Assise sur la table du salon, les jambes remuant dans le vide, elle observa le paysage si morne sous les trombes de pluie automnales. Elle écouta plus ou moins attentivement la conversation dans la cuisine arrivant jusqu'à elle entre sa mère et sa grand-mère tandis que son père et son grand-oncle évoquèrent la politique sans hausser le ton. Pour une fois. Elle ne savait pas trop pourquoi elle avait accepté d'assister à ce repas de famille, elle savait parfaitement comment cela allait se passer, elle en avait l'habitude depuis son enfance. Cela finirait par des voix trop fortes au point de lui en coller mal au crâne et un déjeuner à lui éclater l'estomac. Mais malgré cela, elle devait reconnaître être contente de revoir sa grand-mère maternelle et son frère qu'elle ne croisait que lors de rares occasions. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas passé un moment avec eux, c'était l'occasion d'y remédier bien qu'il n'y ait aucune raison particulière à ses retrouvailles comme un anniversaire ou un Noël.
Bien que ce repas soit semblable à tous les précédents, elle passa un bon moment entre rires et débats houleux. D'un côté, les hommes s'affrontèrent toutefois avec respect tandis que de l'autre, les femmes tentèrent d'apaiser les tensions ou se contentèrent de les ignorer superbement. L'habitude. Elle, elle resta en bout de table, avec une vue sur chaque conversation, une oreille tendue sur chaque parole, et elle jongla habilement de l'une à l'autre grâce à son expérience.
Cependant, alors que les cafés furent servis et que déjà la télévision fut rallumée sur un match de rugby, elle vit un nouvel e-mail arriver sur son téléphone en provenance de la Californie. Elle en fut surprise, il n'était que cinq heures du matin là-bas, ce n'était clairement pas dans les habitudes de Bill de prendre contact avec elle aussi tôt. Cela ne fit qu'attiser sa curiosité. Elle se pressa à l'ouvrir, le cœur déjà plus fou à l'idée de lire des mots d'amour qu'il aurait écrit à la suite d'une insomnie.
Lauria, je ne sais pas quoi faire. Je t'envoie ce message mais je ne sais pas si tu le verras à temps... Et qu'est-ce que tu pourrais faire ? Mais j'ai besoin de te parler.
Tom a eu un accident de moto, il est à l'hôpital. Il est vraiment blessé mais ça aurait pu être plus grave. Mais j'ai quand même eu une peur terrible et je suis toujours effrayé. Il peut garder des séquelles, les médecins me l'ont dit. J'ai besoin de parler, de lâcher un peu tout ça avec toi. Je l'ai fait avec ma mère et mon beau-père mais j'ai aussi envie de parler avec toi. Je n'ai envie de parler qu'avec toi en fait. J'ai besoin de toi.
Est-ce que toi, ça va ? Est-ce que tu as une bonne nouvelle à me donner pour me remonter le moral ? Est-ce que tu peux juste être avec moi, même si c'est juste pour m'envoyer des smileys ?
Elle sentit son cœur se fissurer en elle. Elle eut beau ne pas connaître Tom, elle comprit la détresse de Bill de voir son frère hospitalisé après avoir frôlé la mort. Elle serait dans le même état si Fanny avait vécu la même chose. Elle se hâta à lui renvoyer un mail. Ses pouces frappèrent presque l'écran aussi vite que son cœur s'emballa dans sa poitrine. Elle essaya de trouver les bons mots afin de l'apaiser, de calmer un minimum sa détresse et sa panique malgré leur distance.
Je suis là, Bill, je suis là. Si tu fermes les yeux, tu me verras.
Dis-moi si Tom va mieux. Est-ce que tu as des nouvelles ? Qu'est-ce qu'il risque exactement ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je sais que ce ne sont que des mots mais je pense à toi, je pense si fort à toi. J'espère que tu le sens, j'espère que tu reçois mon énergie pour tenir bon. J'aimerais être avec toi pour te faire oublier tout ça. Je n'ai jamais autant ressenti le poids de la distance qu'à cet instant. Mais je suis là, je serai toujours là pour toi. Dis-moi tous tes tourments, j'essaierai de les effacer, je te le promets.
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Je veux rêver avec toi
FanfictionRêver, c'est beau. Rêver à deux, c'est magique. Mais l'assumer au grand jour, cela peut se révéler plus compliqué qu'il n'y paraît, et il faut parfois faire des sacrifices pour y parvenir. Tous les contes de fées ont leurs péripéties.