bondi dessus afin de découvrir les mots de Bill mais depuis la veille, elle n'avait rien regardé. Elle avait ignoré chaque nouvelle notification d'e-mail venant de lui et à présent une bonne dizaine, peut-être même une vingtaine, s'entassait dans sa boîte de réception, attendant qu'elle daigne bien les ouvrir. Elle n'osait pas.
Elle resta cachée dans le lit, sous les couvertures épaisses, à pleurnicher des vestiges de larmes. Voir la nouvelle année débuter sur son ordinateur, seule dans la chambre, plongée dans le noir, avec California High dans les oreilles, cela avait eu raison de ses dernières réserves d'eau. Elle avait écrit des pages de texte sur son chagrin mais désormais, aux heures les plus matinales, elle n'avait plus un seul mot au bout des doigts. Elle n'avait plus que ses soubresauts de sanglots, ses yeux brûlants et son nez en train de couler qu'elle essuya de temps en temps sur les draps. Malgré l'obscurité, elle devina son tatouage qui était tout ce qu'elle était capable de voir et tout ce qui avait un quelconque intérêt à ses yeux. Elle s'y raccrocha désespérément sans même comprendre pleinement pourquoi.
Un énième éclat de lumière jaune termina d'achever sa patience. Elle tendit la main vers son portable et fut aveuglée par l'écran si lumineux dans cette pièce sombre. Le fond d'écran retourna la tombe de son cœur. Elle retomba sur cette photo d'elle et Bill à l'aéroport, avec ce ballon au-dessus d'eux. Elle n'avait pas pu résister à afficher cette image parfaite afin de l'apprécier tous les jours et se remémorer au quotidien à quel point tout était parfait dans son couple. Et aujourd'hui, elle maudit presque cette immortalisation qui lui donna envie de pleurer. Sauf qu'elle n'eut plus une seule larme. Elle chevrota bêtement, les yeux encore plus douloureux de ne plus avoir de quoi les humidifier et exprimer sa peine.
Elle se souvint de ce séjour à New York, de cette semaine parfaite à l'abri du reste de sa vie. Rien que lui et elle, ailleurs, dans un monde qu'ils avaient appris à découvrir et à idéaliser ensemble. Une bulle de bonheur. Une parenthèse de paradis qui lui manqua au plus profond des tripes. Ce cœur flottant au-dessus de leurs corps unis par un simple baiser... Elle eut envie de le revoir flotter ce gros ballon rouge, lui apporter tout un tas de sensations, les mêmes qu'elle avait ressenties lorsqu'elle l'avait découvert dans l'aéroport. Elle voulait rêver à nouveau rien qu'avec un peu de couleur et de légèreté.
Un éclair s'abattit alors sur elle, elle en eut un sursaut dans les draps. Elle réalisa juste à l'instant que sa bulle ne tenait qu'à elle. Si elle le voulait, elle pouvait toujours retrouver cet espace restreint lui paraissant pourtant infini dès qu'elle se retrouvait dedans, protégée par les bras de Bill autour de son corps telle une armure. Ses sentiments étaient toujours là, bien ancrés en elle, et probablement pour toujours, elle le savait déjà. Et cette photo d'eux deux ne fit que lui confirmer que leur couple n'avait rien à voir avec les autres, surtout ceux qu'elle avait déjà créés par le passé.
Bill n'était pas comme les autres. Il avait fait un écart, certes, mais d'un coup elle semblait prête à lui pardonner parce qu'elle, elle pouvait avoir tellement de lui. Ce cœur qui flottait sur cette photo, ça en était la preuve ultime. Il n'en avait rien eut à faire des passants aux regards dédaigneux, des avis de quiconque, d'apparaître dans les pages d'un journal local avec cette image de gros sentimental. Non, il n'avait pensé qu'à elle, il n'avait voulu faire plaisir qu'à une seule personne : elle. Ce qui lui avait importé, c'était son ressenti à elle, pas celui des autres.
Et durant toute leur semaine, ils avaient vécu ensemble comme s'ils l'avaient toujours été. Et pour Noël, son cadeau était au-delà de ses espérance. Dans son carnet de notes, désormais, il y avait un bout de lui sur certaines pages. Il lui avait laissé des traces, comme des petits cailloux semés pour qu'elle retrouve le chemin jusqu'à lui. Comme s'il craignait qu'elle s'en aille de New York mais aussi de lui, qu'elle l'abandonne et qu'elle ne souhaite plus recommencer une telle aventure.
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Je veux rêver avec toi
FanfictionRêver, c'est beau. Rêver à deux, c'est magique. Mais l'assumer au grand jour, cela peut se révéler plus compliqué qu'il n'y paraît, et il faut parfois faire des sacrifices pour y parvenir. Tous les contes de fées ont leurs péripéties.