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Il avait arraché mes vêtements sans la moindre compassion et avait attaché mes mains derrière la tête, juste au-dessus des barreaux du lit à baldaquin. Mes pieds étaient également liés par des liens. J’étais entièrement nu et il faisait terriblement froid. Cela faisait sûrement plusieurs dizaines de minutes que j’étais dans cette position embarrassante.  Killik avait quant à lui, déserté la chambre en me laissant à mon triste sort.

Il prenait plaisir à m’humilier et pourtant je ne savais pas pourquoi mais Killik semblait blessé. Et le voir aussi sombre me rendait terriblement triste.

J’entendis des bruits de pas se rapprocher de moi. Avais-je vraiment besoin de réfléchir pour savoir qu'il s’agissait des siens ?

Killik était de retour après une longue absence. Cet homme qui prenait un malin plaisir à me faire souffrir avait encore plus mal que moi, et étrangement, j’étais incapable de lui en vouloir. Il était lunatique et tellement égoïste mais il captait mon attention. À ses côtés, mon cœur battait plus que de raison

— Tu es reste bien sage, Kairi ?

Je ne répondis pas, ne trouvant rien à rétorquer. Et c’était exactement à ce moment précis qu'il pris mon visage en coupe pour plonger ses yeux rubis dans les miens, d’une couleur classique.

— Kairi, pourquoi fallait-il que cela soit toi, hein ?

En réalité, ces mots n’étaient pas vraiment pour moi. Mais pour Aïra. Tous les deux semblaient avoir une relation très forte, et puis il y avait moi. Au milieu de ce duo énigmatique. Quelle était la nature de leur lien ? Pourquoi étais-je aussi chamboulé, retourné à l’intérieur rien que d'y penser ?

— Tu penses beaucoup trop.

Et c’était normal. Killik se tenait au dessus de moi, et malgré son comportement, il était doux. J’avais beau être à sa merci, il ne faisait rien. Il se contenta de plaquer son front contre le mien et de respirer. Les yeux clos, me laissant avec les battements de mon cœur.

— Killik, qui êtes vous ? Décidais-je de briser le silence.
— C'est à toi d'en décider, Kairi. Qui puis-je bien être, pour toi ?

Tout comme avec Aïra, il existait quelque chose entre Killik et moi. Mais j’avais beau chercher dans ma tête, je n'arrivais pas à mettre des mots dessus et à trouver le véritable sens à tout ceci. Mais il m’était étrangement précieux. Il agissait ainsi pour ne pas se retrouver seul, et quelque chose me disait bien qu'il était solitaire depuis un très long moment.

— Si vous ne m’aidez pas, je serais incapable de vous comprendre !
Je tirais sur les liens pour tenter de me débattre mais à part me faire mal, ils ne cédèrent pas. 
— Si vous ne me dites pas clairement les choses, je ne pourrais pas le deviner moi-même.

Un frisson me parcouru quand il commença à me caresser le torse. Sa peau me brula et la douceur et me faisait perdre la tête. Malgré ce qu’il me faisait une sensation agréable parcourait mon être. J’avais l’impression de connaitre son toucher. Comme s’il avait déjà posé ses mains sur moi, auparavant.

— Ah !

Ses lèvres se resserrèrent autour de l’un de mes tétons, n’hésitant pas à jouer de sa langue sur cette partie de mon corps pour me faire frissonner et gémir. Je fermais les yeux. Autant je n'avais pas envie de ce genre de caresses autant mon corps lui, se sentait on ne peut plus bien, j’étais persuadé de connaitre Killik plus qu’il me le faisait croire.

C’était ma conviction contre les désirs d'un corps. J’étais vierge alors c’était une découverte. Cependant ses gestes n’avaient rien de méchant, parce qu’il était tout simplement gentil et doux avec moi. Je ne m’étais pas rendu compte de mes gémissements. Ses gestes, ses mouvements, et ses baisers sur mon torse étaient d'une douceur troublante.

