Une sonnerie retentit et brisa ce silence reposant ce qui fit se réveiller un peu trop brusquement le couple toujours autant enlacé sous leur couverture duveteuse. Avec encore du sommeil plein les yeux et le corps, ils s'écartèrent l'un de l'autre et tentèrent de se reconnecter au monde réel, loin de leurs rêves mille fois plus agréables. Lauria reconnut enfin la musique de son réveil sur son portable. Elle tendit la main vers son sac, renversa son contenu sur la couverture et parvint enfin à le trouver et à stopper cette douce mélodie de piano qui résonna pourtant aussi violemment qu'un solo de batterie à leurs oreilles. Le silence soudain leur apparut comme une délivrance et les bruits de la nature qui s'élevèrent enfin autour d'eux apaisèrent leurs tympans malmenés.
Dissimulés sous leur couverture, ils prirent le temps de s'éveiller pour de bon, côte à côte, les yeux mi-clos. Ils remarquèrent alors que l'orage de la veille n'avait fait que passer au-dessus d'eux, aucune goutte n'était venue mouiller leur campement, seul le vent les avait dérangés mais entre leur étreinte, le feu près d'eux désormais éteint et la couverture épaisse, ils n'avaient presque rien ressenti sur leurs peaux nues.
Ils se tournèrent l'un vers l'autre, l'air encore assommé par leur nuit trop courte. En guise de salutation, Bill se pencha pour atteindre l'épaule nue de Lauria du bout des lèvres et y déposer un petit baiser presque trop timide pour en ressentir l'effet. Elle sourit davantage alors qu'un fourmillement glacé descendit de son épaule à la pointe de ses pieds.
« Tu as bien dormi ? Lui demanda-t-elle.
- Parfaitement, oui. Et toi ? Pas trop froid ?
- Non. Non, pas du tout. Mais une douche chaude serait parfaite. Et je dois retourner dans ma chambre d'hôtel pour finir ma valise. Je dois aller à l'aéroport.
- Hum. Je t'y conduis. »
Elle ne fit aucun commentaire mais son visage soudain assombri déteignit sur elle. Elle sentit ses traits se détendre et s'affaisser tandis qu'ils se rhabillèrent chacun d'un côté, dos à dos, presque intimidés par leurs corps nus alors qu'ils venaient de passer la nuit l'un contre l'autre. Ils remballèrent ensuite leurs affaires, rangèrent leur campement pour la dernière fois et s'apprêtèrent à quitter l'endroit seulement Bill retint Lauria de monter dans la voiture. Face à son regard plein d'interrogations, il eut les joues plus rosées.
« J'aimerais garder un souvenir de toi. » Dit-il en sortant son portable de son sac.
Elle accepta sans la moindre hésitation. Ils retournèrent au bord de la falaise, se mirent dos au paysage caressé par la lumière d'un soleil moins chaud que la veille et se rapprochèrent. Leurs têtes presque collées l'une à l'autre, Bill tendit le bras et immortalisa leurs deux sourires semblables et reflétant leur plaisir commun à se retrouver dans cet endroit désormais spécial pour eux, cette nursery des rêves les plus profonds.
Ils purent retourner dans la voiture une fois un second cliché pris grâce au portable de Lauria et ils retournèrent à l'hôtel où elle se hâta à se préparer. La fraîcheur de l'heure matinale l'obligea à sortir ses vêtements épais pour la première fois depuis son arrivée ici. Une douche rapide, un coup de mascara sur les cils, un peu de rouge sur les lèvres et elle boucla sa valise que Bill l'aida à porter jusqu'au coffre de sa voiture. Il les conduisit jusqu'à l'aéroport dans un silence terriblement gênant pour eux. Aucun n'osa le moindre mot de peur de créer un malaise encore plus handicapant. Chacun ressassa ces quelques jours ensemble comme s'ils craignaient de les oublier dès lors qu'ils ne se verraient plus.
Lauria posa son coude sur le bord de la vitre et son menton dans le creux de sa main. Elle s'obstina à fixer la ville défiler sous ses yeux ou s'interrompre lors des embouteillages. Son regard s'éleva vers les palmiers dressés fièrement vers ce ciel pâle mais pas bleu. Elle avait déjà pris l'habitude de les voir n'importe où ici, elle avait du mal à imaginer ce retour en France où elle n'aurait plus cette fausse impression de plage rien qu'avec un peu de verdure. Cependant cette vue appréciable n'apaisa pas son mal-être croissant qui s'amplifia avec les kilomètres et retourna son estomac encore vide. Elle n'eut pas grand appétit de toute façon. L'idée de quitter cet endroit et plus précisément Bill fut douloureuse pour elle au point de sentir ses tripes se tordre dans tous les sens et créer des nœuds toujours plus gros. Elle eut envie de vomir son malaise, de pleurer sa déception, mais rien ne vint. Elle garda tout pour elle de crainte de passer pour une faible. Elle ne sut pas exactement pourquoi ce sentiment l'envahit mais elle ne voulut pas être pareille à une petite fille pour une simple séparation.
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Je veux rêver avec toi
FanfictionRêver, c'est beau. Rêver à deux, c'est magique. Mais l'assumer au grand jour, cela peut se révéler plus compliqué qu'il n'y paraît, et il faut parfois faire des sacrifices pour y parvenir. Tous les contes de fées ont leurs péripéties.