— S'il vous…plaît, parlez moi, insistais-je dans un élan de lucidité.
— Kairi, chut.
— Kill… ah !

Il descendit son visage jusqu’à mettre mon sexe dans sa bouche. Il avait avalé mon membre sans la moindre difficulté, en parcourant ma longueur en un coup de langue si chaud. Killik savait parfaitement comment me faire perdre toute raison et gémir. Mon être entier frémissait de plaisir face à cet homme. J’avais l’impression qu’il pouvait me briser à tout instant. Mais des larmes coulaient le long de mon visage parce que j’étais tout de même paniqué, surpris par ces sensations nouvelles. Mon corps aimait ce que j’étais en train de subir. Je ne savais pas si j’étais consentant mais je ne cherchais pas à le repousser. Une voix dans ma tête me supplia de le laisser faire. Là, j’aurais aimé ne pas être attaché pour le fuir.
Comment pouvais-je ressentir de telles choses alors que je le détestais ?

Est-ce que je me détestais vraiment d'ailleurs ?

— Je…je vais jouir, Killik...

Je n’avais pas su me retenir, c’était trop bon. Je venais dans sa bouche et le roi avait avalé ma semence comme si je n’étais plus qu’un délicieux liquide divin.

— Pour…quoi ?! Vous allez mourir…

Il se mit à rire innocemment et doucement contre mon ventre.

— Je n’ai jamais entendu parler d'une mort à cause d'une pipe, mon petit puceau.

Il me détacha après m'avoir avalé dans un grondement gourmand. Je finis par me redresser tandis que qu'il suivit mon mouvement.

— C’est d-dégueulasse ! Moi…dans votre bouche, c-comment avez-vous pu ?

J’étais troublé par moi-même. Mes réactions n’étaient pas excusables. J’avais apprécié ses lèvres que je tentais de ne pas regarder.

— Tu n'as pas aimé ? J'ai pourtant tout fait pour être doux. Les humains ont sûrement leur manière de faire. À moins que ta virginité ne soit un réel frein au plaisir ?
— Arrêtez d’être comme avec moi, ne soyez pas aussi attentionné ! Vous me chamboulait !

Il se releva du lit en me tournant le dos. Ses cheveux dorés longeaient sa nuque d’une fine élégance brute. Je n'avais jamais pris le temps de l’observer  de derrière. Ses larges épaules formaient sa carrure imposante et rassurante. Je pouvais deviner un dos entretenu par toute une vie de travail.

— Tu es trop délicat pour comprendre qui je suis vraiment, Kairi. Mais n’oublie jamais que je ne suis pas ton ennemi.

Ses mots me troublaient. Et quand je tendais une main vers lui, il avança jusqu’à la sortie avant de quitter la pièce, me laissant seul derrière.

Restant dans la même position un instant, je levais les yeux sur le miroir d’au dessus avant de réaliser que j’étais bien nu. Je rougis en prenant le draps autour de moi pour cacher mon corps et pris la peine de me lever pour courir jusqu’à la salle de bain.
J'allais enfin pouvoir profiter d'un moment avec moi-même et faire le point avec mes sentiments perturbés.

Cette salle de bain était digne des plus grands ! Des matériaux de luxe étaient utilisés pour la construction des murs et de l'immense baignoire.  Sur l'un des mur, des miroirs de la même taille reflétait mon être, ne formant qu'un seul et même mur. La pièce se trouvait à même la chambre et pourtant l’espace qui lui était destiné était largement suffisant. C’est certain, ici c’était impossible de fuir son propre reflet. D’une nature pudique je n’étais pas prêt de pouvoir me cacher alors.

Une fois installé dans l'eau chaude, cette chaleur me fit un grand bien. C’était apaisant et l'odeur dégagée était forte et délicieuse. Je me sentais enfin apaisé. Trop apaisé mais bien pour être quitter cet endroit chaud. Je m’autorisais à fermer les yeux pour me détendre dans les eaux profondes du bain, m’emportant dans un état d’inconscience agréable.

Kairi !

J’entendis une voix lointaine m’appeler. Typiquement masculine, elle n’était pas très nette et l’espace d’un instant je me disais que mon esprit me jouait des tours.

— Ouvre les yeux, Kairi !

D'un coup, mes yeux s’étaient écarquillés. Le roi était au bord de la baignoire me tenant par les épaules à l’aide de ses grandes mains. Son expression s’était faite inquiète et troublée. Il passa sa main sur mon front en remontant sur ma tête pour écarter les mèches de mon visage.

— Tu étais en train de perdre connaissance !

Il laissa sa main sur mon front. Killik semblait être dans ses pensées.

— Tu es brûlant, je te sors d’ici.

Je laissai Killik me soulever contre lui pour me sortir de ce bain de chaleur. Ma peau était devenue aussi rouge que brulante. Je transpirais dans ses bras, le corps entièrement nu.
Je pensais que Killik n’était qu'un monstre mais il se montrait tellement humain. Cette gentillesse me troublait, je ne savais pas quoi penser de lui.

Ami ou ennemi ? Ou bien aucun des deux…

Il m’avait pourtant certifié ne pas être mon ennemi, mais pouvais-je y croire ? Je ne le savais pas, mais rien ne laissait paraître le contraire.
S'il avait vraiment eu l’envie de me tuer, avec sa force il n'aurait pas eu de mal, mais il s'inquiétait pour moi. Killik était un démon, il n’était pas humain et pourtant j’avais l’impression qu’il l’était.

Et bien qu’il existait une zone d'ombre sur cet homme, je tenais à lui. Killik semblait me connaitre mais j’ignorais toutes les raisons qui nous liaient l'un à l'autre.

Il me posa sur le lit avant de pencher son visage au dessus du mien et de rapprocher ses lèvres des miennes. Ma main se glissa entre nous lorsqu’il essaya de plaquer sa bouche contre la mienne, l’empêchant de m’embrasser.

— Kairi, la dernière fois tu as accepté mon baiser.
— Ce que nous faisons est mal, Killik. Nous ne devons pas faire ça. Vous, me connaissez, n’est-ce pas ? Lui demandai-je.
— Si je le pouvais Kairi, je te le dirais toutes les choses qui tracassent ton esprit mais malheureusement, toi seul peux trouver les réponses à tes questions. C'est à toi de donner un sens à notre relation. Ce que tu veux vraiment de moi, ou non.
— Si un jour je vous confiais mon cœur, qu'en feriez-vous ?

Il me sourit puis me fixa. Par moment, ses doigts effleuraient ma lèvre inférieure. Je pouvais sentir son souffle près de ma bouche, légèrement ouverte.

— Je risquerais de commettre de nouveau, l'impardonnable.

Il s'allongea ensuite à côté de moi sans rien ajouter au sujet, la tête sur son bras, me tournant le dos.

— J'oubliais, demain tu resteras avec Mikleo. Changea-t-il de discours.
Mikleo était le capitaine de la garde royale du royaume d'Iris et un précieux ami de Killik.

— Mais et vous ?
— J’ai des choses de prévue et ta présence n'est pas nécessaire mais t'inquiète pas. Mikleo te traitera bien. Il est un peu comme un frère pour moi.

Sur ces mots, le roi s’endormit puis se fit à mon tour de le suivre dans son sommeil.

Demain, il ne serait pas à mes côtés, alors peut être que j’allais enfin pouvoir en apprendre plus sur lui en demandant au capitaine ce qu'il savait.

Seule l’idée d’être loin de lui me faisait ressentir une gêne dans le cœur. Sa présence apaisait une partie de moi.

Celle qui l’avait oublié.


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KAIRI (Vol.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant